Construction bois : vers plus de préfabrication et de certification

Construction bois : vers plus de préfabrication et de certification

Multiplication des solutions techniques, entreprises en voie de structuration et qui investissent, constructions qui prennent de la hauteur : la filière entre dans une phase de maturité technique.




Photo©Mathis

 

Meme si tout n'est pas simple du côté des approvisionnements et des ressources, et que la filière attend des réponses concrètes de la part du gouvernement, la construction bois repart à la hausse soutenue par de bonnes perspectives.

 

Entrée en vigueur de la RE2020 en janvier prochain, Jeux Olympiques 2024, et, plus globalement, volonté des Pouvoirs Publics d’atteindre les objectifs de neutralité carbone viennent doper un marché de la construction bois en croissance, après avoir bien résisté à la crise sanitaire en 2020.

 

Le tissu de PME et PMI qui font vivre ce marché révèle des entreprises structurées, qui investissent dans l’industrialisation et la préfabrication de produits à forte valeur ajoutée, pour concurrencer sérieusement la filière humide.

 

 

Focus sur les tendances du marché de la construction bois


La construction bois s’est maintenue en 2020, année difficile pour le bâtiment, continuant de s’étendre à tous les segments de la construction, notamment dans les bâtiments multi-étages.

 

En 2020, elle représentait 6,5% des logements et se taillait une belle part dans les extensions (30,5%), sans oublier le non résidentiel (16,8%) [Source : Enquête nationale de la construction bois 2020]

 

Une filière bois structurée

 

Les 1 978 entreprises de la construction bois recensées* emploient 28 190 salariés : 44 % ont plus de 10 salariés et 19 %, plus de 20. Leur chiffre d’affaires moyen est largement supérieur à celui du secteur du bâtiment et elles affichent une meilleure productivité, avec une main d’oeuvre globalement plus qualifiée.

 

La construction neuve, représentait 75 % de leur chiffre d’affaires en 2020 (l’habitat en tête, avec 22 500 logements construits tout bois, en bois-béton ou en bois-métal). 81 % de ces entreprises existent depuis plus de 10 ans et il n’y a pas de nouveaux entrants sur ce marché qui exige un fort investissement de départ.

 

 

Une belle activité en perspective


La structuration et l’industrialisation de leur filière ont permis aux constructeurs bois de répondre au regain de croissance dans le bâtiment en 2021. Ils ont investi (ou le prévoient dans les mois à venir) dans des outils de conception et/ou de production, et notamment dans la préfabrication d’éléments de grandes dimensions.

 

De plus en plus d’entreprises proposent une offre globale, de la conception à la construction (70 % intègrent un bureau d’études ou utilisent un logiciel de conception). Elles développent de nouvelles compétences pour construire en associant diverses techniques du bois et en mixant les matériaux (bois-béton en filière sèche, bois-métal, …).

 

Les planètes sont alignées pour que la construction bois (mixte ou tout bois) bas carbone s’impose dans les prochaines années comme une solution privilégiée pour bâtir plus responsable et plus durable.

 

* 47 % des entreprises travaillent en charpente, 25 % en menuiserie, 9 % comme constructeurs de maisons individuelles et 7 % sont des fabricants de charpente et menuiserie.

 

A noter : Pour en savoir plus sur l’activité de la filière en 2020, consulter l’enquête de l’Observatoire National de la Construction Bois (CODIFAB et France Bois Forêt). Plus de 1000 entreprises y ont répondu. observatoire.franceboisforet.com

 

A noter : En 2020, la région Grand Est reste championne de la construction bois (19 % du CA), suivie par l’Auvergne-Rhône Alpes, les Pays-de-la-Loire et la Bretagne. L’Ile-de-France, en tête pour la construction de logements collectifs en bois, se distingue par ses programmes d’envergure et totalise 13 % de l’activité nationale, réalisés à 76 % par des entreprises extérieures à la région.

