L’autoconsommation photovoltaïque en réponse à l’augmentation des prix de l’électricité

L’autoconsommation photovoltaïque en réponse à l’augmentation des prix de l’électricité

Un système photovoltaïque en autoconsommation s’installe en quelques semaines en maison individuelle, quelques mois en collectif ou en tertiaire, en deux ans pour l’autoconsommation collective.




L’augmentation des coûts de l’électricité – qui résulte de la convergence de trois facteurs : le fait que la Russie coupe le gaz à l’Europe dans le cadre de la guerre en Ukraine, l’indisponibilité d’une part importante du parc nucléaire français et la sécheresse qui a drastiquement diminué la production hydraulique – est là pour durer. Personne ne sait prévoir l’avenir, mais les deux années qui viennent – 2023 et 2024 – devraient voir la continuation de ces phénomènes.

 

A l’échelle d’un bâtiment, que ce soit une maison individuelle ou un bâtiment logistique, en passant par les immeubles collectifs de logement et les bâtiments tertiaires, l’autoconsommation d’une production d’électricité photovoltaïque, jointe à la relative rapidité de mise en œuvre d’une installation photovoltaïque, offrent une bonne réponse à l’augmentation des prix de l’électricité.

 

 

Le photovoltaïque se prête aussi au "deux-en-un", production d’électricité et brise-soleil en même temps, par exemple. ©PP

 

 

 

 

Pour son propre siège, Emeraude Solaire a installé du PV en toiture, mais aussi du PV en mur rideau. Ce qui nettement moins courant. ©Emeraude Solaire

 

 

Les acteurs du PV sont prêts

 

 

Tous les acteurs du photovoltaïque, de Eaton, CVE, Emeraude Solaire, Technique Solaire ou VSB en tertiaire, à Enogrid en autoconsommation collective, en passant par MyLight Sytems, Otovo France et de nombreuses autres entreprises en maison individuelle, ont musclé leurs équipes depuis plusieurs mois pour faire face à la demande accrue.

 

Plusieurs projets de construction d’usines de cellules et de panneaux photovoltaïques sont en cours en France. Le français DualSun, spécialisé dans la production de panneaux solaires hybrides – thermiques et photovoltaïques à la fois - vient de lever 10 millions d’euros auprès de plusieurs partenaires pour augmenter encore sa capacité de production.

 

Lors la 5è édition de l'Université de l’autoconsommation photovoltaïque organisée à Paris les 20 et 21 septembre 2022, le syndicat Enerplan a présenté son plan national "giga bouclier solaire" destiné à limiter l’inflation subie des factures d’électricité, grâce au déploiement massif et rapide de circuits courts d’électricité solaire partout en France.

 

"Si la dynamique du marché de l’autoconsommation PV est bonne avec de l’ordre de 400 à 500 MW installés en 2022, pour 250 MW en 2021", rappelait Enerplan, "nous pouvons accélérer pour ajouter plus d’1 GW de PV en autoconsommation dès 2023 et viser 1.5 GW en 2024."

 

"L’exemple de l’Espagne montre qu’il est possible d’accélérer rapidement l’autoconsommation. Après une série de mesures prises en 2020, le pays a installé en autoconsommation, 1 GW en 2021 et près de 2 GW sont prévus pour 2022."

 

Les 50 propositions d’Enerplan visent à lever les freins réglementaires et fiscaux, qui limitent le développement massif de l’autoconsommation PV en France, pour en accélérer le déploiement :

  • Simplifier les démarches de tous les foyers, allant jusqu’à la suppression des démarches administratives pour les installations photovoltaïques dont la puissance est < 36 kVA, à la forfaitisation des coûts de raccordement au réseau Enedis
  • Redonner de la compétitivité aux entreprises, avec une fourniture à prix maîtrisé à long terme et, surtout, une dérogation en faveur des installations en autoconsommation face aux ABF (Architectes des Bâtiments de France).
  • Stabiliser les budgets de fonctionnement des collectivités et faciliter l’autoconsommation collective au sein des territoires,
  • Solariser les logements sociaux et l’habitat des précaires, pour redonner du pouvoir de vivre.

