Sols techniques privatifs : savoir choisir les bons revêtements

Sols techniques privatifs : savoir choisir les bons revêtements

Les peintures et résines pour sols doivent être définies avec précision, en fonction de l’usage prévu, de l’escalier de service au balcon, en passant par l’espace de stationnement d’une voiture.





La famille des “peintures de sol” englobe des produits de composition et d’usage très différents, en fonction de l’utilisation prévue. Chaque support est un cas particulier, la qualité de sa préparation conditionne fortement la tenue dans le temps du système mis en œuvre. Un premier classement peut être fait par l’épaisseur. Les normes définissent les peintures et les résines de sols selon trois catégories, en fonction de l’épaisseur. Les films “minces”, d’une épaisseur maximale de 1 mm, sont les plus utilisés pour des usages privatifs.

 

Revêtements semi-épais ou épais ?


Les revêtements “semi-épais”, dont l’épaisseur est comprise entre 1 et 3 mm, peuvent aussi être retenus en usage privatif, lorsque le support présente des défauts d’aspect incompatibles avec une finition de type “film mince”. Les revêtements dits “épais”, de 3 à 10 mm, sont plutôt réservés à des usages industriels. La composition des produits et systèmes détermine un deuxième critère de choix. Il existe des produits à base de résines. Les résines acryliques et métacryliques doivent être réservées aux usages courants et de circulation piétonne, les résines époxy et polyuréthane sont les seules vraiment adaptées aux zones ­circulées.
G. Guérit

 

Avis d'expert  Dominique Payen*   « Attention aux produits nocifs »

 

solsprivatifsexpert.jpgQuel problème peut poser la mise en œuvre de peintures et de résines de sol ?


Elle peut poser deux problèmes : la composition des résines et la présence de solvants de formulation. Concernant la composition des produits,

 

les résines acryliques et métacryliques ne présentent pas de contraintes particulières.
Par contre, les résines époxy, polyuréthanes et polyester sont classées comme irritantes et/ou nocives, pouvant générer des allergies cutanées et/ou respiratoires.

 

Les solvants sont-ils toujours aussi dangereux ?


Les solvants sont toujours présents dans de nombreux produits mais leur concentration et leur nocivité ont diminué. Les produits les plus dangereux, le benzène et le toluène, ne sont plus utilisés pour ces applications. Néanmoins, les solvants restent des produits irritants et/ou nocifs dont il faut se protéger.

 

Comment s’en protéger ?


En fonction du risque lié au produit appliqué, le personnel doit être équipé, selon le cas, de combinaisons à usage unique, de masques respiratoires adaptés aux produits utilisés, de gants et de lunettes. En fonction du type de chantier (intérieur /confiné) et du mode d’application (manuel/­mécanique), un système de ventilation doit être prévu, d’une part pour se protéger des émanations toxiques, mais également pour limiter les risques d’accumulations de vapeurs solvantées, susceptibles de provoquer des explosions. Enfin, il est nécessaire de demander conseil à son médecin du travail pour le suivi médical des salariés exposés.

 

* Chef de projet Chimie Environnement OPPBTP 92 Boulogne


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 







 

Les circulations piétonnes sont les plus simples à traiter, les produits compatibles avec cet usage sont en général économiques et simples d’emploi.


Ce sont des peintures monocomposant, constituées le plus souvent de résines acryliques ou métacryliques. Ces produits, faciles à mettre en œuvre et généralement peu toxiques, ne nécessitent pas de protections particulières. Ils conviennent pour toutes les applications qui ne sont pas soumises à des contraintes mécaniques ou chimiques : escaliers de service, balcons, loggias, buanderies, voire toutes les zones “piétonnes” de garages ou de parkings. Qui peut le plus peut le moins. Pour des situations spécifiques : trafic important, usage sévère, risques de dégradations… des peintures à base de résines polyuréthane ou époxy peuvent aussi convenir, en contrepartie d’un coût plus élevé et de contraintes spécifiques de pose.


Les peintures de sol sont des produits qui peuvent être relativement glissants, particulièrement lorsque le sol est humide ou mouillé. Plusieurs méthodes permettent de réduire cette glissance. La plus classique consiste à répandre, à frais et à refus, des grains de silice ou des billes de verre. Le surplus est enlevé après séchage et les grains sont ensuite recouverts d’une couche de finition. Une autre méthode consiste à ­s’orienter vers des produits qui contiennent déjà des agrégats prémélangés et qui se répartissent au fur et à mesure de l’application de la peinture.


Légende photo : Certaines peintures ou résines de sol peuvent présenter une glissance relativement élevée. L’intégration de silice ou de micro-billes de verre permet de résoudre le problème. (Doc. Polyfloor)

 

À retenir

 

Intérêts : simplicité de mise en œuvre?; temps de séchage réduits ; produits économiques.Limites : réservés aux zones non circulées.

