Les tubes multicouches ont le vent en poupe

Les tubes multicouches ont le vent en poupe

Très en  vogue chez nos voisins européens, les tubes composites démarrent lentement mais sûrement dans l’hexagone. Face à une offre multiple, les installateurs doivent raisonner en système complet, tube, raccords et outillage.Tour d’horizon.  




 

Surfant sur une croissance à deux chiffres année par année, les fabricants de tubes multicouches ont le sourire. Le point de départ est à un niveau très bas, mais l’évolution en termes de ventes et de chiffres d’affaires laisse à penser que les tubes multicouches prennent peu à peu leur place dans le domaine de la plomberie et du chauffage. A titre d’exemple, entre 2001 et 2003 la filière à observé une croissance de 35% !

 

Idéal contre l’entartrage

 

Bien sûr, les installateurs ont une certaine fidélité aux tubes métalliques, cuivre et acier, mais certains franchissent le pas pour se tourner vers les solutions alternatives que sont les matériaux composites. Destinés aussi bien au secteur du neuf qu’à celui de la rénovation, les tubes multicouches peuvent être une solution efficace sur des chantiers où l’utilisation du chalumeau est délicate. Ils sont une bonne réponse à l’entartrage des canalisations. A l’heure où la qualité de l’eau est variable d’une région à une autre, et où les canalisations métalliques se trouvent agressées par des eaux ayant un PH trop faible ou trop élevé, les tubes composites ont un bel avenir devant eux.

 

Source : batirama.com / Laurent Denovillers

 




 

tube1-381.jpgLa conception est assez simple, une feuille d’aluminium entre deux couches de polyéthylène réticulé (PER) telle est la constitution de ces nouvelles canalisations composites. Toutefois, certains se distinguent à travers leur qualité et par leur résistance face aux multiples agressions des installations (températures, pression…). La couche d’aluminium, qui donne au tube sa rigidité, est plus ou moins épaisse suivant les industriels. Elle peut être soudée de deux façons, bout à bout ou par recouvrement. La fonction de la couche d’aluminium, au-delà de la rigidité du tube, réside dans la barrière anti-oxygène entre l’intérieur de la canalisation et l’air ambiant, ceci pour éviter le développement de boues tube2-381.jpget donc l’entartrage.

 

 

Un gain de temps de 25 à 40%

 

Si l’on compare les temps d’intervention, il n’y a pas photo ! Le gain de temps de pose varie entre 25% pour les petits diamètres à 40% dans les sections plus importantes. En prix fourni-posé l’économie est estimée à environ 20%, s’accordent à dire les industriels qui commercialisent ces systèmes. Facilité de mise en œuvre et légèreté du produit sont les arguments qui reviennent quand on questionne les installateurs qui ont franchi le pas et qui posent maintenant du tube multicouches. Sans oublier un détail qui a son importance et que ne manque pas de rappeler cet artisan lyonnais, « on se fait facilement voler du tube cuivre sur les chantiers, ce qui ne m’est encore jamais arrivé avec ce type de tube ! »

 

A RETENIR :

 

Intérêts : facilité de mise en œuvre, grâce à sa légèreté et à sa constitution.

 

Limites : le côté esthétique des raccords ne vaut pas une belle brasure du cuivre.

 




 

tube3-381.jpgLes principaux avantages du sertissage tiennent dans le gain de temps, en particulier par rapport aux raccords à compression pour les tubes composites. C’est donc une solution globale tube + raccord qu’il faut raisonner. Il n’y a aucune comparaison possible entre une installation classique en tube de cuivre et un réseau en tube multicouches. Pas moins de 4 minutes sont nécessaires pour faire une soudure sur un tube cuivre de 42 mm, alors qu’un sertissage ne prend qu’une dizaine de secondes ! Seul bémol à apporter, le prix des raccords. Il faut compter un surcoût de près de 30% pour les raccords à sertir par rapports à des raccords du commerce en cuivre. A noter également le côté pratique du système. Pour sertir un tube multicouches, il n’y a pas besoin de chalumeau, donc pas de flamme et pas de permis de feu pour les locaux sensibles, sans compter l’économie de consommables (bouteilles de gaz, pâte décapante, baguette de soudure…). Enfin, c’est une excellente solution pour des interventions en milieu occupé ou en dépannage sur des installations en service dans lesquelles il reste de l’eau, dans ce cas, il est impossible de braser un raccord. Certains esprits chagrins mettent en cause la fiabilité de ce type de raccordement. Pour apporter des réponses concrètes, les fabricants multiplient les essais.

 

Le tube ne cède qu’à 122 bars

 

« Chez Geberit, nous avons testé le système complet (tube + raccords) Mepla, pour savoir à quelle pression le complexe pouvait résister et surtout où la rupture allait se produire, confie Johann Suzanne, responsable Marketing chez Hansgrohe-Geberit. Les résultats sont significatifs !1 22 bars ont été nécessaires pour venir à bout de notre système (la norme ne demandant que 15 bars) ! ». Même si la fiabilité des raccords n’est plus à démontrer, certains industriels comme Geberit ou Vienga, par exemple, ont développé des raccords non étanches. En effet, sur la totalité d’une installation, il est possible d’oublier un sertissage. Aussi, lors du test de pression avant la mise en service, le ou les raccords qui n’ont pas été sertis gouttent. C’est une sécurité supplémentaire qui ne laisse pas la place à la moindre fuite. D’autres fabricants, comme Comap ont pris le parti de ne pas laisser la place à l’erreur. A travers le système Visu-Control®, il est facile pour l’installateur de voir d’un simple coup d’œil si le raccord est correctement serti. Un témoin tactile permet également de vérifier le bon raccordement d’un simple passage de la main sur le sertissage, dans ls zones sombres, un vide sanitaire par exemple. Concernant les réseaux de gaz, le sertissage n’est pas encore d’actualité, mais de nouveaux textes réglementaires sont en cours d’élaboration.

