L'apprentissage, premier secteur de formation des artisans, en danger ?

Jeune apprenti avec son patron menuisier

Avec plus de 201.000 apprentis en France en 2022 dont 77.600 dans le BTP, l'apprentissage progresse encore cette année. Cependant les Chambres des métiers de l'artisanat s’inquiètent de son futur financement.




Les derniers chiffres du baromètre de l'artisanat et de l'Institut supérieur des métier, réalisés pour la MAAF, ont été révélés cet été, dévoilant une forte progression de l'apprentissage dans l'artisanat à travers le pays pour l'année 2022.

 

On compte au total plus de 201.000 apprentis en France. Ainsi, dans l'artisanat, il y a désormais un apprenti pour dix salariés : le meilleur score par rapport aux autres secteurs de l'économie et de l'administration publique (où l'on compte notamment moins d'un apprenti pour 100 salariés).

 

La progression touche toutes les régions et la quasi-totalité des départements, à l'exception de la Corse et de l'Aisne. La hausse est particulièrement importante en Occitanie et dans les Pays de la Loire.

 

On notera également que si le nombre d'apprentis progresse à tous les niveaux de diplôme, la progression est plus rapide pour le niveau BP/Bac et l'enseignement supérieur. Ainsi, plus de 34.000 apprentis (17%) préparent un diplôme de l'enseignement supérieur en entreprise artisanale. Ce niveau était de 10% en 2019.

 

L'artisanat du BTP, champion de l'apprentissage

 

L'artisanat du BTP, qui historiquement utilise largement l'apprentissage, connait lui aussi une hausse du nombre de ses apprentis pour la troisième année consécutive. Ils passent de 68.520 en 2021 à 77.600 en 2022, soit une hausse de 13%. D'autres secteurs montrent aussi une belle progression, même si le nombre total de jeunes recrues est moins important : +20% pour l'artisanat de fabrication (18.830 apprentis) et +19% pour l'artisanat des services (60.380 apprentis). La hausse est plus légère, mais présente également, pour l'artisanat de l'alimentation (+8% - 44.290 apprentis).
 

Les secteurs du BTP les plus populaires sont :

  • les services d'aménagement paysager qui enregistrent 10.690 apprentis (+10%),
  • les travaux d'installation électrique avec 10.650 apprentis (+18%),
  • ceux de maçonnerie générale et gros oeuvre de bâtiment avec 8.100 apprentis (+14%),
  • les travaux de menuiserie bois et PVC (6.970 apprentis, +10%),
  • les travaux d'installation d'eau et de gaz (6.570 apprentis, +8%).

 

67% de réussite en moyenne pour trouver un emploi dans le secteur BTP

 

Tous secteurs et tous diplômes confondus, le taux d'emploi est de 65% en moyenne pour les apprentis qui entrent sur le marché du travail (un taux mesuré 6 mois après le diplôme obtenu). Pour le secteur du BTP, ce taux monte même à 67%. Ce taux dépend cependant du niveau d'étude. Toujours pour le BTP, il est de 59% après un CAP, 80% après un MC, 76% après un BP ou après un BTS.

 

Top des diplômes du BTP en termes d'employabilité :

  • BP Couvreur - 86%,
  • MC Zingueur - 84%,
  • BP Carreleur mosaïste - 83%,
  • BTS Systèmes constructifs bois et habitat - 83%,
  • CSA Constructions paysagères - 82%.

 

L'apprentissage en danger, selon les Chambres des métiers de l'artisanat

 

Dans un communiqué du 31 août, les Chambres de métiers de l'artisanat tirent cependant la sonnette d'alarme en ce qui concerne le futur de l'apprentissage. En effet, une nouvelle baisse des niveaux de prise en charge des "coûts contrats" envisagée par le gouvernement, et susceptible d'entrer en vigueur dans les prochains jours, menace les formations, indiquent-elles.

 

Selon les Chambres, une baisse de près de 8% du financement des formations emblématiques de l'artisanat de premier niveau (CAP) provoquerait une situation intenable pour nombre d'entre elles (dont 57% deviendraient déficitaires selon le communiqué, touchant 55% des effectifs des apprentis).

 

"Comment poursuivre ces formations lorsque le coût qu’elles représentent n’est plus financé ? Comment continuer à former à perte ? Et au-delà de la question de l’appareil de formation du réseau des CFA, qui formera demain ces jeunes à ces métiers lorsque l’on sait par exemple que nous accueillons parfois 88% des effectifs ?" interroge Joël Fourny, président de CMA France. "Au vu des conséquences qu’elle pourrait engendrer, j’appelle solennellement le gouvernement à reporter cette baisse et à lancer une grande concertation sur le financement de l’apprentissage. A défaut, les Chambres des métiers et de l’artisanat ne seront plus en mesure de garantir à la rentrée prochaine l’accueil des jeunes pour les formations devenues déficitaires - ce qui serait un véritable déchirement," conclut-il.




Source : batirama.com / Emilie Wood / Photo © gpoint studio - Freepik

L'auteur de cet article

photo auteur Emilie Wood
Journaliste, photographe, vidéaste, Emilie Wood travaille depuis 2010 pour la presse, qu’elle soit professionnelle dans les domaines du BTP et de l’agriculture, ou généraliste. Pour Batirama, elle écrit sur des sujets aussi variés que la conjoncture BTP, l’évolution de la réglementation, la rénovation énergétique, les réformes, les innovations, ou encore l’actualité de l’immobilier. Elle apprécie particulièrement réaliser des portraits d’entreprises et révéler les femmes et les hommes qui, chacun à leur manière, font une différence, qu’ils soient entrepreneurs ou collaborateurs d’entreprise.
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