Reprendre une entreprise, même familiale, nécessite un fort engagement et beaucoup de travail. Jérôme Gutton, repreneur de l’entreprise familiale éponyme, en sait quelque chose.
Ses parents gèrent depuis 1988 la structure artisanale, Gutton Electricité, localisée à Brignais (69). Atteint par l’âge de la retraite, Michel Gutton évoque son projet de cession de l’entreprise. Quant à son épouse, et conjointe-collaboratrice, un peu plus jeune, elle désire travailler encore quelques années…
Jérôme Gutton de son côté, travaille dans le secteur de la boulangerie depuis 12 ans. Cette opportunité de cession, annoncée par son père, le motive à tenter l’aventure de la reprise. La boulangerie lui impose en effet « des horaires de fous », six jours sur sept, et il estime qu’il est temps de tourner la page.
« J’avais toujours un peu travaillé aux côtés de mon père, quand j’étais plus jeune, notamment pendant les vacances et j’aimais ce qu’il faisait. Mais je n’étais pas suffisamment armé, techniquement parlant, pour me lancer dans une telle reprise » confie-t-il
Jérôme, alors âgé de 29 ans, décide de relever le challenge. L’opération de reprise durera au total 2,5 ans (avec un retard de plusieurs mois dû au Covid). Au préalable, il a dû se former et obtenir un CAP en électricité en deux ans.
Et pour son projet de reprise, il suit une formation à l’Afabat (Association pour la formation dans l’artisanat du bâtiment), dans le cadre du REAB (Responsable d’entreprise artisanale du bâtiment). Elle se déroule pendant 56 jours sur un 1 an et demi, à raison de 2 jours toutes les deux semaines (et en visio pour Jérôme, Covid oblige sur la période concernée).
La formation est très concrète puisqu’elle porte sur l’entreprise et aborde tous les aspects de la gestion de la structure artisanale : organisation, achat de matériel, gestion des chantiers et du personnel, communication… etc.
« On apprend à regarder un bilan, les factures, calculer les prix de revient, négocier avec les fournisseurs, établir des devis, sans oublier les aspects juridiques » explique Jérôme Gutton. Ce dernier décrit un groupe de personnes soudées au sein de la formation, et des liens amicaux se tissent avec les formateurs très impliqués.
Une formation qui lui permet donc de se constituer un réseau et lui apporte finalement beaucoup d’assurance. « J’ai beaucoup travaillé, et à la sortie du REAB, les choses étaient prêtes, notamment grâce au mémoire que j’ai rendu. ».
C’est par la suite, qu’il rencontre les services de l’ICRE BTP du Rhône Capeb (Institut du créateur repreneur d’entreprise) qui lui permettent de concrétiser les étapes de la reprise, pas à pas. Ce soutien de l’ICRE va durer 6 mois.
Un dossier est monté avec l’appui du service et il rencontre les professionnels et partenaires indispensables à l’opération de vente : juriste, avocat, assureurs, banques. « Odile Van Kotte la responsable du service m’a poussé à rencontrer ces professionnels et m’a apporté de la sérénité, malgré le gros travail à accomplir puisque je devais remplir un dossier complet.
Jérôme est donc prêt à gérer seul l’entreprise, avec un petit accompagnement de ses parents. L’opération de rachat financée par un prêt bancaire, a pu être menée à bien, avec les conseils des professionnels rencontrés.
« Attention, il ne s’agit pas de minimiser le prix du rachat, car ce genre d’opération dite familiale est toujours scrutée par les inspecteurs du fisc qui craignent les donations déguisées » insiste-t-il.
Michel Gutton, confiant, a annoncé qu’il quittait définitivement l’entreprise en décembre 2021, tandis que son épouse (et mère de Jérôme), continuera d’assurer la comptabilité jusqu’à l’âge de la retraite, un facteur rassurant pour le jeune repreneur.
« Mon père m’a soutenu sur la partie commerciale, notamment en faisant quelques devis sur les chantiers complexes. Ça m’a retiré une épine du pied, car mon apprenti et mon employé ne sont pas encore tout à fait formés ni autonomes ».
Jérome qui apprend également à devenir autonome, en tant que patron, sait que le travail sera intense. « On tourne à 5/6 devis par semaine et on gère beaucoup de chantiers » reconnaît le repreneur qui s’inquiète des pénuries de matériel, notamment de disjoncteurs.
Mais le nouveau gérant demeure confiant car l’entreprise est très saine et la présence de ses parents l’a beaucoup aidé et motivé. « C’est une belle aventure surtout quand on est bien entouré comme que je l’ai été. Certes, on bosse énormément, et parfois le samedi aussi. Mais j’arrive quand même à souffler le week-end, ce qui n’était pas le cas dans ma précédente vie professionnelle, conclut le jeune patron.
Source : batirama.com/ Fabienne Leroy