Le marché du monomur a connu un ralentissement depuis 2009. «La mode de la performance thermique à tous crins a fait oublier des fondamentaux», regrette David Poulain, directeur marketing d’Imerys Structure.
Mais, aujourd’hui «avec les premiers retours d’expérience de construction maisons BBC on lui redécouvre des vertus». Face à sa concurrente, l’isolation rapportée, «la simple résistance thermique n’est plus une valeur ajoutée. En revanche, le monomur et l’isolation répartie apportent cette valeur ajoutée puisqu’ils vont au delà des exigences de la RT2012». Première d’entre-elles : le confort d’été assuré par l’inertie thermique.
Pourtant, si cette notion «a un réel rôle d’économie d’énergie, elle n’est toujours pas prise en compte dans le bilan global des moteurs de calcul de la RT2012», rappelle Gérard Fouilloux, responsable marketing briques chez Wienerberger. Reste qu’un autre joue en faveur du monomur.
Une étanchéité à l’air performante. Alors que les maisons BBC/RT 2012 doivent bénéficier d’une étanchéité à l’air inférieure à 0,6 m3/(h.m2), le monomur sur ce terrain fait preuve d’excellence.
«Grâce aux accessoires, il se positionne comme un système parfaitement compatible», révèle Eric Risser, directeur marketing de l’activité gros-oeuvre et décoration chez Terral. «Le test de l’étanchéité à l’air sur ces maçonneries est avantagé par l’enduction au plâtre qui rebouche les trous éventuels. De façon régulière, quand nous réalisons des tests nous sommes bien en dessous des 0,6 m3/(h.m2), et plutôt proches des 0,3 voire des 0,2».
| Hervé Pétard, responsable du développement de la brique au sein de la Fédération française des tuiles et briques. |
« Répondre avec du monomur en terre cuite, aux exigences du label BBC et très prochainement de la RT 2012, c’est tout à fait possible. Certes, avec une résistance thermique de la paroi de 3 ou de 3,3 m2.K/W, il faudra porter une attention particulière aux autres éléments d’ouvrage.
Mais le monomur n’oblige pas pour autant à prescrire des solutions délirantes. En épaisseur de 37,5 cm, il répond à la RT 2012. A fortiori, plus il sera épais, plus sa résistance thermique sera élevée, et plus il sera facile de s’inscrire dans les exigences RT 2012.
Certes, le monomur modifie les habitudes constructives, car, par rapport à l’isolation rapportée, il permet de réaliser deux opérations en une, à savoir le gros-œuvre et l’isolation. En outre, face aux nouvelles exigences de la RT 2012, il peut être séduisant de se dire que pour être conforme on va aller chercher une valeur de paroi de 4 ou de 5m2.K/W.
Mais opter pour l’isolation répartie c’est aussi un choix très fort. Le monomur est durable, apporte le confort d’été, et présente un intérêt sanitaire non négligeable puisqu’il ne dégage pas d’émissions de composés organiques volatils (COV) et ne favorise pas le développement des moisissures.
Alors, si on veut surisoler pour le confort d’hiver, on élude le monomur. Si on souhaite, la qualité de l’air, et le confort d’été, on choisit le monomur qui génère un confort global. Or malheureusement la tendance est forte aujourd’hui de limiter le débat à la seule résistance thermique».
Cette épaisseur de monomur reste le meilleur compromis pour réaliser des constructions BBC/RT 2012, et avec les avantages inhérents à la terre cuite et à l’isolation répartie.
Avec des valeurs de résistance thermique des parois comprises entre R = 3 m2. K/W et 3,3 m2. K/W, l’épaisseur de 37,5 pour les monomurs, affiche le meilleur rapport performance/coût.
D’où l’importance de bien mettre en œuvre les accessoires développés et préconisés par les fabricants, une planelle, par exemple, pouvant compenser un 0,25m2.K/W sur un mur.
Car économiquement, il sera plus intéressant de traiter les faiblesses sur les points singuliers que de booster l’épaisseur du mur. De plus, le monomur se caractérise par une correction des ponts thermiques de qualité. Ainsi, il est une réponse dans toute la France. Même au nord où le besoin de confort d’été peut aussi se faire ressentir.
