La participation des syndicats à l'organisation des JO est une "première mondiale", a indiqué Bernard Thibault, ancier secrétaire général de la CGT, dans une interview publiée dimanche dans le quotidien Ouest-France. Il y rappelle que "la question sociale ne faisait pas partie des préoccupations des éditions précédentes".
Bernard Thibault, qui siège au sein du comité d'organisation des JO et représente les signataires de la charte sociale, dénombre à ce jour 164 accidents sur l'ensemble des chantiers des JO en France, dont 25 graves. Avec un décès sur un chantier de station d'épuration, mais qui n'était pas "juridiquement un chantier olympique".
"Quand on rapporte ces chiffres aux heures travaillées, il y a eu quatre fois moins d'accidents sur un chantier JO que sur des chantiers comparables en France", explique M. Thibault, même si "c'est encore trop bien sûr".
L'ancien responsable syndical a aussi évoqué le cas des travailleurs non déclarés ou sans papiers, "omniprésents sur les chantiers en France", avec entre un et cinq sans papier pour 50 ouvriers sur un chantier.
Pour les JO de Paris, le comité d'organisation a obtenu une mission d'inspection du travail, qui a donné lieu à des procès-verbaux, et au moins une action en justice contre une entreprise, le groupe CGC. L'exemple français doit permettre d'"obliger le CIO (Comité international olympique: ndlr) à mieux reconnaître les droits des travailleurs du pays organisateur", souligne Bernard Thibault. Qui dit être "en contact avec les organisateurs des (prochains) JO de Los Angeles et de la prochaine Coupe du monde de football".
"On est loin de l'idéal mais il y a eu des progrès", ajoute-t-il. Interrogé sur les risques de grève, il estime que "si l'on sait anticiper, il n'y a pas de raison d'avoir des grèves sous prétexte qu'il y aurait les JO en France". "Ils ne seront pas une cible en tant que telle", ajoute-t-il.
Une audience devant le Conseil des prud'hommes de Bobigny, où dix anciens ouvriers sans-papiers ont assigné des géants du bâtiment pour faire reconnaître leur travail sur les chantiers des JO, vient d'être renvoyée à mars 2024. Elle oppose des travailleurs essentiellement originaires du Mali à des géants du BTP comme Eiffage ou Spie Batignolles, ainsi qu'à huit entreprises sous-traitantes.