Le journal Le Parisien avait rapporté dimanche qu'une telle convocation aurait lieu mercredi par un juge d'instruction de Nanterre. Le groupe écrit dans un communiqué publié ce lundi 7 novembre regretter que "sa filiale fasse l'objet d'une mise en examen", en anticipant une décision qui appartient au juge mercredi.
L'entreprise française dit réfuter les accusations, notamment de "travail forcé" et de "traite d'êtres humains", à deux semaines de l'ouverture du Mondial-2022. L'instruction avait été ouverte en novembre 2019, après des plaintes émanant des associations Sherpa et Comité contre l'esclavage moderne (CCEM), ainsi que de sept ex-employés indiens et népalais de ces chantiers.
Les plaignants accusent Vinci, Vinci Construction Grands Projets (VCGP), sa filiale Qatari Diar Vinci Construction (QDVC) et leurs représentants, de "réduction en servitude, traite des êtres humains, travail incompatible avec la dignité humaine, mise en danger délibérée, blessures involontaires et recel" notamment, selon la plainte consultée par l'AFP à ce moment.
Vinci "n'a cessé de réfuter vigoureusement les allégations portées à son encontre concernant des chantiers au Qatar menés par l'entreprise QDVC" et "continuera de collaborer avec la justice", explique le groupe dans son communiqué.
Selon les témoignages recueillis à l'époque par l'ONG Sherpa, les employés immigrés de Vinci qui travaillaient sur les chantiers de la Coupe du monde travaillaient, passeport confisqué, entre 66 et 77 heures par semaine. Et ils auraient été entassés dans des chambres exiguës aux sanitaires insuffisants, percevant des rémunérations sans rapport avec le travail fourni, menacés de licenciement ou de renvoi dans leur pays en cas de revendications.
"Aucun des projets attribués à QDVC n'est lié à la Coupe du Monde de football 2022 au Qatar" et ils ont été "attribués (...) avant que l'organisation de cette compétition ait été attribuée" à ce riche émirat du Golfe, affirme de son côté Vinci. Il rappelle que les projets ont porté "à l'essentiel sur des infrastructures de transport".
"Nous avons vainement tenté de convaincre le magistrat qu'il n'était pas spécialement opportun après sept ans et demi d'enquête d'envisager une mise en examen dans la quinzaine d'ouverture de la Coupe du Monde de football", a réagi lundi auprès de l'AFP l'avocat de Vinci Jean-Pierre Versini-Campinchi, qui craint "un tumulte médiatique".
"Si une mise en examen était prononcée contre Vinci, cela confirmerait que les multinationales ont de plus en plus de mal à se cacher derrière les chaînes de valeur, le fait qu'il serait 'trop compliqué' d'agir, et rappellerait que juridiquement, des mesures volontaires d'amélioration ne permettent pas d'échapper au risque de sanction pénale en cas de suspicion d'infraction", retient pour sa part l'ONG Sherpa, à l'origine de la plainte avec constitution de partie civile.