Sophie Wintzer remporte le Trophée d’Or de l’Apprenti avec son maître d’apprentissage Xavier Marché. Ils ont reçu leurs prix des mains de Marcel Malmartel, secrétaire général du CCCA-BTP (à droite).
Tout a commencé le lundi 4 juillet 2011. J’avais déjà presque 24 ans et j’arrivais pour mon premier jour d’apprentissage à Bossée, un petit village d’Indre et Loire dans l’entreprise Au Bois Couvert.
J’avais dans mon bagage une licence d’histoire et trois années de volontariat essentiellement passées dans des associations de chantiers internationaux de volontaires comme Solidarités Jeunesses. J’y avais découvert le goût du travail manuel, au grand air, en équipe et surtout du bois.
C’est ainsi que j’ai décidé que je serais charpentière. Ce lundi là, je rencontrais aussi pour la première fois mon maître d’apprentissage, Xavier Marché. J’allais passer avec lui l’essentiel de mon temps pour les deux années à venir.
J’ai rapidement compris que j’étais bien tombée. Xavier est un charpentier très expérimenté et un passionné. Il est patient et pédagogue tout en étant exigeant et rigoureux. Ces maîtres mots sont précision, esthétisme, organisation et sécurité.
Il travaille dans les règles de l’Art (épure, piquage, marquage…). Il m’apprend à être exigeante avec moi-même et à toujours essayer de se rapprocher de la perfection. On ne fait pas de “l’à peu près”. Malheur à moi si j’ose demander à quoi ça sert de s’embêter avec tel détail puisque ça sera caché ! C’est une question de principe et de respect pour soi et son métier. Il me transmet également le goût du beau.
Une charpente ne doit pas seulement tenir en place elle doit être belle et harmonieuse. Il faut certain sens de l’esthétisme pour être un bon charpentier. Il m’apprend à travailler efficacement et en sécurité. Cela passe par le rangement d’une part : on nettoie le chantier presque tout les jours et on range les outils au fur et à mesure. On fait attention à ses vêtements et à ses cheveux.
Au fur et à mesure des chantiers, il m’a expliqué les règles de sécurité sur les échafaudages et avec les différentes machines. Il m’apprend à travailler intelligemment, c’est à dire de façon organisée et en sécurité. La clé c’est d’arriver à anticiper les étapes du chantier pour être efficace et éviter les gestes trop pénibles et inefficaces. Il m’a dit un jour qu’à défaut de force physique il fallait être malin ! Dès que l’occasion se présente, il me montre comment utiliser les poulies et les cordes pour lever des pièces lourdes.
Il m’apprend à réfléchir de manière à ce que je puisse être autonome sur un chantier. Il s’intéresse aussi à ma formation au CFA. Il complète ce que j’ai appris et me le fait mettre en pratique dès que l’occasion se présente. Par exemple, après ma première épure au CFA et alors qu’on devait en faire une à l’entreprise, il m’a tendu le cordex et m’a dit « Dis-moi ce que je dois faire, c’est moi le lapin ».
C’est amusant et cela permet de bien intégrer les choses et de ne pas seulement suivre les ordres. Ce que j’aime vraiment aussi c’est qu’il ne se contente pas de m’expliquer des techniques, il me transmet tout un métier. Il me parle des traditions du métier, des vieux outils, de l’histoire de la charpente et aussi de ses expériences et des ces plus beaux chantiers.
Il me transmet les petits détails qui font un chantier propre, soigné et professionnel (arrêtes cassées, chevilles coupées à la même taille…). Avec lui j’apprends le métier dans les règles de l’art la bonne humeur !
Olivier Pinto (au centre) a remporté le Trophée d’Argent de l’Apprenti qui lui a été remis par Paul Duphil (à droite), secrétaire général de l’OPPBTP. Il était accompagné de Colas Lechevalier, son maître d’aprrentissage.
