Il y a six ans, Kengo Kuma (à gauche), architecte japonais de renon, et Paul Jarquin, président et fondateur de REI Habitat, se rencontraient à la faveur d’une conférence au Pavillon de l’Arsenal à Paris. Dans son allocution, ce jour-là, Kengo Kuma soulignait combien il est important pour un architecte de concevoir non-seulement de grands projets, mais aussi de petits bâtiments. ©PP
Paul Jarquin le pris au mot et le convainquit de concevoir Yama Tani – qui signifie Mont Vallée en japonais -, un petit bâtiment de 480 m², R+4 + terrasses privatives, qui abrite 11 logements, Passage de Crimée à Paris, dans le XIXème arrondissement.
L’agence Kengo Kuma & Associates a été créée à Tokyo par Kengo Kuma en 1990. Son antenne parisienne date de 2008. REI Habitat, créé par Paul Jarquin en 2009, se veut un promoteur écologique qui ne travaille qu’en structure bois en logement, tertiaire, projets mixtes, aussi bien en construction neuve, en surélévation ou en réhabilitation.
REI Habitat s’engage sur l’origine des matériaux employés dans ses projets. Yama Tani est entièrement construit en bois français de plusieurs essences. En septembre 2020, REI Habitat est devenu le premier promoteur certifié PEFC (Programme de Reconnaissance des Certifications Forestières) et labélisé Bois de France pour sa chaîne de contrôle des bois.
Paul Jarquin aime rappeler que la filière bois emploie 450 000 personnes en France, autant que l’automobile, et que protéger la filière bois française fait sens du point de vue économique.
Le projet Yama Tani, dont la demande de permis de construire a heureusement été présentée avant que les pompiers de Paris ne modifient leur doctrine en matière de construction bois, est entièrement en ossature bois, à l’exception de la cage d’escalier (en haut à droite du projet) et du rez-de-chaussée, qui sont en béton. Le projet ne comporte pas de sous-sol. La structure des coursives qui desservent les logements à chaque étage est en acier. Le label Bois de France a été obtenu pour les éléments structurels en bois. ©REI Habitat
Le bois est aussi utilisé pour le revêtement du hall du rez-de-chaussée et en sous-face des coursives.
La façade du bâtiment sur le Passage de Crimée est réalisée en bardage de mélèze, qui deviendra gris dans le temps.
Par un jeu de plis, la façade principale revisite l’art japonais de l’origami. Perpendiculairement à la rue, mais en biais, chaque pli de mélèze accroche la lumière de façon différente. Ce qui selon Kengo Kuma, donne au bâtiment une vibration particulière. Il estime d’ailleurs que l’emploi du bois en structure, mais aussi de manière apparente, donne une plus grande chaleur aux bâtiments et favorise le développement d’un esprit de communauté entre les occupants. ©REI Habitat, ©PP
L’angle formé entre les lames de bardage mélèze et la façade est variable. Il a nécessité une structure métallique tout à fait spécifique pour son accrochage. Les ombres portées de la façade changeront avec la course du soleil. Au niveau de loggias, certains pans de bois sont supprimés, de manière à obtenir une façade à claire-voie qui limite la vue des vis-à-vis à travers la rue étroite et fait office de protections solaires en même temps. ©PP
Dans la cour, les trois façades sont traitées en bardage bois, avec une essence claire et peu de nœuds. Les panneaux seront traités pour anticiper leur grisaillement dans le temps. Contrairement à la façade sur rue, les panneaux sont appliqués de manière plane, formant des lames de bois horizontales ou verticales séparées par un joint creux. Le même traitement est appliqué aux fonds des loggias sur rue. Les 11 logements sont destinés à l’accession à la propriété et vont du T1 au T4 ©PP
Les châssis des fenêtres sont en bois. Ce sont des fenêtres à ouverture oscillo-battante, fournies par le Groupe Devglass, l’un des tout premiers transformateurs verriers en France. ©PP
Pour ne pas perdre de surface habitable, une coursive extérieure en structure acier + plancher dessert les trois logements du premier et second étage et les deux duplex au troisième niveau. ©PP
L’entreprise Rubner Construction Bois a été chargée de la construction du bâtiment. Elle a sous-traité à REEM France le levage des murs en ossature bois préfabriqués, le levage des coursives et loggias métalliques, la pose des solivages et planchers OSB, y compris en toiture, ainsi que la réalisation de toutes les réservations dans les planchers et solivages. Le BE structures de l’opération est Eqo Ingénierie.
Au dernier niveau, de part et d’autre de la cour, deux duplex possèdent des terrasses accessibles qui donnent une vue originale sur le XIXème arrondissement de Paris. ©PP
Le bâtiment arrive à une performance thermique RT2012 – 20%. Il est équipé d’un chauffage collectif, alimenté par une petite chaufferie gaz et une pompe à chaleur air/eau en relève de la chaudière gaz. Le coût de construction s’élève à 4200 € HT/m² SHAB. Le bâtiment sera livré à la fin de l’année 2022. Tous les logements ont trouvé preneur.
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Bonjour, beau projet, mais je suis surpris par la faible performance en isolation. J'aurais aussi aimé savoir en quel matériau étaient constitués les murs en limite de propriété.