Après des études à l’ESSEC et quelques années à travailler en tant que menuisier, ce passionné de voile est parti pour un long voyage en mer… pendant 5 ans. Au fil des eaux, Marc Dib est frappé par l’ampleur de la pollution plastique : "Lorsqu’à mille lieues de toute terre, vous voyez une petite fourchette en plastique en train de flotter à côté de vous, c’est que le problème est grave," évoque-t-il.
Pendant quelques mois, il s’installe sur l’île de la Dominique où il crée un centre de recyclage du plastique. Le centre – toujours actif à l’heure actuelle, géré par une association locale - fabrique des portes clés et des dessous de verres. Mais Marc Dib réalise que ces objets, peu durables, finiront un jour eux aussi à la poubelle… S’ils ne finissent pas dans la nature.
"J’ai commencé à réfléchir à d’autres solutions, plus impactantes, pour sortir totalement le plastique du circuit. Parmi les produits qui durent … J’ai pensé au secteur du bâtiment." Le futur entrepreneur commence à réfléchir à la fabrication d’un matériau à base de plastique recyclé mais qui pourrait remplacer le béton.
Rentré en France en 2020, le trentenaire se lance pleinement dans le projet en 2021 et crée la start-up Neolitik. Le nom a été choisi en référence à l'ère Néolithique, dernière ère de la préhistoire marquée par des innovations et l'utilisation de nombreux outils en pierre polie. "Néolithique signifie littéralement 'l'âge de la pierre nouvelle'", précise Marc Dib. "L'ambition de Neolitik, c'est d'être un acteur majeur de l'innovation dans la manière d'utiliser les matériaux qui nous entournent, notamment les matériaux recyclés."
Neolitik est passée par plusieurs circuits d’accompagnement entre 2021 et aujourd’hui : le programme Emergence, les incubateurs Descartes Développement & Innovation et La Turbine à Cergy où Neolitik a ses bureaux à l’heure actuelle, mais aussi l’incubateur Inco, spécialisé dans les innovations de type industrielles. La start-up est lauréate de la bourse French Tech et obtient 30.000€ fin 2021. En juillet 2022, la start-up lève des fonds importants de la part de Descartes Développement & Innovation, du Réseau Entreprendre et de France Active (280.000€ en tout).
Pour son lancement, l’entreprise décide de concentrer ses efforts sur des dalles de revêtement pour sols extérieurs. Ces dalles seront donc les premiers produits de cette nouvelle matière, baptisée EcoLithe. Dans 100m² de dalles, 1,2 tonnes de plastique sont utilisées.
Le premier moule est créé et la formule, un mélange de matières plastiques et minérales, est testée. Le résultat est au rendez-vous : EcoLithe est deux fois plus résistante et deux fois plus légère que le béton, tout en lui ressemblant visuellement. "Avec ce procédé, on obtient donc le meilleur des deux mondes, celui des polymères et celui des matériaux minéraux", résume M. Dib.
L’outil de production est en cours de fabrication et devrait être livré en janvier 2023. L’entreprise est actuellement à la recherche du lieu définitif où installer sa production. "Ce sera certainement en Île-de-France, mais nous étudions toutes les possibilités à l’heure actuelle", indique le jeune entrepreneur.
Dans un premier temps, les dalles EcoLithe seront utilisées sur des chantiers d’expérimentation. "Après avoir été testées et avoir obtenu des certifications, on devrait être prêt pour une commercialisation à grande échelle vers septembre 2023" espère-t-il.
Les dalles EcoLithe se vendront aux prix du marché et auront l’avantage surtout de réduire la facture carbone des bâtiments, un argument de taille à l’heure actuelle. "EcoLithe génère 88% d’empreinte carbone en moins que le béton traditionnel. De plus, il est 100% recyclable. Nous proposons de racheter à nos clients les dalles usées ou qu’ils souhaitent changer au prix de la matière première qui les compose. Ainsi nous serons sûrs de les récupérer pour qu’elles soient recyclées correctement."
Si le lancement du produit se passe comme prévu, rien n’empêchera que Neolitik développe de nouveaux produits avec EcoLithe. "Avec ce matériau qui est au moins équivalent si ce n’est supérieur au béton traditionnel, on peut fabriquer des tuiles, des briques, du mobilier urbain, des ralentisseurs pour la route…" énumère Marc Dib.
"Ce n’est pas forcément à la mode, une entreprise industrielle en 2022. Quand on pense start-up, on pense à des applications, des services… L’industrie ça semble très 20ème siècle : des machines, des ouvriers, un grand local. Pourtant l’industrie, c’est très central dans nos vies, même si on ne s’en rend plus toujours compte. Aujourd’hui, ce qu’il faut faire, c’est réussir à transformer l’industrie, la rendre moins polluante, plus respectueuse de l’environnement. C’est intéressant en tout cas de se lancer là-dedans et d’être accompagné pour cela," conclut le jeune entrepreneur. Rendez-vous en janvier 2023 pour la suite de l’aventure !
Pour plus d’information, consulter le site de la start-up : https://neolitik.fr/