            

 

 Innovations et tendances : place à la maturité

 


La filière d’approvisionnement en bois français de proximité doit continuer à se structurer afin de valoriser la ressource locale

 

Ossature bois, panneaux massifs contrecollés ou contrecloués, système poteau-poutre associé au CLT ou à la FOB, les techniques qui font le gros de la construction bois d’aujourd’hui poursuivent leur maturation, gagnant en rapidité et en précision d’exécution.

 

Les solutions se multiplient. C’est ce que constatent les spécialistes de FCBA, très sollicités par des industriels et constructeurs qui cherchent à se différencier et ont besoin d'ingénierie d’accompagnement à la conception et à l'évaluation (et par ailleurs, de certifier leurs produits – voir plus bas). Les solutions techniques à base de poutres en I se développent, associées à des planchers, parois verticales et caissons de toiture préfabriqués.
 

CLT, Façade ossature bois


Le CLT continue de se déployer, avec la mise en place d’unités de production de panneaux industrialisés et des modes constructifs qui ouvrent de nouveaux horizons. Ainsi, les planchers nervurés permettent de franchir des portées importantes sans structure poteau-poutre, multipliant les possibilités de distribution des espaces et permettant de changer la destination et l'usage du bâtiment.

 

Portée par le nouveau DTU 31.4**, la façade ossature bois (FOB) connaît une croissance significative. Constatée ces dernières années, cette tendance s’accentue avec la construction de grands ouvrages (notamment pour les JO 2024), soutenue aussi par le développement de systèmes compatibles avec le support bois type FOB chez les fabricants de revêtements extérieurs (par exemple : bardages terre cuite, ETICS….).

 

Parmi les innovations produits


Certaines solutions en sont au stade R&D, comme les caissons bois-béton préfabriqués ; d’autres prennent de l’ampleur : les systèmes nervurés ; les panneaux composites comme le panneau CLTI pour murs porteurs et/ou à fonction de contreventement (le Panobloc de Techniwood mêle lames de bois et de matériau isolant dans ses planches de 7 à 11 plis).

 

Ou encore des systèmes d’assemblage par goujons métalliques collés au moyen d’une résine époxy bi composant ; et du bois lamellé collé à base de feuillus.

 

La préfabrication à forte valeur ajoutée


Pour Serge Le Nevé, responsable ingénierie à FCBA, « Un des axes d’innovation pour massifier le développement de la construction bois, porte sur les aspects méthodologiques et organisationnels, avec une tendance à l’industrialisation et à la préfabrication qui s’accentue. »

 

Il estime que la compétitivité de la construction bois se joue sur le niveau de transfert d'heures de chantier vers la fabrication. « La préfabrication à forte valeur ajoutée permet une "puissance de feu" impressionnante. C’est le cas, par exemple, dans l’ossature bois traditionnelle (en COB porteuses ou FOB non porteuses) où les aléas de chantiers sont extrêmement réduits rendant les constructions plus fluides et rapides. »

 

Optimiser et économiser la matière première


Selon lui, le développement industriel de demain portera sur l’essor de la préfabrication et, en amont de la construction, sur la production de matière première, avec une appropriation progressive de nos ressources forestières nationales. Il signale par ailleurs qu’augmenter l’utilisation du bois dans le gros œuvre passe aussi par une évolution des pratiques en cherchant à rationnaliser la prescription des produits, systèmes et matériaux bois ou à base de bois en fonction des usages visés, l'optimisation et l'économie de matière première devant être un des paramètres clé du développement durable.

 

Plus de bois français dans le bâti


Aux côtés des épicéas, sapins, douglas et autres résineux, les feuillus participent de plus en plus à satisfaire la demande croissante en bois locaux, issus de forêts gérées durablement et certifiées PEFC. L’opportunité de valoriser les ressources locales est bien là et va permettre à la filière d’approvisionnement en bois français de proximité de continuer à se structurer.

