"Tous les interlocuteurs avec lesquels je discute, ont bien en tête qu'il faut garder un EDF unique, (...) dans l'intérêt de la performance du système énergétique et électrique française", a déclaré Jean-Bernard Lévy, sur BFM-Business, s'exprimant pour la première fois depuis l'annonce par le gouvernement du lancement du processus de sa succession. "Il faut dire à tous les Français que notre pays a la chance d'avoir un formidable énergéticien qui s'appelle EDF", a déclaré M. Lévy, s'enthousiasmant du fait que le groupe "sait tout faire", citant le nucléaire, l'hydraulique, les énergies renouvelables.
"Qui peut penser un seul instant qu'on aura un EDF sans renouvelables, quelle utopie !", s'est exclamé le dirigeant, qui ne sera toutefois pas aux manettes de la réorganisation d'EDF. En effet le gouvernement a jugé préférable d'anticiper le départ de M. Lévy, dont le mandat doit prendre fin au plus tard le 18 mars 2023, en raison de la limite d'âge prévue par les statuts du groupe.
Dans le précédent quinquennat, pendant quelque 18 mois, les syndicats de l'opérateur historique ont bataillé contre un projet de réorganisation, baptisé Hercule, censé apporter des moyens en mettant en Bourse les activités d'EDF liées aux renouvelables et en améliorant la rémunération du nucléaire, mais que les syndicats voyaient comme un démantèlement. Le projet a été finalement abandonné en raison de désaccords avec la Commission européenne sur le maintien de l'unité du groupe, et aussi du fait de l'approche des élections françaises.
M. Lévy a réfuté lundi la vision des syndicats : Hercule, "c'était un groupe dans lequel on donnait à notre filiale renouvelables dont nous gardions le contrôle absolu, avec au moins 70% du capital, les moyens par la bourse de trouver des capitaux additionnels pour accélérer", a-t-il déclaré.
M. Lévy a confirmé avoir été sur la même longueur d'ondes que l'Etat, s'agissant de sa succession anticipée : "Je suis moi-même allé voir l'Etat en leur disant 'il va y avoir une très grande réforme d'EDF qui va durer à peu près la durée du quinquennet et moi il se trouve que j'ai 68 ans en mars de l'année prochaine"", a-t-il indiqué. "Avec l'Etat nous avons construit une solution, qui est, dès la période actuelle, de lancer le processus conduisant à mon remplacement", a ajouté M. Lévy, estimant "normal qu'il y ait un pilote qui assure cette réforme dans la durée et ça ne peut pas être moi compte tenu de mon âge".