 


 







 

L’application d’une peinture ou d’une résine destinée à la circulation des véhicules est soumise à deux contraintes, l’une chimique et l’autre, mécanique.


solsprivatifs3.jpgUne réaction chimique normale entre les pneus et la peinture peut provoquer un décollement du film de peinture. Cet effet se produit au niveau de la surface de contact pneu/sol, lorsque le véhicule est laissé à l’arrêt longtemps au même endroit. Ce phénomène est pratiquement systématique avec les peintures acryliques et métacryliques, mais il peut également se produire avec des époxy et des polyuréthanes, lorsque l’adhérence sur le support est insuffisante. La deuxième contrainte est d’ordre mécanique. Les directions assistées soumettent les peintures de sol à des efforts de cisaillement très importants, car les conducteurs tournent les roues sur place. L’ensemble de ces paramètres implique de retenir des peintures ou des résines adaptées à cet usage : résines époxy ou polyuréthanes, avec ou sans charges minérales en fonction de la planéité du sol. Les résines époxy ont pour elles d’être très dures et très adhérentes au support, les résines polyuréthanes sont plus souples, la prise est plus rapide.
Techniquement, on constate un développement des systèmes bicomposants, initié d’abord par les fabricants de résines époxy et suivis depuis par les résines polyuréthanes. Ces produits, qui contiennent de moins en moins de solvants, sont moins nocifs pour l’applicateur, mais nécessitent, par contre, une certaine technicité, on ne s’improvise pas applicateur de résines. Ils imposent aussi une température minimale au niveau du sol traité, environ 10?°C, ce qui peut poser des difficultés en hiver sur des chantiers non chauffés.


Légende photo de gauche : Résultat d’un contact prolongé entre un pneu et une peinture de sol inadaptée à cet usage. (Doc. DR)

 

Légende photo de droite : La circulation des véhicules exige des peintures adaptées aux contraintes mécaniques exercées par les manœuvres des véhicules. (Doc. Bostik)

 

À retenir

 

Intérêts : produits très résistants ; compatibles avec la circulation et le stationnement des véhicules. Limites : mise en œuvre technique ; coût de fourniture ; contraintes environnementales pour certains produits.



 







 

L’application d’une peinture ou d’une résine de sol sur un support ancien doit faire l’objet de beaucoup d’attention. Un sol existant est toujours plus ou moins encrassé par des poussières, des traces d’huile ou de produits corrosifs.


Le problème est exacerbé lorsque le local était auparavant utilisé pour des activités “mécaniques”. En fonction de l’importance de l’encrassement, de la surface à traiter mais aussi de l’usage futur, plusieurs approches sont possibles. La méthode la plus sûre, particulièrement pour un sol de garage, consiste à réaliser un grenaillage de la surface. Cette opération reste économique pour des surfaces importantes, elle est proportionnellement plus coûteuse pour des surfaces plus réduites, les entreprises spécialisées dans le grenaillage appliquant souvent des forfaits qui pénalisent les petites surfaces.
Lorsque le local est uniquement destiné à un usage piétonnier, un nettoyage en profondeur : détergent, machine haute pression, nettoyage, égrenage de l’ancienne peinture… selon le cas de figure, peut suffire à garantir la tenue du revêtement de peinture, sous réserve également de l’application préalable d’un primaire adapté.
Qui dit support ancien dit aussi souvent “fissures”. Le principe général consiste à les ouvrir manuellement ou idéalement à l’aide d’une disqueuse, puis de remplir la cavité avec un mortier. Il sera le plus souvent composé de charges minérales et résines, identiques à celles retenues pour recouvrir le sol.


Légende photo : Lorsque l’application concerne des pièces de vie, seule une préparation de qualité peut permettre d’atteindre l’aspect de surface recherché. (Doc. Polyfloor)

 

INFOS PRATIQUES

 

Chapes neuves : attention à la préparation


Il ne faut surtout pas se fier à l’aspect engageant d’un béton neuf. Même parfaitement sec et propre, il n’est pas toujours en mesure de recevoir une peinture ou une résine, tout est fonction de sa porosité.
Selon la méthode et les matériaux utilisés pour réaliser le sol en béton, en général une chape, la surface peut être relativement fermée, voire presque  “glacée”. Ce cas de figure se vérifie particulièrement avec les chapes réalisées à “l’hélicoptère”. Il faut, dans ces conditions, réaliser un grenaillage, seul moyen pour  “casser” le film de surface trop fermé. Le grenaillage laissera apparaître une zone plus poreuse, qui ­“accrochera” de façon plus sûre avec le film de peinture ou de résine. Le DTU 59.3 donne toutes les indications nécessaires permettant de définir l’absorption standard d’un béton.  Le deuxième point à surveiller pour éviter des décollements du revêtement, c’est le taux d’humidité de la chape, qui doit être idéalement inférieur à 3?%. Seule l’usage d’une bombe à carbure, utilisée couramment par les poseurs de parquets, de stratifiés et de revêtements plastiques, permet de mesurer avec précision le taux d’humidité résiduelle de la chape.

 

Livre


À commander au CSTB : DTU 59.3 Peinture de sols

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