Tour Occitanie : la Ville rose aura bien son gratte-ciel

La future tour Occitanie. © Compagnie de Phalsbourg

Le Conseil d'État a débouté mardi des opposants à la construction de la Tour Occitanie, un immeuble de 150 mètres de haut prévu dans le centre de Toulouse, jugeant leur pourvoi irrecevable.




Le projet de la Tour Occitanie était devenu ces dernières années l'illustration d'une histoire sans fin. Après moult rebondissements, le Conseil d'État a définitivement débouté les opposants à la construction de ladite tour. Retour sur la genèse d'un projet dont la date de livraison était prévue entre 2021 et 2022 pour un investissement total de 130 millions d’euros.

 

 

 

 

Une tour végétalisée de 40 étages dans le ciel de la Ville rose

Le permis de construire de cette tour de 40 étages, une première dans la 4e ville de France dépourvue de hauts immeubles, avait été délivré par la mairie de Toulouse en 2019 au bénéfice du promoteur parisien la Compagnie de Phalsbourg. Le projet, né de l'imagination de l'architecte américain Daniel Libeskind, et arrivé premier du concours international organisé par SNCF Immobilier et Toulouse Métropole, prévoyait un bâtiment végétalisé de haut en bas, avec des façades de verre en spirale, la succession de terrasses à chaque étage formant un ruban végétal s’enroulant autour de l’immeuble, à proximité de la gare Matabiau et du métro.

 

Le ruban vert vertical fait référence à la voie navigable luxuriante du Canal du Midi serpentant à travers la ville. Des rubans présentent des façades en verre, les autres sont formés de jardins verticaux créés par l’architecture paysagiste Nicolas Gilsoul sur une hauteur de la construction de 150 m. © Compagnie de Phalsbourg

 

 

Il est prévu que la tour abrite :

– 11 000 m2 de bureaux,

– 2 000 m2 de commerces,

– une centaine de logements,

– un restaurant-bar panoramique offrant évidemment une vue imprenable sur la ville,

– un hôtel 4 étoiles Hilton,

– et, enfin, des locaux SNCF dans le socle du bâtiment.

 

 

 

Là où le bât blesse

Toutefois, l'Occitanie Tower, pour les anglophiles visiblement nombreux, ne comptaient pas que des aficionados. Quatre associations, dont FNE (France Nature Environnement) et "Non au gratte-ciel de Toulouse", ainsi que trois particuliers, estimant le projet disproportionné, pas abouti et polluant, avaient saisi le Conseil d'État en dernière instance. En jugeant leur pourvoi irrecevable, la plus haute autorité administrative française confirme les décisions de rejet du tribunal administratif de Toulouse en juin 2022 comme de la cour administrative d'appel de Toulouse en février 2024.

Les opposants contestaient la décision de la cour d'appel, notamment sur son évaluation de "l'étude d'impact du projet [...] en ce qui concerne la vulnérabilité au changement climatique de la tour Occitanie", selon la décision du Conseil d'État. Ils estimaient cette étude "insuffisante", en particulier sur "les besoins du projet en eau et en substrats pour la réalisation et l'entretien de sa partie végétale", ou encore sur l'analyse de "l'impact de la tour en matière de places de stationnement".  Les principaux arguments qu'ils ont avancé sont les suivants :

– l’impact écologique, puisqu'ils dénonçaient le projet comme une "aberration écologique", inadaptée au contexte actuel de changement climatique et potentiellement énergivore ;

– L’impact sur le paysage urbain, certains craignant que la tour ne dénature l’identité visuelle de Toulouse, ainsi que son patrimoine historique ;

– Les risques de gentrification, avec une possible hausse des prix de l’immobilier dans le quartier, doublée d'une absence de logements sociaux dans le projet ;

– Et, enfin, le manque de concertation publique tout autant que la modification du PLU (Plan Local d’Urbanisme) ayant permis l'autorisation de l'érection de la Tour Occitanie.

 

Sur ce, le Conseil d'État a conclu : "Aucun de ces moyens n'est de nature à permettre l'admission du pourvoi".

 

 

 

Les soutiens au projet

Malgré les controverses et les oppositions, le projet bénéficie du soutien de figures politiques importantes, dont le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc (LR), et la présidente de la région Occitanie, Carole Delga.