 

A RETENIR :

 

Intérêts : rapidité de façonnage ; pourcentage de fuites proche de zéro

 

Limites : le poids des machines à sertir est un inconvénient si on l’utilise pendant une journée entière.

 




 

Les tubes composites sont-ils considérés comme des matériaux traditionnels ?

 

Les tubes composites sont considérés comme des matériaux non traditionnels pas encore normalisés. Ainsi, il n’y a pas d’uniformité des diamètres. On trouve des tubes de diamètres extérieur de 16, 17 ou 18 mm, avec des épaisseurs de couches variables. A travers les tuyauteries, c’est un complexe total qui est soumis à des tests dans nos laboratoires. On éprouve le tube avec son raccord et une sertisseuse bien déterminée. Un Avis technique est alors délivré pour l’ensemble de ces trois composants, et l’un sans l’autre n’a plus lieu d’être.

 

Les sertisseuses doivent-elles avoir des caractéristiques particulières ?

 

Il n’y a pas d’universalité entre les tubes et les raccords que l’on peut trouver dans le commerce. A chaque tube correspondent un raccord et une machine à sertir avec ses propres mâchoires, on n’insistera jamais assez sur ce point. L’installateur qui a investi dans une sertisseuse en pensant l’utiliser pour tous types de tubes, fait fausse route. Chaque fabricant préconise son outillage, il ne faut pas déroger à cette règle.

 

*Chef de la Division « Canalisation et Accessoires » au CSTB, centre Scientifique et Technique du Bâtiment

 




 

Pour Pascal Peytavi, gérant de l’entreprise EPP à Brignais (69), les avantages des tubes multicouches ne sont plus à démontrer. « Je cherchais un produit qui pouvait remplacer le cuivre, après des sinistres liés à des problèmes de corrosion de canalisations. Le tube Multiskin de Comap m’a été présenté par mon grossiste et j’ai décidé de l’essayer. Depuis je ne pose plus que ça ! Du moins, 90% de mes chantiers sont réalisés avec ce tube. Niveau prix, je ne fais pas vraiment d’économies si l’on raisonne en coût global ». En effet, le coût des raccords à sertir vient compenser le gain de temps. Mais le prix n’a pas été sa motivation première. « Je cherchais avant tout à travailler dans de meilleures conditions et de ce côté-là je suis entièrement satisfait. » Et de conclure, « il faut bien vivre avec sont temps ! »

 

FICHE D’IDENTITE

 

Raison sociale : EPP Statut juridique : Eurl Gérant : Pascal Peytavi Effectifs : 2 Activité : Plomberie, chauffage

 

10 BONNES RAISONS DE CHOISIR LE MULTICOUCHES

 

1. Résistance à la corrosion : le tube ne se corrode pas grâce à sa face intérieure lisse

2. Faible dilatation : valeur proche des tubes métalliques

3. Bonne conductivité thermique : les déperditions en lignes sont faibles

4. Indéformabilité : le diamètre du tube n’est pas diminué après un cintrage

5. Fluidité : les pertes de charges sont limitées du fait de la faible rugosité de la couche interne du tube

6. Etanchéité à l’oxygène : la couche d’aluminium constitue une barrière au passage des molécules gazeuses

7. Qualité alimentaire : l’utilisation du tube multicouches est possible en distribution sanitaire

8. Atténuation acoustique : le bruit ne se propage pas à travers le réseau

9. Légèreté : 3 fois plus léger qu’un tube en cuivre, un confort apprécié des installateurs

10. Durée de vie : supérieure à 30 ans

 

La questions subsidiaire

 

A t-on le droit d’encastrer un tube serti ?

 

La réponse est non, sauf dans le cas particulier décrit dans les prescriptions générles du DTU 65.10 « canalisations d’eau chaude ou froide sous pression à l’intérieur des bâtiments ». Ce dernier précise que les seuls assemblages inaccessibles autorisés sont les piquages réalisés uniquement en chape à partir de raccords indémontables situés à l’aplomb de la robinetterie des appareils sanitaires.

 

Les formations …

 

Il n’existe pas de formations spécifiques dans les organismes habituels. Il est donc préférable de se rapprocher des industriels. A titre d’exemple chez Geberit, un formateur à plein temps dispense des sessions de formation sur le site d’Antony, chez les distributeurs en Régions, voire dans des Centres de Formations d’Apprentis. Chez Comap, le principe est identique, soit les installateurs se déplacent au centre de formation d’Abbeville, soit ils se rapprochent de leurs grossistes. Enfin chez Girpi, les commerciaux assistent leurs clients directement sur les chantiers.

 

Quelle pince choisir ?

 

On ne choisit pas n’importe quelles sertisseuse pour sertir n’importe quel tube multicouches. Certaines machines ont une force de serrage trop importante ou trop faible suivant le tube à sertir. Pour éviter ce genre de désagrément et recevoir la garantie du constructeur, il convient d’utiliser une sertisseuse et des mâchoires homologuées par celui-ci, systématiquement mentionné dans l’Avis technique du tube.

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