Je m’appelle Olivier, j’ai 20 ans et je suis en première année de CAP Menuiserie fabrication en alternance au CFA du bâtiment à Brétigny-sur- Orge. Apres un parcours scolaire correct, j’ai obtenu un baccalauréat S.T.G. option Comptabilité et Finances des Entreprises (CFE).
J’ai toujours voulu poursuivre mes études en alternance car je pense que c’est plus intéressant de mettre en pratique la théorie scolaire plutôt que d’emmagasiner des connaissances sans comprendre de ce dont on parle.
A la sortie de mon BAC, je voulais préparer un BTS Transport car c’était un domaine qui m’intéressait, aujourd’hui encore, mais j’étais partagé avec les métiers du bâtiment. J’ai donc, essayé d’intégrer une école supérieure, un peu pour faire plaisir aux parents, mais je n’ai pas réussi à trouver une entreprise formatrice.
Alors après deux tentatives non fructueuses, j’ai décidé de suivre une autre branche : la menuiserie. Le contact du bois, l’odeur, la manipulation du bois, la réalisation de belles choses était ma vision du métier de menuisier. Cette fierté d’avoir accompli quelque chose.
Dans mon entreprise, mon maître d’apprentissage me sensibilise aux dangers du bois et sur l’importance de préserver sa santé. Porter un masque de protection lorsque l’on effectue des manipulations sur la matière pouvant émettre des poussières.
Utiliser les aspirateurs plutôt que les balais. En effet, l’inhalation des poussières peut provoquer différentes maladies telles qu’un cancer des sinus ou de la trachée. Laisser d’éventuelles échardes qui se seraient plantées dans les mains peut provoquer des infections sérieuses pouvant amener dans certains cas graves à l’amputation. Mon maître d’apprentissage est aussi très pointilleux sur la manière de soulever et porter des charges.
Il est souhaitable de bien s’accroupir lorsqu’il faut soulever des charges et essayer de garder le dos droit et n’utiliser que la force des jambes pour se relever et éviter de se pencher en forçant sur le dos. Il me donne des conseils « Pour porter les charges, évite de les porter à bouts de bras mais plutôt pose- les sur l’épaule lorsque c’est possible, ce qui permet de repartir le poids sur tout le corps et de limiter de forcer sur le dos. »
Pour cela, il n’hésite pas à me reprendre et à me faire porter de nouveau des charges plus tard dans la journée et dans les jours suivants pour vérifier si les gestes sont assimilés.
Mon maître d’apprentissage est aussi très exigeant quant au port d’un casque antibruit à l’atelier. Il est vrai que le bruit assourdissant des machines et de leurs aspirateurs nous laissent le cerveau en miette.
Afin que ce soit respecté, plusieurs casques sont mis à disposition dans l’atelier et chacun doit porter son casque. Dès qu’une machine est en marche, le casque doit être porté, si ce n’est pas le cas, il nous le rappelle. Par ailleurs, le jour de la rentrée au CFA, une fiche BTP insérée au livret d’apprentissage m’a été donnée concernant les gestes de sécurité, les équipements de sécurité individuels (EPI) et leur importance.
L’intérêt de tous ces gestes à respecter au travail c’est qu’ils finissent par s’intégrer dans la vie quotidienne et nous permettent de préserver notre corps qui est notre premier outil de travail.
Farid Guettari, maître d’apprentissage, a accompagné Vincent Beaubreuil qui a gagné le Trophée de Bronze de l’Apprenti, remis par Gérard Laurent, président de la Fondation Excellence SMA.
Je me présente, Vincent Beaubreuil, 21 ans, en année Connexe d’Installateur Thermique au CFA de Brétigny-sur-Orge (91). J’ai un parcours scolaire assez original. Après l’obtention de mon Baccalauréat Scientifique, j’ai décidé d’aller à l’IUT suivre une formation DUT Mécanique et productique.
A la fin de ma 2e année, j’ai réalisé que ce parcours ne me convenait pas, étant inventif et manuel, je ne pouvais pas m’épanouir dans ce que je faisais. J’ai donc décidé de changer de formation pour faire vraiment ce que je recherchais. J’ai choisi une formation d’Installateur Sanitaire, car je rêve de devenir plombier.
