Il est encore trop tôt pour dégager des tendances techniques de cette édition 2013. Mais d'une manière générale, depuis son lancement dans les années 60, ISH offre un point de vue unique sur l'évolution des technologies en chauffage, ventilation, climatisation, salle de bains, récupération des eaux de pluies, énergies renouvelables…
Ce qui compte, ce sont bien sûr les nouveautés du salon. Patience, nous vous les dévoilerons. Mais aujourd'hui, à la veille de l'ouverture, arrêtons-nous un instant sur les nouveautés des éditions récentes. Et particulièrement sur celles qui pour des raisons techniques, économiques ou autres n'ont pas pris sur le marché.
Dans ce registre, notre besace est déjà bien remplie. Il faut d'ailleurs distinguer les innovations qui ont carrément disparu, les francs échecs en quelque sorte, et celles dont on nous promet l'avènement depuis des années, tandis que nous, tels sœur Anne, on ne voit toujours rien venir. Cette dernière catégorie, ce sont les Monstres du Loch Ness : on en parle depuis longtemps, mais on ne les voit jamais.
Parmi les francs échecs, on peut compter les chaudières à hydrogène. Présenté un temps comme l'avenir radieux dans le monde du chauffage, la combustion directe de l'hydrogène dans une chaudière avait de multiples avantages. Cette énergie est inépuisable. Sa combustion est non-polluante. Mais elle présente aussi quelques défauts majeurs.
La molécule d'hydrogène est la plus petite molécule au monde : elle fuit avec une facilité déconcertante. Et combiné à l'oxygène de l'air dans les bonnes proportions, l'hydrogène explose facilement. L'italien Giacomini avait exposé à ISH 2009 une chaudière à hydrogène et d'autres constructeurs annonçaient leur intérêt.
Lors d'ISH 2011, on n'en parlait plus et plus personne n'exposait de prototype. Le moteur Stirling qui produit chaleur et électricité à la fois était lui-aussi annoncé partout : dans des solutions de microcogénération murales, mais aussi sur les produits de combustion des chaudières collectives.
Hoval avait dévoilé un prototype monté derrière une chaudière à bois en 2009. En 2011, il avait sagement disparu. Il ne reste plus que la microcogénération murale, dont on nous promet enfin l'avènement en 2014.
Parmi les technologies annoncées pour demain depuis des années, la palme revient sans conteste à la pile à combustible. Les premières sont apparues au milieu des années 90. On comptait une demi-douzaine de prototypes de toutes puissances en 2005, près d'une douzaine en 2007 et on en promettait la généralisation pour trois ans plus tard.
Sur le papier, la mariée était belle. Dans une pile à combustible, en combinant de l'hydrogène – encore lui – et l'oxygène de l'air dans à travers une membrane spécifique, on obtient de l'eau, de l'électricité et de la chaleur. Rien de polluant, tout est réutilisable. Depuis 2009 cependant, le silence est étourdissant.
Toutes les grandes marques qui s'y étaient lancées, de Viessmann à Buderus, en passant par European FuelCells qui appartient aujourd'hui au groupe Thermea (Chappée, Idéal Standard, De Dietrich, Remeha, etc.) disent poursuivre leurs recherches et expérimentations. Mais elles repoussent la commercialisation après 2015, voire après 2020. La durée de vie trop courte et le coût exorbitant des membranes sont en cause.
En revanche, quantité d'innovations très techniques se sont imposées au fil des ans. En ventilation, les moteurs à courant continu et à commutation électronique équipent toutes les turbines et tous les ventilateurs. Ils apportent une formidable réduction de puissance électrique appelée, une baisse importante de consommation et la possibilité de réguler très finement la vitesse de rotation en fonction des besoins.
Cette technologie a permis aux ventiloconvecteurs de survivre vaillamment face aux poutres froides et autres plafonds rayonnants en tertiaire. Ciat et Airwell sont aujourd'hui capables de produire des ventiloconvecteurs équipés de moteurs de quelques Watts avec une intensité inférieure à 0,5A.
Pour le pilotage des pompes à chaleur et de la climatisation, l'inverter qui permet de piloter la fréquence d'alimentation des compresseurs et des ventilateurs réunit désormais tous les suffrages. Même les constructeurs allemands de pompes à chaleur, longtemps arc-boutés sur les compresseurs à vitesse fixe considérés comme plus fiables, passent peu à peu à l'inverter.
En chauffage gaz et fioul, la condensation règne souverainement et la Directive Européenne sur le rendement des appareils utilisant de l'énergie écarte peu à peu les chaudières classiques et haut rendement du marché européen, au profit de la condensation.
Source : batirama.com / Pascal Poggi