Comment Guilbert Express, une PME, créée en 1905 sur la base d’un brevet industriel « de l’époque » peut-elle justifier d’une présence dans 54 pays aujourd’hui ? Réponse : grâce sa politique de R&D innovante.

Guilbert Express est une marque très connue dans la profession du BTP. L’ « expert de la flamme », comme il se dénomme s’est fait connaître dans le monde de la soudure grâce à une large gamme de produits allant du chalumeau au poste à souder, en passant par les fers et lampes à souder.

 

« Mon grand père, Léon Guilbert, a déposé le premier brevet en 1905 pour une lampe à souder » explique Philippe Guilbert, directeur général de la société éponyme. L’adjonction de l’adjectif « Express » fait référence à l’épopée des chemins de fer et rend hommage au père de Léon qui avait occupé le poste de chef de dépôt de gare à la compagnie du PLM (Paris Lyon Marseille).

 

Etape importante dans la vie de la société : l’apparition du GPL après 1945, une nouvelle énergie puis puissante que l’essence mais sur laquelle peu d’industriels osent parier à l’époque… sauf Guilbert Express. Les ingénieurs développent alors de nouveaux outils que les utilisateurs mettent du temps à apprivoiser.

 

« Du porte à porte chez les quincailliers »

 

« Je me souviens de mon père expliquant qu’il avait fallu faire du porte à porte chez tous les quincailliers de France et de Navarre » raconte Philippe Guilbert. Ce n’est qu’au début des années 50 que les marchés acceptent ces technologies et adoptent enfin les nouveaux outils. « Sur 10 entreprises fabriquant les lampes à souder à essence, seuls deux ont opté pour le GPL et ont pu poursuivre leur activité » précise le dirigeant.

 

Les années 2000 vont voir l’accélération de la politique à l’international grâce à la forte notoriété du fabricant sur ses gammes d’outillage et d’appareil à soudage.. « En étanchéité de toiture, nous détenons 95 % de parts de marché en région parisienne » affirme Philippe Guilbert.

 

La société crée donc des filiales dans les pays du Maghreb, en Allemagne et même aux USA depuis un an. Enfin, des équipes de vente ont été mises en place en Pologne et dans les pays du Benelux. Aujourd’hui, l’exportation représente 30 % du CA (15 millions d’euros de CA en 2012).

 

Des outils inédits mis au point !

 

Clientèle visée : les entreprises tous corps d’état et les métiers spécialisés comme les plombiers, climaticiens, électriciens, couvreurs, étancheurs. Le fabricant a également mis au point des outils inédits par rapport à son activité d’origine, notamment dans le domaine de l’élevage.

 

Le procédé de la flamme douce permet de brûler les poils sur le pis de la vache dans le cadre de process automatisé de traite. Autre innovation récente : le Rafale, un pistolet de rétractation utilisé à l’origine dans les services logistiques des entreprises permettant la palletisation des produits.

 

Sous le choc thermique, le film plastique se rétracte et assure une protection très efficace contre le vol. Débouché intéressant : le confinement de certains espaces afin de créer des zones étanches, comme les zones de désamiante, ou lors de travaux dans de grands espaces (musées…)

 

Des innovations développées grâce à une politique active du service R & D auquel l’entreprise consacre 5 % de son CA. En effet, les produits sont issus des recherches du bureau d’études intégré qui a déposé au total près de 60 brevets (2 à 3 brevets déposés par an).

 

Des chalumeaux 40 % moins lourds

 

Le fabricant a d’ailleurs vu ses efforts récompensés. C’est ainsi qu’il a pu mettre au point, il y a trois ans, une nouvelle gamme de chalumeaux 40 % moins lourds que la génération précédente. « En outre, c’est une gamme dotée de lances de taille différentes afin de s’adapter aux différentes habitudes des utilisateurs » précise Philippe Guilbert qui a travaillé avec la Chambre syndicale d’étanchéité à laquelle l’entreprise adhère.

 

Objectif de l’opération : participer à la réduction des TMS des opérateurs sur les chantiers sans nuire à la qualité des outils proposés. « C’est aussi 40 % de ressources naturelles économisées comme le zamack ou laiton que nous remplaçons par des pièces en plastique » ajoute le responsable qui travaille avec des sous-traitants implantés majoritairement en France. Comme dans le secteur automobile, l’entreprise ne transforme pas la matière, mais l’assemble.

 

En 2009, Guilbert Express a dû à nouveau innover et s’adapter au contexte normatif. Les flammes ne sont pas en effet toujours les bienvenues sur les chantiers d’étanchéité, et sont parfois interdites au nom de la sécurité incendie. D’où l’investissement de la société dans un programme européen de recherche avec un fabricant belge de membranes d’étanchéité.

 

Un nouveau défi : masquer la flamme

 

Le recours à la technique GPL en masquant la flamme permet de générer un flux d’air chaud répondant aux normes de sécurité. C’est ce qui a donné lieu au lancement d’une nouvelle gamme dédiée à cette problématique. Certes, qui dit innovation, dit souvent « surcoût ».

 

« A l’usage, nous constatons que le prix n’est pas un frein à l’achat dès lors que l’utilisateur comprend tous les services apportés par le nouveau produit notamment en termes de minimisation de risques ». Une politique de R&D donc active qui permettra au fabricant de s’investir sur les nouveaux marchés internationaux visés…

 

 

Source : batirama.com / Fabienne Leroy

 

Guilbert Express : un club pas comme les autres

 

Il s’appelle « Express, le club » et réunit plusieurs centaines de membres. « Notre objectif était de renforcer les contacts avec les utilisateurs, en complément du rôle joué par la distribution, confie Philippe Guilbert. Ce club a surtout pour objectif de créer du lien et de la convivialité entre ses adhérents. En rejoignant la famille « Express », l’adhérent peut en effet bénéficier d’avantages dans des domaines variés comme des promotions sur les spectacles, les voyages… le Club n’a pas vocation à créer une offre commerciale de nos produits mais uniquement à générer du lien entre nous et nos membres.