C'est au cours de l'Université de rentrée du MoDem à Guidel (Morbihan) vendredi 30 septembre que l'ancien premier ministre Edouard Philippe s'est exprimé au sujet de la pénurie de logements. "Il n'y a aucune hypothèse pour que nous réglions les questions de pouvoir d'achat, de perspective de société du travail, si nous ne redonnons pas un peu de marge de manoeuvre et si nous ne desserrons pas l'étau du logement en France aujourd'hui", a-t-il déclaré.
Edouard Philippe en 2023 © Ksiamon - Wikipedia
L'ancien Premier ministre a pointé "trois causes" face à l'actuelle pénurie de logements : "une crise de la construction, une crise de l'offre locative et une crise de la demande".
S'agissant de la "crise de l'offre locative", "dans toute une série de zones (...) le développement tellement rapide de Airbnb crée un phénomène d'éviction des voisins au profit des touristes, un phénomène qui interdit d'avoir accès à un marché locatif", a jugé M. Philippe. "Il y a là quelque chose qui est une bombe sociale" et des villes comme Amsterdam, Londres ou aux États-Unis "ont compris la nécessité de la régulation", a-t-il ajouté.
Si Edouard Philippe a indiqué qu'il était favorable en théorie à l'application de la loi en ce qui concerne les logements considérés comme des passoires thermiques, le timing ne semble pas lui convenir. "Sortir du marché de la location les appartements classés en G (en 2025, NDLR), c'est mécaniquement réduire l'offre locative pour les plus modestes".
"Une impasse", a-t-il résumé. "Il faut déstresser le marché locatif sans rien céder à l'ambition écologique qui est la nôtre, qui est absolument impérative. Mais nous ne pouvons pas voir ce sujet qui arrive vite : 2025, c'est demain", a-t-il insisté.
Globalement, a estimé M. Philippe, "nous devons changer la logique de la politique du logement". "Nous n'avons pas de très bons résultats et pourtant nous y consacrons beaucoup d'argent", "près de 40 milliards d'euros par an". Il prône notamment de "développer les foncières publiques et privées, pour faire en sorte que le capital ne soit pas inactif". Il faut aussi selon lui "rénover plutôt que construire, densifier plutôt qu'étaler".
"Nous devons densifier nos villes si on veut éviter d'utiliser des terres agricoles ou des espaces naturels, d'étaler tellement nos agglomérations de façon à ce que nous coupions toutes les interactions sociales".