Selon Jacques Chanut, président de la Fédération française du Bâtiment, le secteur du logement neuf suscite aujourd’hui de l’espoir grâce aux récentes mesures gouvernementales, tels que le dispositif Pinel, le PTZ +, et le plan de relance d’août 2014. Résultat : la FFB table sur la production de 360 000 logements neufs en 2015 (contre 340 000 réalisés l’année dernière).
Du côté du non résidentiel neuf, en revanche, les prévisions de la FFB ne sont pas très optimistes puisqu’elle prévoit une poursuite de la baisse de secteur. Hors locaux agricoles, le repli des mises en chantier atteint -1,6 % avec seulement 17,9 millions de m2 de surface de chantier. Les bâtiments industriels devraient cependant mieux s’en sortir en 2015, grâce à la légère reprise de l’activité économique.
Enfin, le segment de l’amélioration-entretien, devrait repartir, dans le logement, grâce à la mise en place du Crédit d’impôt transition énergétique (CITE) et de l’écoconditionnalité (RGE).
L’organisation professionnelle regrette cependant « le calendrier serré » du CITE ; l’application de cette aide fiscale sera limitée dans le temps c’est à dire jusque la fin de l’année 2015. C’est la raison pour laquelle, la FFB a lancé une vaste campagne de communication sur le sujet.
Pour Jacques Chanut, le secteur de l’entretien-améliration demeure néanmoins hésitant à court terme, et sera sans doute décevant à moyen terme, compte tenu des espoirs et des besoins liés au marché de la rénovation énergétique.
Ainsi au final, et en termes d’activité globale, la FFB prévoit une baisse de 1,5 % du secteur, avec respectivement -3,8 % pour le logement neuf, - 9,4 % pour le non résidentiel neuf et + 1,7 % pur l’amélioration-entretien. Conséquence de cette baisse d’activité : la perte de 30 000 équivalent-emplois à temps plein sur l’année en cours. Cette destruction d’emplois sera liée, selon l’organisation professionnelle, essentiellement au non remplacement des départs à la retraite et des changements de secteur.
Si Jacques Chanut se félicite que le Bâtiment commence à entrevoir le bout du tunnel, il souhaite cependant que le gouvernement ne relâche pas ses efforts sur le marché des primo-accédants (avec un nouvel allongement des différés de remboursement du PTZ+ pour les ménages modestes).
Autre souhait de l’organisation professionnelle : l’arrêt des nouvelles obligations et normes de construction, notamment dans le domaine énergétique ainsi que la stabilité des mesures fiscales afin d’inciter les investisseurs privés à revenir sur le marché.
Autre inquiétude évoquée par Jacques Chanut : la mise en place du compte pénibilité (voir l'explication du dispositif ici) qui s’imposera au secteur du Bâtiment dès janvier 2016. Alors que la mission parlementaire confiée à MM. Sirugue et Huot, relative à la simplification du dispositif, se termine bientôt, la FFB exprime sa vive inquiétude sur le sujet.
Selon le président, les entreprises sur le terrain ne décolèrent pas sur ce sujet, notamment en ce qui concerne la fiche individuelle de suivi, source de litiges inévitables entre le salarié et son employeur (car source de contestation au sujet des seuils d’exposition relevés dans la fiche).
« Nous sommes prêts à payer la taxe liée au dispositif et accepter que nos salariés, en situation dite pénible, partent deux ans plus tôt à la retraite. Mais la fiche individuelle prévue par la Loi, n’est pas applicable à nos métiers, en raison de la diversité des missions effectuées par nos salariés », explique fermement Jacques Chanut.
Ce dernier qui réclame un "filtre médical et une évaluation au cas par cas," de l’état de santé des salariés, estime que la démarche de Prévention n’est pas consolidée dans le cadre du Compte pénibilité. « Pour nos entreprises, ce dispositif est seulement vécu comme une sanction administrative » conclut le président de la FFB.