Le président du Syndicat des fabricants de ouate de cellulose en France Ecima, Emmanuel Bavouset, a interpellé le ministère de la Transition écologique dans un courrier daté du 8 février, afin de porter à son attention les conséquences de la baisse des primes CEE pour les professionnels de l'isolation et les ménages français.
En effet, une baisse brutale des ventes d'isolants a été constatée : les ventes de capots de protection de spots encastrés, qui relfètent la tendance générale du marché sur tous les types d'isolants en combles, sont en chute de 80 % depuis le mois d'octobre 2021 par rapport à l'année précédente, tandis que le volume de ouate de cellulose s'effondre de 50% sur la même période. Cette chute est "directement liée à la baisse des primes CEE initiée mi-2021 pour faire fuir les éco-délinquants", estime le syndicat.
Pour rappel, les primes CEE appliquées l'application de ouate de cellulose étaient entre 13 et 17€ du mètre carré entre 2014 et 2018. Elles sont ensuite passées à 27 €/m2 entre 2018 et 2021, une prime plus attractive qui a attiré de nombreux "éco-délinquants", c'est à dire des professionnels ne pratiquant pas le travail dans les règles de l'art. Charles Kirié, secrétaire de l'Ecima, interviewé par téléphone, nous a indiqué : "le problème c'est que de nombreux professionnels sérieux ont investi dans du matériel, dans du personnel. Il faut 6 mois de formation initiale avant d'être un souffleur autonome, mais bien deux ans avant d'être aguerri. Il faut aussi savoir que c'est un travail pénible, sous comble. Avec cette chute brutale des primes, les applicateurs ne peuvent plus assumer. Ils vont licencier, et ceux qui sont partis ne reviendront pas." Selon M. Kirié, les "éco-délinquants" avaient été largement identifiés et étaient partis suite à de nombreux contrôles, et c'est donc les professionnels sérieux qui souffrent principalement de la chute des primes.
Pour l’Ecima, les mesures adoptées par le gouvernement pour mettre fin aux primes CEE sont trop brutales et mettent en difficulté la filière, tout comme les ménages français qui peinent à isoler leur logement, à l’heure où les prix de l’énergie sont au plus haut et pénalisent le pouvoir d’achat des consommateurs.
"Le risque à court terme est de voir une partie des acteurs de la filière disparaître et, avec eux, le savoir-faire acquis ces dernières années. Le résultat sera indéniablement une chute de la qualité des travaux et donc de la performance des bâtiments rénovés, ce qui est exactement l’inverse de notre objectif commun", avertit Emmanuel Bavouset.
Dans l’objectif de soutenir la filière de l’isolation et de préserver le pouvoir d’achat des consommateurs, l’Ecima sollicite un entretien au ministère de la Transition écologique et demande la stabilité des dispositifs CEE, avec notamment la mise en place d’un calendrier progressif pour la diminution des aides à l’isolation, ainsi que le maintien de CEE attractifs pour les ménages les plus précaires.
Le président de l’Ecima réclame par ailleurs que les organisations professionnelles des industriels et des installateurs, qui analysent la réalité des chantiers et veillent à la qualité des travaux d’isolation, soient associés aux discussions concernant les primes CEE.