Il n’existe aucune réglementation acoustique visant à limiter la transmission des bruits entre les différentes pièces d’une habitation. Un état de fait d’autant plus étonnant qu’en construction neuve, le surcoût lié à la mise en œuvre de cloisons performantes est très limité.
En rénovation, l’approche est plus complexe, puisque, sauf à démolir la totalité des aménagements intérieurs, il faut composer avec les structures en place. Dans tous les cas de figure, des moyens simples et économiquement réalistes apportent des améliorations tangibles.
Une mise en œuvre précise et rigoureuse
Pour ces applications, la plaque de plâtre sous toutes ses formes est à l’honneur. Les cloisons et les doublages acoustiques font majoritairement appel à ce matériau, aux fibres minérales ou d’origine végétale. Pour la rénovation, et dans une démarche d’épaisseur réduite, plusieurs fabricants ont développé des plaques et des doublages spécifiques.
Des accessoires : supports, profilés, suspentes, joints, cales…facilitent la pose et augmentent la probabilité d’un résultat à la hauteur des attentes. Dernier point important, quel que soit le système retenu, l’acoustique n’aime pas l’approximation.
Un montage performant ne peut se concevoir que dans le cadre d’une mise en œuvre précise et rigoureuse, mais aussi d’une chasse totale aux ponts phoniques.
Pascal Ozouf Ingénieur acousticien, Placoplatre |
« Rester pragmatique… et précis »
L’isolation acoustique est un tout. Idéalement, il faudrait pouvoir traiter l’ensemble du volume habitable : murs, plancher et plafond, mais c’est rarement possible, autant pour des raisons de coût que de réduction du volume habitable.
Néanmoins, le traitement des cloisons permet une amélioration sensible du confort acoustique. Lorsque la réduction de la surface n’est pas une contrainte, les doublages et les cloisons sur ossature avec intégration d’un isolant apportent des performances élevées et sans surprises.
Les mêmes montages en remplaçant la plaque de plâtre classique par une plaque acoustique permettent encore d’aller plus loin. Les doublages acoustiques minces représentent un bon compromis entre performances et encombrement, ils apportent un réel confort acoustique dans des lieux qui en étaient jusque-là dépourvus.
Une fois un procédé retenu, il faut insister sur la nécessaire précision de mise en œuvre. En acoustique, les défauts d’ajustement ne pardonnent rien. La cloison la plus performante peut être fortement dégradée par des joints périphériques non étanches ou des portes communicantes de piètre qualité.
Par rapport à la cloison dite “à âme alvéolaire”, qui reste très utilisée, la cloison sur ossature métal apporte une moindre pénibilité à la pose et des performances d’atténuation acoustique supérieures. Idéale en neuf ou en rénovation pour créer un cloisonnement
Une cloison à âme alvéolaire apporte une atténuation d’environ 28 dB, alors que l’on atteint au minimum 38 dB pour une cloison sur ossature métal et isolant fibreux.
Malgré un prix fourni-posé un peu plus élevé, elle ne présente que des avantages : moins fatigante à mettre en œuvre, elle permet d’incorporer dans son épaisseur n’importe quel isolant fibreux : laine de verre, laine de roche, chanvre, laine de mouton… en fait tout isolant susceptible par sa constitution d’apporter une atténuation acoustique efficace.
L’épaisseur “standard” d’une cloison acoustique à ossature métal est de 72 mm, identique à celle d’une cloison alvéolaire, elle est de ce fait compatible avec les blocs-portes habituels.
La possibilité d’y incorporer la plupart des réseaux courants : gaines électriques, courants faibles, eau chaude et froide, en alimentation comme en évacuation, représente un atout supplémentaire. Il faut, néanmoins, veiller à ne pas trop dégrader l’isolation acoustique par une présence trop importante de canalisations diverses.
Intérêts : confort de pose, moins de fatigue ; encombrement normal; performances acoustiques ; passage facile de fluides et de gaines dans l’épaisseur de la cloison.
Limites : coût un peu plus élevé (comparativement à une cloison alvéolaire).
Les doublages acoustiques collés sont plus spécifiquement destinés à la rénovation. Le plus connu et le plus ancien (Calibel d’Isover) est constitué d’une plaque de plâtre et d’une laine de verre dense.
Le doublage est collé par plots contre le mur ou la cloison existante. Différentes épaisseurs d’isolant, de 40 à 100 mm, permettent d’atteindre des atténuations acoustiques plus ou moins élevées et variables en fonction de la constitution de la cloison.
Sur la base d’une cloison en briques de 10 cm, un doublage 10 + 40 apporte une atténuation de 10 dB, un 10 + 80 20 db, et un 10 + 100 25 dB. Les domaines d’application sont nombreux : isoler une chambre d’une pièce de vie, un bureau d’une pièce de vie, deux chambres entre elles, une salle d’eau d’une chambre…
Ces performances ne peuvent être atteintes que dans le cas de cloisons séparatrices et ne comportant pas de porte. Dans le cas contraire, la porte de distribution, le plus souvent légère, doit être remplacée par un ouvrage plus massif, voire une porte acoustique, dont l’étanchéité périphérique devra être particulièrement soignée.