 

En ce qui concerne l’autoconsommation, Enerplan propose d’augmenter la puissance des installations de 3 à 10 MW et d’élargir le périmètre des opérations en augmentant la distance maximale entre les deux participants les plus éloignés.

 

Enfin, le projet de loi sur l’accélération du déploiement des Energies Renouvelables (ENR) qui arrive en discussion début octobre ne contient rien sur l’autoconsommation. Les discussions à l’Assemblée Nationale et au Sénat doivent permettre de l’introduire de manière favorable.

 

 

LivingPackets installe 566 panneaux PV sur le toit de son bâtiment de Sainte-Luce-sur-Loire. LivingPackets consommait jusqu’à présent 178 000 kWh par an pour ses espaces de bureau, de production, ses zones de test et ses espaces communs. Grâce aux 566 panneaux photovoltaïques installés par la société Solewa, le bâtiment produira environ 258 316 kWh. Avec des batteries de stockage envisagées dans un second temps, LivingPackets deviendra autonome en électricité. ©LivingPackets

 

 

Les qualifications QualiPV évoluent

 

Début septembre, suite à la publication de l’arrêté tarifaire relevant à 500 kWc le plafond des tarifs d’achat en "guichet ouvert", Qualit’EnR a étendu le champ de sa qualification QualiPV 0-250 à 500 kVA. Du coup et dans un souci d’harmonisation sur la dénomination de ses qualifications, QualiPV 0-250 devient QualiPV 500 et QualiPV Elec, qui porte sur les installations photovoltaïques de puissance inférieure ou égale à 36 kVA, est rebaptisée QualiPV 36.

 

Autre nouveauté, QualiPV module Bât voit son champ étendu à la surimposition de tous les systèmes photovoltaïques raccordés au réseau électrique liés au bâtiment. Les 254 entreprises qualifiées QualiPV 0-250 vont basculer automatiquement sur le module QualiPV 500 et pourront désormais faire valoir leur qualification pour la solarisation des bâtiments, hangars et ombrières d’une puissance installée inférieure ou égale à 500 kVA.

 

Les 1 200 entreprises qualifiées QualiPV Elec verront leur certificat de qualification basculer automatiquement en QualiPV 36. Les 386 entreprises détentrices de la qualification QualiPV Bât voient la surimposition de panneaux photovoltaïques venir compléter le champ de leur qualification qui, jusqu’alors permettait uniquement les installations photovoltaïques intégrées au bâti. Avec cette extension, Qualit’EnR affiche clairement le savoir-faire des couvreurs et reconnaît leurs compétences tant en intégration qu’en surimposition et ce, quelle que soit la puissance installée.

 

 

Quelques points à ne pas oublier à propos du photovoltaïque en autoconsommation

 

 

L’un des inconvénients majeurs du prix de l’électricité est non-seulement son augmentation rapide récente, mais aussi le fait que son évolution soit tout à fait imprévisible. Une installation photovoltaïque en autoconsommation, en revanche, quel que soit son mode de financement – emprunt, financement direct, tiers financeur – aboutit à un prix ou coût fixe du kWh pendant toute sa durée de vie, soit 30 à 40 ans avec les dernières générations de panneaux PV.

 

Ensuite, comme l’explique Jean Rosado, directeur général d’Otovo France (ex-In Sun We Trust), lorsque le coût de l’installation solaire est amorti, soit au bout de 10 à 15 ans (peut-être cela sera seulement au bout de 6 à 8 ans d’ici quelques mois, aux vues de l’augmentation des prix de l’électricité fourni par le réseau), le kWh d’origine photovoltaïque et autoconsommé devient gratuit.

