C'est la première fois que l'énergéticien rend publique sa vision du futur énergétique pour l'Europe - 15 pays au total dont la France, pour parvenir aux objectifs fixés de neutralité carbone en 2050, avec une étape en 2030 pour réduire d'au moins 55% les émissions de l'UE par rapport à 1990.
Premier enseignement tiré par les ingénieurs d'Engie, l'Europe va devoir multiplier par 4 le rythme annuel de baisse des émissions de gaz à effet de serre, de 1% sur la période 1990-2020 à 4% "pour concrétiser le Net zéro émissions en moins de 30 ans". Cela va se traduire par un recours massif à l'électrification dans les transports, l'industrie, le logement: "la demande d'électricité va augmenter de 80% d'ici 2050 (...) et pour y faire face il va falloir multiplier par 6 notre production d'origine éolienne et solaire", a souligné Catherine MacGregor, directrice générale d'Engie, lors d'une présentation.
Les énergies solaire et éolienne atteindront 78% de la production électrique européenne en 2035 (3.772 TWh) et 90% en 2050 (4.772 TWh) contre 39% aujourd'hui, selon les modélisations d'Engie. Parce que ces énergies sont "par nature intermittentes", il va falloir aussi quadrupler les "capacités de flexibilité" à 820 GW en 2050 en recourant au stockage par batteries, au pompage-turbinage dans les ouvrages hydroélectriques et aux centrales alimentées en gaz décarboné, selon Engie.
Le groupe croit en une approche "pragmatique" : "il va falloir actionner absolument tous les leviers possibles pour assurer cette décarbonation", a estimé Mme MacGregor. "Le seul levier de l'électrification ferait peser trop de risques sur la résilience du système énergétique", selon elle.
A côté des actions de sobriété et d'efficacité énergétique, le groupe vante le "rôle clé" dans la transition du gaz, qui sera "complètement décarboné d'ici 2050" (245 TWh), même si la demande sera divisée par deux. La demande en hydrogène sera au contraire multipliée par 8 d'ici 2050.
Après le gestionnaire du réseau de haute tension RTE qui vient de présenter ses projections de la consommation électrique en France à l'horizon 2035, Engie entend à son tour apporter sa vision dans le débat sur la programmation énergétique du pays que doit présenter le gouvernement à l'automne.
Engie, groupe historiquement tourné vers le gaz, s'oppose à une possible interdiction de l'installation de chaudières à gaz, au profit des pompes à chaleur (pac) électriques, et défend les atouts du biométhane et des chaudières hybrides (gaz et électriques).
Les énergies renouvelables et les bâtiments
Engie estime qu'il faudra multiplier par six la production d'énergie éolienne et solaire pour répondre aux besoins massifs d'électricité décarbonée à l'horizon 2050, tout en défendant le "rôle clé" du gaz "décarboné".