Il existe aussi des doublages à base de polystyrène expansé et acoustique. Les performances obtenues sont comparables à celles des laines de verre dans les petites épaisseurs, elles sont inférieures dans les épaisseurs plus importantes.
Intérêts : bien adapté à la rénovation ; mise en œuvre simple par collage ; amélioration importante.
Limites : réduit la surface habitable.
Solution n° 3 : Doublages acoustiques minces
Les doublages acoustiques minces ont été développés pour améliorer l’acoustique sans trop dégrader la surface habitable. Ces systèmes, dont l’épaisseur ne dépasse pas 5cm, n’ont pas la prétention d’atteindre les performances de procédés plus sophistiqués.
Ils sont, par contre, suffisants pour rendre “acoustiquement” confortables des logements pour lesquels rien n’a été prévu à l’époque de leur construction. Une surface habitable réduite est souvent le point commun de ces logements généralement anciens, d’où l’intérêt particulier de pouvoir disposer de doublages minces.
Le complexe le plus connu, et le seul vraiment diffusé, c’est le Placosilence de Placoplâtre. Le système est basé sur une plaque de plâtre solidaire d’un isolant spécial dit “à cellules ouvertes”, et fixée à la cloison par l’intermédiaire de profilés métalliques spécifiques.
Ce montage original permet d’obtenir des atténuations acoustiques jusqu’à 15 dB, des résultats également variables en fonction du matériau support : briques, blocs béton, béton, pierre, brique plâtrière, carreaux de plâtre…
Comparativement à un doublage acoustique collé, le doublage mince sur ossature implique une mise en œuvre plus technique, plus pointue, mais pour un résultat généralement supérieur à encombrement comparable.
Intérêts : rapport encombrement/performances acoustiques ; bien adapté à l’habitat ancien non isolé
Limites : mise en œuvre relativement longue et pointue ; résultats pouvant fortement varier en fonction du support.
C’est l’évolution la plus récente : la plaque qui assure à elle seule un réel affaiblissement acoustique. Placoplâtre commercialise une plaque dénommée “Placophonique”, constituée d’une structure cristalline amortissante.
Cette composition permet d’obtenir un gain de 3 dB par rapport à un ouvrage en plaque de plâtre BA 13 standard. Cette plaque peut être utilisée seule en surépaisseur d’une cloison existante, mais elle donne toutes ses dimensions dans le cadre d’une utilisation en cloisons et doublages sur ossature avec incorporation d’isolant.
Dans une démarche proche mais plus ancienne, on peut également citer la plaque Fermacell. Constituée d’un mélange de plâtre et de fibres de cellulose, cette plaque d’une densité plus importante que la plaque de plâtre classique, apporte à épaisseur égale des performances acoustiques supérieures.
Des essais réalisés au CEBTP ont montré qu’en collant une plaque Fermacell de 12 mm de chaque côté d’une cloison à âme alvéolaire, on passait d’une atténuation de 28 à 33 dB, ce qui est très important et équivaut à diviser par 2.5 la transmission des bruits.
Intérêts : performances optimisées à encombrement égal. Mise en œuvre proche de celle d’une plaque de plâtre classique.
Limites : coût plus élevé. Poids plus important, pose fatigante (Fermacell).
INFOS PRATIQUES
La chasse aux ponts phoniques
La précision de pose et d’ajustement est indispensable, mais pas toujours suffisante pour assurer un résultat optimal. Dans la réalisation d’une cloison acoustique, les risques de ponts phoniques sont nombreux. Le premier d’entre eux, c’est la porte de communication.
La configuration idéale, ce sont deux pièces qui ne communiquent pas directement. Dans le cas contraire, plusieurs pistes sont possibles. Lorsque la configuration des lieux le permet, on peut modifier la position de la porte de façon à supprimer la liaison directe entre les deux pièces, remplacer la porte en place par un modèle acoustique, créer un sas…
D’autres ponts phoniques peuvent également dégrader le résultat final. Il faut, par exemple, éviter de positionner des interrupteurs ou des prises face à face, l’absence d’isolant à ce niveau créant un point faible, ou encore trop “remplir” la cloison de gaines et de réseaux divers, qui réduisent la surface et l’épaisseur d’isolant dans la cloison.
Enfin, les canalisations et évacuations qui passent d’une pièce à l’autre sont une autre source de transmission des bruits. Une bonne maîtrise est difficile, sauf à réaliser tout autour et sur toute leur longueur un coffrage doublé d’un isolant acoustique.
Adresses utiles
Source : batirama.com / Gérard Guérit