Les cinq entrepreneurs turcs du bâtiment, qui ont remporté les enchères en promettant de verser à l'Etat 22,152 milliards d'euros pendant 25 ans, savent construire des pistes mais "ni concevoir ni exploiter des aéroports", a souligné le PDG d'ADP, Augustin de Romanet, lors d'une conférence téléphonique avec les journalistes.
"Il est probable qu'ils vont devoir s'associer à un exploitant d'aéroport. Donc le dernier mot n'est pas dit et le groupe TAV (filiale turque d'ADP) examinera toute requête qui lui sera faite", a-t-il ajouté.
M. de Romanet a défendu la décision de renoncer à surenchérir, "quelques millions d'euros" avant son grand concurrent allemand Fraport AG, qui a lui aussi jeté l'éponge. "Les deux principaux groupes aéroportuaires du monde ont abandonné les enchères à un montant qu'ils jugeaient très élevé voire peu raisonnable", a-t-il dit.
"Il m'a paru impossible de dépasser (le montant convenu avec le conseil d'administration) au risque de tomber dans l'irrationalité". Le titre d'ADP a décroché à la Bourse de Paris après l'annonce du résultat des enchères, et avait perdu 2,33% à la clôture.
Le nouveau PDG, qui a pris ses fonctions en novembre, s'est montré convaincu d'être indemnisé si l'ouverture du troisième aéroport entraînait la fermeture du deuxième, exploité par TAV, avant le terme de la concession en 2021.
"D'autant plus que l'Etat turc va devoir donner confiance aux investisseurs et donc nous indemniser correctement faute de quoi des financeurs ne voudront pas venir sur un nouveau projet à qui il pourrait arriver le même type de mésaventure", a-t-il souligné.
M. de Romanet a estimé que les actionnaires ne lui tiendraient pas rigueur de cet échec "dans le chaudron de la séance d'enchères à Ankara", parce qu'il leur a évité des risques inconsidérés.
"Il n'y pas de destruction de valeur pour ADP", a-t-il souligné. "J'ai le sentiment d'avoir pris le maximum de risques qui ne mettait pas leur investissement dans la zone d'incertitude dont ils me demandent de me tenir éloigné".
Il ne s'attend pas non plus à ce que TAV, dont ADP a acquis 38% pour 667 millions d'euros en mai 2012, perde de la valeur, en raison de sa "surperformance en 2012" et de la croissance de plus de 21% du trafic dans les trois premiers mois de cette année.
Source : batirama.com / AFP