"La dépendance de l'Europe aux importations de gaz russe est devenue un enjeu de souveraineté et de résilience. Filière d'énergie française, les gaz renouvelables constituent une solution évidente pour réduire notre dépendance énergétique", soulignent le Syndicat des énergies renouvelables (SER), GDRF, Grtgaz, Terega et le Spegnn (les entreprises locales du gaz) dans leur bilan annuel publié jeudi 17 mars 2022.
L'an dernier, 150 sites de méthanisation ont été mis en service dans le pays, un bond inédit pour un secteur lancé en France en 2011. A la fin 2021, la capacité des 365 sites injectant du biométhane, souvent portés par des agriculteurs, dépassait 6 TWh injecté dans les réseaux de gaz. Pour autant, cela ne couvre encore que 1% du gaz consommé par les Français (au moins 2% prévu en 2022).
Dans le même temps, le secteur s'alarme d'un rythme de développement ralenti, depuis que la feuille de route énergétique de la France, sous contrainte budgétaire, a abaissé les objectifs biogaz pour 2023 : 70 projets ont ainsi fait l'objet d'une étude détaillée de raccordement en 2021, loin des 350 réalisées en 2019. Or, selon la filière, plus de 1000 projets en cours de développement pourraient rapidement se concrétiser, mais "le cadre économique et réglementaire freine la dynamique de cette filière indispensable à l'indépendance énergétique et à l'atteinte des objectifs de neutralité carbone".
"Si l'État fait accélérer l'instruction des dossiers en file d'attente par ses services et garantit un dispositif de soutien stable", les gaz renouvelables pourront "représenter 20% de notre consommation de gaz en 2030", soit ce que la France importe aujourd'hui de Russie, environ 70 TWh, dit le président du SER, Jean-Louis Bal.
Jusqu'ici, la France vise 10% de biogaz en 2030 (soit 39 à 42 TWh). Le secteur attend notamment un décret d'application de la loi climat de 2021, qui doit imposer aux fournisseurs de gaz l'incorporation d'un taux minimum de gaz vert dans leur portefeuille: la fixation en 2022 d'un premier niveau d'obligation permettrait d'accroître nettement les niveaux de production dès 2025, estiment les professionnels.