 

 

Selon Enedis, l’autoconsommation individuelle (HTA et BT) concernait 184 150 sites raccordés au réseau Enedis pour une puissance totale de 1 GW mi-2022 en France. Les projets d’installation en autoconsommation en attente de raccordement au réseau Enedis progressent très rapidement depuis la fin du 3ème trimestre 2021. ©Enedis

 

 

 

En revanche, à la fin du second trimestre 2022, l’autoconsommation photovoltaïque collective ne concerne en France que 102 opérations actives, rassemblant 158 producteurs et 1150 consommateurs. A la même date, 99 projets déclarés sont en cours. ©Enedis

 

 

Avec l’augmentation rapide du coût de l’électricité, le temps de retour d’une installation photovoltaïque se réduit considérablement pour tous les consommateurs qui ne bénéficient pas du bouclier tarifaire. Et le coût du bouclier tarifaire, nous allons tous finir par le payer d’une manière ou d’une autre.

 

La présence d’une installation solaire photovoltaïque en autoconsommation ajoute de la valeur à un bâtiment, que ce soit une maison individuelle, un immeuble de bureaux ou un hangar logistique. Un panneau photovoltaïque est recyclable pratiquement à 95%. En France, Soren organise le recyclage des panneaux photovoltaïques.

 

La durée de vie d'un panneau solaire neuf actuel est d’environ 30 à 40 ans. Après cette période, le quota moyen de recyclage pour un tel produit est de 94,7%. La majeure partie de ses composants peuvent alors être transformés pour leur donner une seconde vie : le verre, l'aluminium et le cuivre, sont tous facilement recyclables. Les matériaux semi-conducteurs, comme le silicium, sont récupérés par des spécialistes pour d'autres usages.

 

 

La PME marseillaise Color Foods a déjà inauguré en juillet 2022 une toiture solaire en injection, installée par CVE, spécialiste du PV. Son volet autoconsommation est en cours de développement. L'entreprise couvrira ainsi 30% de ses besoins énergétiques avec une électricité 100% renouvelable. ©CVE

 

 

Plus de 2 600 panneaux photovoltaïques ont e?te? installés, par Émeraude Solaire, sur ces ombrie?res de parking pour une puissance totale de 854 kWc. Dont 100 % est autoconsomme? par le Centre Hospitalier Centre Bretagne (56). Ce qui en fait la plus grande centrale photovoltai?que sur ombrie?res de parking en autoconsommation de la Re?gion Bretagne ! ©EmeraudeSolaire

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
2 Commentaires
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  • par Pascal Poggi
  • 27/09/2022 15:01:31

Bonjour ArnaudBzH, c'est une bonne idée. Je vais réfléchir à un article en ce sens, nettement plus détaillé. Il existe en effet quelques bonnes solution pour maximiser l'autoconsommation. Malheureusement, la semaine prochaine sera prise par les salons >Batimat / Interclima /Ideobain. Mais d'ici une dizaine de jours, ce devrait être prêt et en ligne.

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  • par ArnaudBzH
  • 27/09/2022 14:14:55

A lire cet article, on a l'impression que l'auto-consommation fera sensiblement baisser la facture, même pour les particuliers en maison individuelle. Dans votre article, il manque pas mal de choses. SI l'auto-consommation ne doit couvrir que la consommation de fond (tout ce qui tourne à l'électrique dans une maison lorsqu'on est absent), alors la facture sur un an ne sera pas beaucoup changée. Or, en général, une installation PV en auto-consommation en maison couvre plutôt cette consommation de fond. Or, ce qui coûte le plus cher électriquement est de se chauffer (d'où l'importance en premier lieu de l'isolation des maisons), c'est l'essentiel de la facture (puis vient le chauffe-eau). Donc, plutôt que de nous vendre la solution PV en auto-consommation pour la maison individuelle, indiquez-nous quelles solutions sont les plus adaptées pour auto-consommer tant de pourcent de la production des panneaux et pour quelles puissances installées. Par exemple, comment faire pour consommer 80 pourcent de la production d'une installation de 3 kWc et, si possible, sans passer par un système complexe de batteries polluantes et dangereuses?

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