Au Forum Bois Construction, depuis dix ans, le premier atelier en salle plénière de la troisième journée est consacré à la construction biosourcée chez les bailleurs sociaux. L’atelier A4 fait office de rendez-vous annuel des spécialistes. Il est destiné en premier lieu à l’information des bailleurs. C’est pourquoi il est présidé par l’Union Sociale de l’Habitat, en la personne de Jean-Louis Dumont puis d’Emmanuelle Cosse.
La modération revenait à Bertrand Gauthier car l’UICB a récupéré d’AdivBois la volonté de se rapprocher des maîtres d’ouvrage. Une étude réalisée pour la ZAC Chapelle Charbon à Paris, présentée par Antoine Santiard de h2o Architectes, tend à inspirer notamment les bailleurs sociaux dans le choix de matériaux et systèmes biosourcés. On verra bien si la ZAC verra monter du R+11 en bois paille car la messe n’est pas encore dite.
Plateau de l'atelier A4 avec conférence de l'agence lilloise Citymix.
L’agence lilloise Citymix - repérée dans l’appel à projets du Forum par ses interventions répétées en social biosourcé, a montré en contraste la réalité de constructions rurales biosourcées en neuf individuel ou petit collectif. De fait l’agence s’appuie sur le bailleur Opal lui-même en cheville avec un réseau rural de fourniture, et signe le PACTE bois biosourcé comme 22 autres bailleurs à Lille. L’orientation de Citymix va vers le bois-paille, le réemploi, mais compose avec des budgets qui obligent à recourir partiellement aux parpaings.
Contraste avec les logements sociaux présentés par Mathurin Hardel de l’agence Hardel Le Bihan : grosse agence de la capitale, ZAC monumentale en métropole lyonnaise (Albizzia), logements en R+7, système constructif CLT délocalisé. Doutes sur la durabilité de solutions constructives bois à cause des solutions de façade pas forcément pérennes. Doute aussi sur la validité architecturale de feuilletés technique où la lisibilité se perd.
Après le neuf, la rénovation avec la tour Brunfaut de Bruxelles, une opération de haute ingénierie présentée par le bureau d'études Ney WOW. Comme il s’agit de préserver le même nombre de logements sociaux en augmentant leur surface et que la démolition de la parcelle étroite risque de faire perdre de droit de construire en hauteur, le projet consiste à curer la structure métallique existante, à rehausser la construction et à l’étendre et à ramener des planchers CLT et des parois en MOB.
Pierre-Antoine Cordy du BE Ney WOW présente l'extraordinaire aventure du la rénovation de la tour Brunfaut à Bruxelles.
Ce qui semble un caprice isolé de bureau d’études, bénéficiant de surcroît d’une certaine bienveillance réglementaire, est en fait le parangon du futur de la construction urbaine sociale : conserver, surélever, étendre, biosourcer.
Après cette petite virée vers l’étranger proche de Bruxelles, retour aux cités minières des Hauts de France avec un grand projet de rénovation individuelle à base d’isolation intérieure en blocs de chanvre ou chanvre projeté. L’opération est présentée par un responsable de la maîtrise d’ouvrage, Franck Mac Farlane de Maison et Cités.
En conclusion de l'atelier, Emmanuelle Cosse (présidente de l'USH) met comme elle sait faire les points sur les i.
Dans un mouchoir de poche, les grands thèmes de la construction et de la rénovation sociale biosourcé sont ainsi représentés et abordés dans le cadre de cet atelier A4 du Forum. Mais dans sa conclusion, la présidente Emmanuelle Cosse a beau jeu de souligner que tout le monde s’est abstenu de parler de coûts de construction réels.
Cela dit, Emmanuelle Cosse spécifie que ces surcoûts ne sont pas prohibitifs au regard des méthodes de gestion des bailleurs, mais qu’il convient surtout de lever les inquiétudes par rapport à des techniques constructives qui doivent être pérennes. La balle est dans le camp de la filière bois et Bertrand Gauthier ne manque pas de la saisir en annonçant une présence à l’AG annuelle du mouvement social en octobre prochain.
Le Grenelle de l’environnement fixait à 400.000 logements le seuil de rénovation annuel général en France métropolitaine depuis 2013, en commençant bien sûr par les "passoires thermiques". Un seuil non seulement piteusement manqué, mais jamais documenté par des chiffres, notamment en logement social. Il semble cependant que ces derniers ont largement fait leur travail pour les pires passoires, à défaut du parc privé ou la rénovation de copropriétés ne décolle toujours pas.
Le fonctionnement de ce marché a été grosso modo le suivant : ITE en PSE sous enduit plus diverses mesures complémentaires comme le remplacement de fenêtres, diminution induites des charges avec répartition de ce gain entre les bailleurs et les locataires. Financements adaptés.
Quant à la construction biosourcée, elle n’occupait jusqu’ici qu’un rôle marginal. L’emballement climatique va changer la donne. Premièrement, peu importe le DPE, il va falloir protéger les logements l’été, et les rendre vivables pour juguler cette mobilité folle et émissive qui caractérise la civilisation actuelle.
Quant à faire des rêves avec des écoquartiers comme il y a quinze ans, c’est terminé. La loi ZAN réduit drastiquement l’extension des ZAC et la promotion immobilière neuve. Les prix du foncier vont grimper encore et toute l’attention se reporter sur l’existant, y compris dans le logement social. Cela tombe bien car les bailleurs se sont fixés un objectif d’un million de logements des plus basses catégories thermiques à rénover d’ici 2030.
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Objectif fixé à un million de logements sociaux rénovés en biosourcé d’ici 2030 lors de la 10e réunion annuelle des spécialistes français de l’habitat social biosourcé, réunie sous la présidente d’Emmanuelle Cosse.