 

La part de bois français acheté par les entreprises était de 63 % en 2020 (le principal fournisseur étranger étant l’Allemagne, loin devant l’Autriche et la Belgique).


La création du label Bois de France en 2020 (bois produit et transformé avec une origine garantie) est significative des efforts entrepris pour favoriser les circuits courts, valoriser la matière première et soutenir l’ensemble des acteurs.

 

Premier constructeur à s’engager pour soutenir le développement de la filière bois en France, Bouygues BFE utilisera 30% de bois français dès 2021 et 50% en 2025 (accord avec Piveteaubois sur la fourniture de panneaux de CLT labellisés).

 

** Homologué en avril 2020, le NF DTU 31.4 est le référentiel pour la conception et la mise en œuvre des façades à ossature en bois.

 

 

             

  

Du côté des réglementations

 

La construction bas-carbone fait partie des leviers de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). La RT 2012 avait donné une impulsion au marché de la construction bois ; la RE 2020 devrait le porter sur le devant de la scène et propulser la construction bois dans une autre dimension. Reste que le comportement au feu des bâtiments contenant du bois anime bien des débats.

 

En matière de sécurité incendie, un cadre normatif et règlementaire se met en place progressivement pour accompagner notamment le développement de bâtiments bois multi étagés. Une action pilotée par les Pouvoirs publics a débuté et devrait faire émerger de nouvelles solutions optimisées d'ici quelque mois. 

 

             

 

Des certifications qui rassurent

 

CTB, NF, ACerbois, PEFC, … FCBA gère une quarantaine de marques en lien avec le bois, pour la plupart liées à des certifications volontaires collectives. L’organisme a lancé il y a 4 ans, CTB Composants et Systèmes Bois, une marque qui devient la référence dans le domaine des murs porteurs et façades, panneaux, produits collés structurels, accessoires d’assemblage et connexion, produits composites (type caissons, produits nervurés, …) et charpentes industrielles.

 

42 applications certifiées


Avec 42 applications actuellement certifiées (pour 32 titulaires et environ 60 produits), cette certification n’en est qu’à ses débuts mais cet outil est précieux car il garantit que la solution, contrôlée par un tiers indépendant, est fiable. Il y a quelques mois, une certification collective de service, CTB Constructeur Bois, a par ailleurs été créée pour certifier l’acte de construire.

 

Produits et entreprises certifiés : gageons que ce duo apportera la sérénité nécessaire aux donneurs d’ordre qui veulent se lancer dans la construction bois. « Les certifications sont un levier important pour installer les solutions bois dans la construction car elles vont participer à la fiabilisation de la construction bois », insiste Manuel Burlat.

 



Source : batirama.com/ Emmanuelle Jeanson

L'auteur de cet article

photo auteur Emmanuelle JEANSON
Collaboratrice de longue date de Batirama, elle est journaliste indépendante dans la presse pro du bâtiment et de l’énergie depuis ses débuts dans le métier (qui remontent à la dernière décennie du siècle dernier !). Ses sujets de prédilection : tout ce qui contribue à une construction plus soutenable ; les techniques anciennes remises au goût du jour ; les énergies renouvelables ; aller à la rencontre des artisans et de leur quotidien, mais aussi comprendre les enjeux de l’activité industrielle.
Laissez votre commentaire

Saisissez votre Pseudo (votre commentaire sera publié sous ce nom)

Saisissez votre email (une alerte sera envoyée à cette adresse pour vous avertir de la publication de votre commentaire)

Votre commentaire sera publié dans les plus brefs délais après validation par nos modérateurs.

Salon Artibat : les autres articles du dossier...

Sélection Produits




Articles qui devraient vous intéresser

Pour aller plus loin ...

Newsletter
Produits


Votre avis compte
Faut-il craindre la concurrence chinoise, notamment en matière de photovoltaïque ? (6 votants)
 
Articles
Agenda
Nouveautés Produits