 

La tour Occitanie scintillera-t-elle bientôt dans le ciel nocturne toulousain ? © Compagnie de Phalsbourg

 

 

Le maire de Toulouse voit dans la Tour Occitanie une "signature architecturale à la hauteur de l'ambition d'une métropole européenne" (pour rappel, Toulouse est L'agglomération toulousaine, où se trouve le siège du géant européen Airbus, est en forte expansion démographique grâce au secteur de l'aéronautique. Quant à Carole Delga, elle a déclaré lors de la rencontre nationale des agences d’urbanisme à Toulouse, dans une version moins poétique mais tout aussi efficace : "La tour Occitanie, je suis pour !"

 

 

 

À quand les débuts des travaux ?

Après des années d'atermoiements et de procédures juridiques, le projet semble enfin se concrétiser, notamment via deux signaux forts.

 


La démolition de l’Ancien Tri Postal

En octobre 2024, un événement significatif a eu lieu : la démolition de l’ancien tri postal près de la gare Matabiau, bâtiment qui occupait l’emplacement prévu pour la Tour Occitanie. La SNCF Immobilier a pris cette décision début 2024 pour des raisons de sécurité, le bâtiment étant vide depuis quatre ans et se détériorant rapidement. Les travaux de démolition, qui ont débuté le 15 octobre 2024, devraient se terminer rapidement, avec une phase de déblaiement prévue jusqu’à début novembre.

 

 

Les avancées juridiques

Le projet a également franchi des étapes juridiques primordiales, d'autant plus que les opposants viennent d'être déboutés par le Conseil d'État. Mais, déjà, en février 2024, la cour administrative d’appel de Toulouse avait validé le permis de construire de la Tour Occitanie, rejetant les recours des opposants. Cette décision a marqué la quatrième victoire juridique en faveur du projet, ouvrant la voie à sa réalisation.

Éric Paillot, le vice-président de la Compagnie de Phalsbourg, avait exprimé sa confiance quant au démarrage imminent des travaux. Lors d’une intervention en avril 2024, il avait déclaré que la fin des procédures juridiques était proche, suggérant que la construction pourrait débuter dès l’automne 2024 ... Les faits semblent lui avoir donné raison.




Source : batirama.com / Laure Pophillat

L'auteur de cet article

photo auteur Laure Pophillat
Laure Pophillat est rédactrice web polyvalente depuis plusieurs années. Curieuse, éclectique et investigatrice, tous les thèmes pertinents (et donc passionnants) l’intéressent ! Pour Bâtirama, elle rédige avec bonheur sur un large spectre de sujets couvrant l’entièreté de la filière BTP (actualités, conjoncture, réformes, innovations, etc.). Elle apprécie notamment réaliser des portraits de femmes et d’hommes engagés, inspirés et inspirants, dans un environnement, celui du BTP, toujours en mouvement.
2 Commentaires
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  • par Chlamic
  • 07/11/2024 18:43:04

C'est un truc marrant, quand même, cet habillage végétal qui s'installe dans tous les balcons et terrasses à tous les étages. N'importe quel jardinier sérieux sait que ça n'est pas viable. Il faut entretenir la végétation par l'extérieur, sans passer par les locaux (chambres, bureaux, etc...) ne serait ce que pour remplacer les plantes saisonnières (et annuelles), les plants aoûtés (lignine devenue stérile), les feuilles et fleurs mortes, etc. Il faut aussi arroser car tout ne peut pas se faire par micro-irrigation, contrairement à ce qu'affirment les concepteurs. Il faut aussi enrichir régulièrement le substrat par apport de compost. J'en passe et des meilleures. Il est impossible de compter sur les occupants permanents et occasionnels pour ces fonctions. L'informatique permet de dessiner tout ce qu'on voudra, même des jardins suspendus luxuriants. De fait, foutage de gu...

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  • par Chlamic
  • 07/11/2024 16:49:49

N'empêche, comme disait mon grand oncle Albert, c'est une vraie c... sur un tas de plans, précisément évoqués par les (pauvres) opposants. On est vraiment en une époque de fracture entre deux mondes, celui des années 70 qui n'en finit pas de vendre sa camelote et celui de l'angoisse climatique qui ne pavient pas à prendre forme et à se doter d'une praxis urbanistique audible.

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