Créée en 2010 à Grenoble et présidée par Yves Bigay, Ethera est directement issue du CNRS. Elle a développé des systèmes de filtration d'air à base d'un matériau très poreux, mis au point au CNRS. A base de silice (SiO2), ce matériau fixe le formaldéhyde dans ses pores.
Le formaldéhyde, cancérigène reconnu, est l'un des principaux polluants de l'air intérieur et provient presque exclusivement du mobilier intérieur. Il existe déjà une solution de filtration du formaldéhyde : le charbon actif.
Mais, selon Yves Bigay, le charbon actif est imparfait. Il capte le formaldéhyde dans ses pores, mais le relâche rapidement. PureTech, le matériau mis au point par Ethera, fixe durablement le formaldéhyde dans ses pores, sans relargage.
Avec des pores dont la dimension est de quelques nanomètres, un seul gramme de PureTech offre une surface de fixation ≥800 m². Lorsqu'il est neuf, non-encore saturé de polluants, PureTech est transparent. Il change de couleur au fur et à mesure qu'il se charge en polluants.
Lorsqu'un filtre PureTech devient marron, il faut le charger. Cette variation de couleur fournit un repère visuel et très simple pour la maintenance des filtres. Les filtres chargés sont incinérés pour détruire les polluants. Au cours de l'incinération, le matériau redevient de la silice, autrement dit du sable, et peut être réutilisé.
Selon Yves Bigay, pour garantir une bonne qualité de l’air intérieur (QAI) dans un bâtiment, il faut réunir trois moyens, plutôt que les opposer : ventiler, filtrer l'air, rechercher et éliminer les sources de polluants. Une bonne ventilation est naturellement le moyen principal pour obtenir une bonne QAI.
Mais, en se souvenant des épisodes de pollution, chaque année plus nombreux, plus longs, plus intenses en Île-de-France, en Alsace, à Grenoble, Lyon, Marseille, etc., on ne peut plus considérer qu'apporter de l'air extérieur en quantité soit toujours une solution suffisante.
Il faut donc filtrer l'air neuf et éventuellement l'air recyclé. Recycler une partie de l'air extrait permet de réduire les déperditions thermiques par renouvellement d'air, donc de réduire le consommation d'énergie. Il faut aussi maintenir l'installation de de ventilation : nettoyer les gaines, changer les filtres, etc.
Ainsi, reprend Yves Bigay, dés qu'une pollution est détectée, il faut en déterminer la source et l'éliminer. Comme le formaldéhyde provient pour l'essentiel de l'ameublement, les décideurs doivent tenir compte de l'étiquetage des meubles et des produits de la construction décidé en mars 2011 et les choisir en fonction de leurs émissions de polluants.
Pour l'instant, l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, www.anses.fr) a fixé la valeur-guide du formaldéhyde à 10 μg/m3 dans les logements, à 30 μg/m3 dans les écoles, avec pour but d'y descendre rapidement à 10 μg/m3.
Selon une évaluation de l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur, plus de 50% des logements montrent une valeur de 20 μg/m3 pour le formaldéhyde. Bref, Ethera voit un vrai marché s'ouvrir devant elle.
Mais, comme souvent, pour les entreprises françaises très innovantes, son premier et principal marché pour l'instant est la Chine où, face à une pollution de l'air très importantes, les habitants s'équipent d'épurateurs d'air intérieur : 1 million vendus en 2013