Réforme de MaPrimeRénov' : la mort du chauffage bois ?

Usine FP Bois

La baisse annoncée de 30% des aides MaPrimeRénov' pour l'installation d'une chaudière bois fait réagir le SFCB, la FIPC et l’association Propellet. (Photo : Usine FP Bois © E. Wood)




Une décision "incompréhensible" pour le Syndicat Français des Chaudiéristes Biomasse (SFCB)

 

Thomas Perrissin, vice président du SFCB

Thomas Perrissin, vice-président du SFCB. © SFCB

 

Thomas Perrissin, vice-président du Syndicat Français des Chaudiéristes Biomasse (SFCB), s'est insurgé dès le 14 décembre contre la réforme annoncée de MaPrimeRénov' qui prévoit de diminuer de 30% les aides à l'installation d'appareils de chauffage au bois à partir du 1er avril 2024. Cette baisse des aides ciblées spécifiquement au bois énergie le fait réagir : "Cette décision est incompréhensible au regard des avantages du bois énergie et de l'engagement de toute la filière pour accompagner la sortie des énergies fossiles dans le chauffage : développement d'équipements très performants (rendement, qualité de combustion) pour répondre aux exigences réglementaires de plus en plus strictes et augmentation très forte et rapide des capacités de production pour approvisionner le marché."

 

Le communiqué précise également qu'actuellement, plus de 90 % des installations de chaudières bois se font en remplacement d'une chaudière fioul ou gaz. 

 

Propellet et la FIPC signent une lettre ouverte au gouvernement

 

lettre ouverte Propellet et FIPC

 

Dans une lettre ouverte adressée au Président de la République le 15 décembre et reçue par la presse le 18 décembre, la Fédération des installateurs de poêles et de cheminées (FIPC) et l'association nationale du chauffage au granulé de bois Propellet France tirent également la sonnette d'alarme. "Les modifications envisagées pour ce dispositif en 2024 [MaPrimeRénov', NDLR] comportent des risques majeurs, susceptibles d'aller à l'encontre des objectifs initiaux et de porter préjudice aux filières professionnelles concrètement impliquées dans cette action, notamment la filière bois énergie et en particulier celle du chauffage au granulé."

 

Les deux organismes soulignent que "toutes les énergies renouvelables sont nécessaires". De plus, indiquent-t-ils, la vente d'appareil a beaucoup diminué en 2023, le marché ayant été impacté par la crise énergétique. L'incompréhension de la décision gouvernementale de baisser les aides accordées au chauffage au granulé bois est également soulignée dans cette lettre, "alors qu'elles sont maintenues voire augmentées pour les autres énergies."

 

Propellet et la FIPC craignent des conséquences "dévastatrices" pour la filière.

 

L'obligation de présenter un DPE, un frein ?

 

La FIPC et Propellet remettent également en question l'obligation de présentation d'un diagnostic de performance énergétique (DPE) par les ménages pour bénéficier des aides. "C'est un frein à l'engagement de travaux par les ménages et un coût additionnel non négligeable", soulignent-ils, évoquant également des craintes sur la mise en pratique de cette obligation en raison du nombre limité de prestataires formés pour réaliser les DPE, les délais de formation et de qualification et le suivi et contrôle de ces derniers, "rendant cette exigence impossible à satisfaire".

 

Selon la FIPC et Propellet, la filière du chauffage au bois "a déjà dû faire face à un lancement approximatif et mal préparé de MaPrimeRénov' en 2020, avec des problèmes persistants encore trois ans après" et s'inquiète de l'absence d'informations claires et d'annonces plus précises à quelques jours du lancement du dispositif.

 

Demande du maintien intégral des aides MaPrimeRénov' pour les appareils de chauffage au granulé en 2024

 

La FIPC et Propellet regrettent que la solution pompe à chaleur soit systématiquement mise en avant dans les recommandations de travaux. "Toutes les solutions ne devraient-elles pas être mentionnées par défaut, laissant une place à chaque énergie dans le mix énergétique du chauffage?" se questionnent-ils.

 

Pour les deux organismes, l'effondrement de la filière granulé, "ce qui est un réel risque ici" précisent-ils, aurait des répercussions en amont sur l'industrie du bois, une filière qui représente 440.000 emplois directs et indirects. "Fragiliser cette industrie dans une période de crise économique, qui va très certainement entrainer une hausse mécanique du chômage en 2024, serait irresponsable", indique la lettre avant de demander le maintien intégral des aides en 2024 pour les appareils de chauffage au granulé. 

 



Source : batirama.com/ Emilie Wood

L'auteur de cet article

photo auteur Emilie Wood
Journaliste, photographe, vidéaste, Emilie Wood travaille depuis 2010 pour la presse, qu’elle soit professionnelle dans les domaines du BTP et de l’agriculture, ou généraliste. Pour Batirama, elle écrit sur des sujets aussi variés que la conjoncture BTP, l’évolution de la réglementation, la rénovation énergétique, les réformes, les innovations, ou encore l’actualité de l’immobilier. Elle apprécie particulièrement réaliser des portraits d’entreprises et révéler les femmes et les hommes qui, chacun à leur manière, font une différence, qu’ils soient entrepreneurs ou collaborateurs d’entreprise.
3 Commentaires
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  • par arsa eco
  • 08/01/2024 11:10:11

quel est le groupe de pression derrière les pompes a chaleur

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  • par Jelori
  • 21/12/2023 01:32:20

Le problème aujourd'hui, c'est l'état qui se mêle de tout et nous enfantilise !

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  • par gdg
  • 19/12/2023 17:02:20

Gavés aux aides et subventions diverses, on finit par raisonner à l'envers. Soit une installation de chauffage au bois est cohérente en termes d'usage et de coût, soit elle ne l'est pas. Les aides doivent être "la crise sur le gâteau", rien de plus.

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