Chauffage et rafraîchissement ont un dénominateur commun : la prédominance du flux de rayonnement sur le flux de convection liée à l’importance de la surface d’échange que constitue le sol : la résistance thermique du revêtement de sol est essentielle.
Avec un plancher chauffant-rafraichissant, le choix d’un revêtement de sol du choix peut s’avérer encore plus délicate, en raison de son comportement face à la condensation. Sur le premier point, il est nécessaire d’anticiper les changements possibles de revêtement dans le futur (par exemple le remplacement d’un sol plastique par un parquet).
Ces changements peuvent s’effectuer pour diverses raisons comme la rénovation d’une pièce ou son changement de fonction. Si on ne tient pas compte de cette éventualité, il n’y aura ultérieurement pas d’autre alternative pour s’adapter au nouveau revêtement que d’augmenter la température du fluide (l’augmentation du débit n’ayant probablement pas assez d’incidence), ce qui aura pour conséquence de déséquilibrer le reste de l’installation (qui pourra être rééquilibrée par réduction du débit) et d’augmenter la température superficielle du sol.
Par conséquent, il faut prendre en compte la résistance du futur revêtement pour éviter tout risque. Si, ni la nature ni la résistance thermique du futur revêtement ne sont connues, il faut prendre la valeur la plus défavorable pour effectuer les calculs.
Concernant le second point, la condensation de la vapeur d’eau contenue dans l’air ambiant sur la surface du sol est l’inconvénient majeur du plancher rafraîchissant. Ainsi sont exclus les revêtements poreux, telles que certaines pierres, avec lesquelles les phénomènes de condensation peuvent s’accentuer.
* plancher chauffant basse température
Laurent Conrard, Président du comité de marque Certitherm* |
« Nous disposons aujourd’hui d’un CPT (Cahier des prescriptions techniques) n°?31-64, intitulé “Plancher réversible à eau Basse Température”, qui est orienté sur la conception et la mise en œuvre. Seul texte existant pour les planchers réversibles, il fixe des contraintes sévères, imposant notamment des limites de résistance thermique au-dessus des tubes et, entre autres, pour le revêtement de sol.
Ainsi, celle-ci, au-dessus du tube, ne doit pas être supérieure à 0,13 m2°K/W, intégrant un éventuel isolant acoustique. Pour le revêtement de sol seul, la résistance thermique acceptée ne doit pas excéder 0,09 m2°K/W.
Par ailleurs, l’aspect très sécuritaire du CPT, exigeant des limites de températures d’eau très restreintes, n’exclut pas une condensation dans l’espace de jonction chape/revêtement, tel que cela pourrait être le cas lorsqu’un orage éclate.
Partant de ces contraintes, le carrelage ne pose aucun problème et s’avère être le revêtement de sol le plus compatible avec un plancher réversible. Si les revêtements poreux, les parquets de chêne massif, le liège et les moquettes sont exclus, il reste une zone de flou avec les parquets à clipser.
Toutefois, à l’exception de certains de ces parquets qui peuvent être assortis de feutrines, ce n’est pas tant la résistance thermique qui est mise en cause que le comportement du matériau face à l’humidité relative et à la condensation. Ici, des rapprochements sont en cours avec les syndicats concernés par ces produits.
Cochebat a proposé voici 3 ans un texte de projet de norme mais ce document est encore en attente du processus classique d’examen des normes ».
* marque de qualité de Cochebat.
Le carrelage est le revêtement champion pour un plancher réversible car il offre la résistance thermique la plus appropriée tout en n’étant pas poreux.
Ici, l’épaisseur maximale requise sera de 20mm. Le chauffage devra être interrompu 48 heures avant la pose et sa remise en route effectuée de 2 à 7 jours après.
La résistance thermique d’un revêtement ne doit pas dépasser 0,09 m².K/W pour un plancher réversible, en prenant en compte les propriétés isolantes d’une éventuelle couche de désolidarisation (chape fluide sur béton d’enrobage, sous-couche isophonique…).
Remarque :
la résistance thermique du revêtement est normalement indiquée dans les DPM (Documents Particuliers du Marché) établis par le maître d’œuvre.
Le bois est un revêtement de sol chaleureux et esthétique, mais il a tendance à freiner l’émission de chaleur.
En raison de sa résistance thermique importante, il est vivement déconseillé de poser un parquet (en pose collée) d’une épaisseur supérieure à 15 mm. La pose flottante doit être évitée (sauf avis technique favorable) car la nécessité d’une sous-couche résiliente entre en contradiction avec le principe même du plancher chauffant.
En outre, un plancher réversible impose des contraintes supplémentaires en raison des grandes variations climatiques qui lui sont inhérentes. Par ailleurs, le bois est un matériau vivant qui fluctue beaucoup selon la température et l’humidité.
Il est fortement conseillé d’entreposer le parquet à l’avance dans la pièce à équiper, emballages retirés, au moins 24h à l’avance pour éviter tout problème de retrait du bois. La mise en chauffe de la pièce devra être effectuée de 2 à 3 semaines avant la pose et l’arrêt du chauffage se fera 48 h avant la pose.
Enfin, on remettra le chauffage en route 7 jours après la pose.
Remarque :
la réalisation d’un parquet traditionnel est à exclure d’office. L’épaisseur des lambourdes créerait, entre la chape de recouvrement et les lames de bois, une couche d’air isolante contraire à l’efficacité d’un bon rayonnement.
Revêtement multicouche, le stratifié n’est pas un parquet. Sa pose sur un plancher chauffant ou réversible fait l’objet de nombreuses restrictions.
Le stratifié est un revêtement mince de 6 à 10 mm environ. L’essentiel de son épaisseur est constitué par un support en panneau de particules ou en fibres moyenne ou haute densité, sur lequel est collé un film décor, lui-même protégé par une pellicule de résine synthétique, qui constitue la couche d’usure.
En sous-face, seule une feuille de contre-balancement assure la stabilité du revêtement. Cette constitution explique que la plupart des stratifiés ne conviennent pas à une pose sur plancher climatique.
En plus, les rares stratifiés compatibles avec un plancher basse température ne le sont pas forcément avec le mode rafraîchissement : l’aptitude au plancher chauffant réversible doit être précisée. Les dispositions d’entreposage du matériau et de remise en chauffe de la pièce à équiper sont les mêmes que pour les parquets.
Remarque :
la compatibilité est soumise à Avis technique et doit être indiquée par le fabricant. Sur plancher chauffant eau, la pose se fera collée de préférence… mais la pose collée est incompatible avec un plancher chauffant électrique.
Les sols souples sont constitués par le lino, la moquette, le vinyle, le liège, etc. Ici, les avantages et inconvénients varient beaucoup.
Parmi tous ces revêtements, seul le lino est toléré par les prescripteurs, malgré ses qualités isolantes. Pour sa pose, le chauffage sera interrompu 48 h avant et remis en marche 48 h après.
Le liège offre un bon comportement à l’humidité mais, très isolant, offre trop de résistance thermique, de même que la moquette. Celle-ci offre en plus des risques de décollage. Enfin, sauf indication du fabricant, le vinyle est à exclure.
Remarque :
le lino nécessite de faire attention, d’une part, à la colle utilisée qui doit impérativement être compatible et, d’autre part, à la barrière à la vapeur d’eau, faute de quoi on encourt des risques de condensation.
Source : batirama.com / Michèle Fourret