La Cour critique notamment le fait que "le rapport de force apparaît plus favorable aux sociétés concessionnaires" qu'aux pouvoirs publics. Les relations entre sept sociétés regroupées en trois groupes privés, Vinci Autoroutes, APRR (Eiffage et Area) et Sanef (Sanef et SAPN), qui représentent les trois quarts du réseau autoroutier, et l'Etat, sont fixées par des contrats de concessions.
Or, "la négociation des avenants aux contrats de concession (notamment les contrats de plan) et le suivi par le concédant (assuré par le seul ministère des transports) des obligations des concessionnaires se caractérisent par un déséquilibre au bénéfice des sociétés autoroutières", souligne la Cour. Ceci se fait au détriment des usagers, qui voient leurs péages augmenter pour financer l'entretien et la modernisation des autoroutes.
"Les bénéfices (des sociétés autoroutières, NDLR) n'ont pas vocation à être réinvestis ou à conduire à une baisse des tarifs", a relevé le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, auditionné sur ce sujet par la commission des finances de l'Assemblée nationale. Le système retenu pour calculer les tarifs des péages a aussi conduit à "des augmentations tarifaires supérieures à l'inflation", critique la Cour. Vinci Autoroutes, APRR et Sanef ont touché 7,6 milliards d'euros de péages en 2011, précise-t-elle.
Autre problème, "l'Etat ne se montre pas assez exigeant en cas de non-respect de leurs obligations par les concessionnaires, qu'il s'agisse de préserver le patrimoine, de respecter les engagements pris dans les contrats de plan ou de transmettre les données demandées" par l'Etat. Par conséquent, la Cour recommande notamment de "mettre en oeuvre les dispositions contraignantes" si besoin, de "réaliser systématiquement une contre-expertise (...) de tous les coûts prévisionnels des investissements".
"Il convient de faire évoluer un cadre qui conduit à une hausse continue et importante des péages autoroutiers", a insisté M. Migaud. Du côté du ministère des Transports, on veut mettre en avant les quelques améliorations dans les relations entre les concessionnaires et les pouvoirs publics relevées par la Cour des comptes. "Le ministère partage les constats de la Cour des comptes et va suivre ses recommandations", assure-t-on.