Et reste une réponse adaptée d’un point de vue du confort sanitaire, durable face à un système avec isolation répartie, et dont le parfait calibrage contribue à une meilleure étanchéité à l’air.Intérêt :
valeurs R compatibles avec les exigences BBC et RT 2012, adapté à toutes les zones climatiques, gammes d’accessoires complètes, moins onéreux que des épaisseurs supérieures.Limite :
plus cher qu’un monomur de 30.
Certes, le monomur de 30 ne permet pas d’atteindre à lui seul les performances thermiques exigées par les constructions BBC/RT 2012. Mais, il peut être une alternative économique apportant les atouts environnementaux et sanitaires du monomur dans les zones les plus chaudes.
Avec une résistance thermique de la paroi autour de 2,70 m2 K/W, difficile a priori d’atteindre les valeurs escomptées par la construction BBC, et la prochaine RT 2012, d’au moins 3 m2. K/W. Le monomur de 30 semble donc inadapté, voire incohérent techniquement et économiquement.
Car de fait, il va nécessiter de surisoler en plancher bas, dans les combles, ainsi que de traiter les ponts thermiques. Pourtant le monomur de 30 présente un avantage : moins épais que les autres solutions, il est de fait moins onéreux.
Il peut donc trouver ses applications en zone H3, dans les départements bordés par la Méditerranée –Corse y compris– et où il fait le plus chaud. Le monomur de 30 a d’ailleurs fait ses preuves, puisqu’il a déjà été utilisé pour la réalisation de maisons estampillées BBC-Effinergie.
Et pour cause. Il apporte tous les avantages du monomur : isolation intégrée et répartie, matériau sain et naturel, contributeur à une meilleure qualité de l’air intérieur, et bien sûr inertie thermique aussi très appréciée quand le confort d’été est recherché.
Intérêt :
apporte les avantages du monomur, gain sur la surface habitable, moins onéreux que des épaisseurs supérieures.Limite :
inadapté en zone H1 et H2, nécessite de surisoler en toiture et en planchers.
Avec une épaisseur accrue, ces monomurs affichent des résistances thermiques augmentées. En particulier lorsque la structure alvéolaire est remplie d’un isolant minérale.
S’il s’agit d’un monomur dit de 42, son épaisseur réelle est de 42,5 cm. Et a fortiori puisqu’elle est supérieure aux autres monomurs, les performances de résistance thermique s’accroissent.
Avec structure alvéolaire traditionnelle, ce monomur affiche un R = 3,68 m2.K/W. La résistance thermique atteint R=5,35 m2.K/W en version dite remplie car les structures alvéolaires reçoivent un isolant minéral, la perlite.
L’autre intérêt de l’épaisseur de ces maçonneries : elles laissent la place nécessaire à une isolation des têtes de planchers efficaces. Un atout de taille, lorsqu’un pont thermique plancher/façade peut représenter des déperditions thermiques aussi importantes que celles de la surface totale des murs.
Résultat : cette solution est plus favorisée en plancher intermédiaire par le bilan thermique, une configuration voisine des performances d’une isolation par l’extérieur. La preuve : le pont thermique en plancher béton intermédiaire affiche un Ψ = 0,18 W/(m.K).
Elle est une réponse notamment dans les zones climatiques aux hivers plus rigoureux.
Intérêt :
une épaisseur qui répond à la demande de performance thermique, adapté pour la recherche de confort d’hiver, qualité de l’isolation des têtes de planchers.Limite :
surcoût, menuiseries pas encore standardisées, perte de surface habitable.
En ce qui concerne l’isolation de l’enveloppe :
Dans le cadre de la Directive européenne 89/106 Produits de construction, les monomurs font l’objet du marquage CE. En outre, sur l’étiquette Emission de l’air intérieur qui informe sur le niveau des substances volatiles dans l’air intérieur, présentant un risque de toxicité par inhalation, sur une échelle allant de A+ (très faible) à C (fortes émissions), le monomur terre cuite est classé A+.
Source : batirama.com / S. Lacaze-Haertelmeyer