Ciments Calcia (HeidelbergCement Group), Lafarge France (membre du groupe Holcim), Eqiom (CRH company) et Vicat ont été reçu le 8 novembre par le Président de la République pour planifier la décarbonation de leur industrie. En effet, l'industrie cimentière est particulièrement émetrice de gaz à effet de serre. A eux seuls, les quatre groupes représentent 10% des émissions de gaz à effet de serre du pays.
A cette occasion, Bruno Pillon, président du Syndicat français de l'industrie cimentière (SFIC) et des activités France de Heidelberg Cement a tenu à rappeler dans un communiqué de presse que l'industrie cimentière n'a pas attendu ce rendez-vous pour commencer à se décarboner.
Pour rappel, indique le communiqué, l’industrie cimentière a diminué ses émissions de 40% depuis 1990. Elles sont passées de 17,7 millions de tonnes à 10,3 millions de tonnes en 2015, soit 2% des émissions de la France. Pour un tiers d'entre elles, les émissions sont liées à l'utilisation de combustibles pour amener à plus de 1.400°C la matière (calcaire et argile) et produire le clinker (produit intermédiaire qui une fois broyé et mélangé a des constituants secondaires va produire le ciment).
Sur ce volet, les leviers de décarbonation sont connus et déjà déployés sur les sites. Des annonces de modernisation ont été effectuées par l'ensemble des adhérents du SFIC.
Plusieurs centaines de millions d’euros sont actuellement investis :
La feuille de route de l’industrie cimentière publiée en mai 2021 prévoit une baisse des émissions de 24% en 2030.
Les 2/3 restants des émissions de carbone du secteur cimentier sont liées à la décarbonatation du calcaire au moment de la production du clinker et sont donc, par nature,
difficiles à réduire.
Les technologies de rupture type CSCV - captage, stockage du CO2 et valorisation - sont donc essentielles pour aller plus loin et continuer à produire un ciment compatible avec les
objectifs de neutralité carbone de l’Europe. Le déploiement de ces technologies grâce au secteur cimentier crée une opportunité supplémentaire de création de valeur et d’emplois
pour leurs territoires d’implantation, que ce soit par les infrastructures à créer dans le cas du stockage de CO2 ou dans la production de molécules de synthèse dans le cas de sa valorisation. Le secteur poursuit et accélère le déploiement de ces technologies particulièrement coûteuses mais incontournables. "Ces investissements ne se feront qu’avec le soutien des pouvoirs publics", rappelle cependant le SFIC.
Le secteur appelle donc à une planification territoriale que ce soit pour le transport, le stockage, la réutilisation du carbone ou encore le déploiement de nouveaux moyens de production d’une électricité décarbonée et compétitive. Par ailleurs, la mise en place des infrastructures et des hubs de transformation doit être réfléchie collectivement, dès aujourd’hui, en associant les porteurs de solutions technologiques.
Cet intense travail sur les process industriels se double d’un accompagnement de la filière de la construction avec, par exemple, la mise à disposition de la "boite à outils". Développée par le SFIC, cette boite à outils a été conçue pour partager le fruit d’études et d’analyses qui montrent les pistes d’amélioration de l’impact carbone des parties d’ouvrage du gros oeuvre. Elle propose notamment des réflexions sur la conception des ouvrages pour une utilisation du béton qui permette de faire mieux en utilisant moins et mieux le matériau. C’est également la responsabilité des industriels du secteur de s'engager dans cet accompagnement auprès des acteurs de la chaîne de valeur de la construction pour que les propriétés du béton (durabilité, résistance au feu, inertie thermique…) soient utilisées au plus juste.