Dès le début, ma nouvelle entreprise m’a montré que la sécurité au travail était omniprésente. A mon premier jour, mon responsable m’a fourni mes EPI (Equipements de Protection Individuelle).
Rapidement, j’ai dû les utiliser. Nous avions un tubage inox à mettre en place sur une chaudière chez un particulier. Mon collègue m’a alors dit de mettre mes gants afin de charger le camion pour le chantier, tout en m’expliquant où était le danger : les tubages inox sont très coupants, l’accident est très vite arrivé. C’est pour cela que les gants que j’ai dû mettre dans cette situation sont anticoupures.
Une fois sur le chantier, il a fallu découper les tubages. J’ai vu que mon collège utilisait des lunettes de protection, un casque antibruit, un masque et des gants pour le découpage des tubes à la disqueuse, en s’assurant que la pièce était bien calée et ne risquait pas d’être propulsée lors de la découpe. Lors du ramonage du conduit de cheminée de la chaudière, j’ai vraiment apprécié le port du masque, car respirer correctement dans un environnement avec de la suie est une expérience très désagréable et mauvaise pour la santé.
Véronique Loret, directrice de la communication interne et des relations externes de PRO BTP, a remis le prix spécial du Jury à Aurélien Chaveroux qui était accompagné de son père, Didier.
Je m’appelle Etan. Vous ne me connaissez pas car, à l’heure ou vous lirez ces lignes, je ne serai pas encore né. Demain, c’est mon anniversaire, je vais avoir 17 ans. Et je ne sais pas pourquoi, mais ça m’a donné envie de réfléchir à ce que je suis et en profiter pour remercier ma famille. Et plus particulièrement mon père, car c’est bien de lui que je vais vous parler et pas de moi dans ce courrier qui voyage dans le passé.
Mon papa s’appelle Aurélien Chaveroux, et en 2012, à votre époque, il est en apprentissage en maçonnerie au CFA d’Agen dans le Lot et Garonne. Il n’a pas toujours été destiné à ce merveilleux métier de bâtisseur, car avant de démarrer cette formation, il a passé 7 ans à exercer le métier de carrossier peintre. Il était d’ailleurs titulaire d’un CAP dans son domaine.
Alors pourquoi changer complètement d’orientation me direz-vous ? C’était avant tout une histoire de lien fort avec son maître d’apprentissage. Celui-ci avait deux grands principes : exiger un travail irréprochable et de qualité pour donner le sourire à ses clients et s’assurer que ses ouvriers soient en sécurité pour garder le sien. Il faut dire qu’il avait tellement vu d’accidents dans la maçonnerie et les travaux publics, que ça lui avait foutu la trouille.
Et puis c’était des durs, dans le bâtiment, rien ne pouvait les arrêter. Sauf qu’on se rendait vite compte qu’une fois a la retraite, ils étaient tout cassés. 10 ans de moins d’espérance de vie que dans les autres métiers, c’était énorme. Alors il le rabâchait tous les jours à mon papa et aux autres: « Faites attention à votre dos, ça vous sert à rien de lever ça tout seul. On a un tracteur pour nous soulager. » « Restez pas aussi près de la mini-pelle, si un flexible lâche, vous pouvez perdre la vue. Et puis imaginez ma douleur si j’écrase un de vous. »
C’est pour cela que je voulais remercier ce maître d’apprentissage, parce qu’aujourd’hui, en 2039, mon papa il est bien vivant et en pleine forme. C’est lui qui dirige la boîte maintenant, depuis que son patron a pris sa retraite cette année. Et ça aussi ça me réjouit, parce que je vous ai pas tout dit, mais son maître d’apprentissage, c’est aussi mon papy.
Il s’appel Didier Chaveroux. C’est le papa de mon papa Aurélien qui gère la société avec mon tonton Bastien. Et je suis bien content de les savoir tous en pleine forme pour mon anniversaire de demain. Chez les Chaveroux, la sécurité, c’est une affaire de famille.