Les chutes de hauteur font partie des premières causes d’accident de travail dans le BTP où elles représentent 16% des accidents et sont la première cause d’accidents graves et mortels (30% des décès)*.
En 2012, les chutes de hauteur ont provoqué plus de 17 000 accidents avec arrêt de travail dans le BTP et 29 décès qui résultent surtout de chutes de toitures, terrasses, verrières et aussi d’échafaudages. Les principales causes sont l’absence de protection collective et de filet de sécurité ou sont liées à des dispositifs défectueux.
Et pourtant les protections ne manquent pas afin d’assurer des travaux en toute sécurité.
Les garde-corps et filets sont utilisés principalement par tous les corps de métiers travaillant en hauteur lors de l’installation des produits ou de leur entretien : couvreurs, étancheurs, charpentiers métalliques mais également des professions plus inattendues telles que les personnes en charge de la maintenance d’installations de climatisation ou de ventilation placées sur les toits.
Le marché du garde-corps permanent est aujourd’hui un marché mature. Porté par la ratification des normes EN ISO 14122-3 puis NF E 85-015, il a connu une belle croissance au début des années 2000 mais a ralenti en 2011. « De nombreuses PME-PMI de différentes origines, importateurs, spécialistes de la sécurité… se sont positionnés sur le marché en présentant des solutions plus ou moins performantes avec parfois une libre interprétation des normes.
Leur communication est équivoque : “Conformes aux essais de la norme”, ils ne sont donc conformes qu’à une partie de la norme, et donc non conformes à la norme… mais ce n’est pas toujours facile d’expliquer ces importantes subtilités aux clients », déplore Edouardo Da Rocha de Frenehard & Michaux.
« Pour les garde-corps temporaires, c’est un marché en croissance, mais il pourrait être encore plus performant », ajoute ce dernier. Ainsi, en 2000, il y avait moins de 10 acteurs industriels, aujourd’hui, on en dénombre une trentaine, sans compter les ferronniers chaudronniers, serruriers…
« La France étant leader et précurseur sur le marché du garde-corps technique européen », souligne un représentant de chez Alsolu. Pour ce dernier, « le marché du garde-corps connaît une expansion durable depuis plusieurs années », « essentiellement “tiré” par la législation et certainement par une sensibilité accrue à la sécurité de tous les acteurs, y compris les entreprises de mise en œuvre », ajoute E. Da Rocha.
Alsolu a apporté des solutions techniques sur l’ergonomie et le conditionnement de ses produits. « Nous sommes partis du constat que l’installation sur toiture-terrasse des garde-corps techniques demandait, dans une zone à risque, un nombre d’opérations de manutention élevé, des distances importantes à parcourir et des pièces parfois lourdes à porter, comme les plots de lestage de 25 kg.
Nous avons donc répondu à deux objectifs primordiaux, ceux de garantir la sécurité et la santé des installateurs de nos équipements et d’obtenir des temps d’installation et de montage plus courts ». Pour Christophe Deleau, directeur technique chez Layher, la principale innovation de ces dernières années concerne la sécurité collective avec le lancement du procédé de pose du garde-corps avant d’être sur la plate-forme ou sur l’échafaudage.
Et pour Frenehard & Michaux, « la principale évolution technique réside dans la prise en compte de l’isolation. A l’heure où on parle de réglementation thermique, de bâtiments isolés, les industriels se sont penchés sur les solutions permettant à la fois de sécuriser les interventions ultérieures sans compromettre l’étanchéité du bâtiment ».
Aujourd’hui, les tendances architecturales font évoluer l’utilisation des toitures terrasses. Cet espace, jadis invisible au public, s’ouvre peu à peu et devient une partie intégrante du paysage urbain (toiture végétalisée, potager urbain…).
D’où la nécessité de concevoir des garde-corps plus esthétiques qui se fondent dans l’environnement et qui répondent aux normes de sécurité d’accessibilité au public.
Certains fabricants l’ont bien compris et proposent des lisses et sous lisses redessinées pour obtenir un profil plus contemporain, des garde-corps rabattables et préconisent aussi un traitement de surface pour l’aluminium, par anodisation pour une meilleure résistance à la corrosion et thermolaqué pour un choix varié de couleurs et de brillances.
D’un côté plus pratique, les industriels penchent aussi sur plusieurs pistes dont la réduction du temps de pose pour permettre aux installateurs d’optimiser leur chantier. La gamme de garde-corps en aluminium Securiguard de F&M sans aucune visserie ou rivet grâce au nouveau système de lisses à clipser en est un exemple.
*Source : INRS
Lancé officiellement lors des Rencontres des Métiers du gros œuvre à Toulouse en septembre, ce nouvel ouvrage, élaboré par la FFB, l’UMGO, l’OPPBTP et la Cnamts, s’intéresse à toutes les phases d’un chantier brique, de la conception, à la réalisation et plus particulièrement à la sécurité et au confort de travail sur chantier.
Destiné aux entrepreneurs de maçonnerie bien sûr mais aussi aux maîtres d’œuvre, maîtres d’ouvrage… il permet de clarifier de nombreux points rencontrés par les professionnels. Les règles de mise en place des échafaudages y sont détaillées.
Le lecteur trouvera aussi les préconisations pour les protections collectives avec fixation dans la structure, appelées “protections plaquées”. L’efficacité de ces protections dépend de la bonne exécution des murs en maçonnerie et de la bonne installation des différents éléments.
Le Guide formule donc 10 préconisations concrètes pour assurer la mise en œuvre correcte de ces équipements qui est peu documentée (en l’absence de normes ou de règles techniques).
Vincent Michel, 38 ans, gérant de Caen Couverture |
Batirama : Pouvez-vous nous présenter votre société ?
Vincent Michel : Caen Couverture, basée à Mondeville (14) près de Caen, est une entreprise spécialisée dans les travaux de couverture, de zinguerie et d’étanchéité. L’entreprise compte 27 personnes, un gérant, un chargé d’affaires, un conducteur travaux, une secrétaire comptable et 23 salariés sur le terrain. Nous intervenons dans tous les domaines et notre clientèle se compose aussi bien de particuliers, que d’industriels, de collectivités, de bailleurs sociaux.
Quels sont les plus grands risques sur les chantiers ?
Nous avons une dizaine d’équipes chacune composée de deux personnes et des apprentis qui sillonnent le département du Calvados. Nous effectuons environ une vingtaine de chantiers mensuels sans compter les petites interventions (quelques heures à une journée), et le plus grand risque est sans aucun doute la chute de hauteur. Mais nous sommes également soumis à la difficulté d’en faire prendre conscience à nos clients.
Sur les chantiers publics et les gros chantiers privés, nous ne rencontrons pas trop de problème mais c’est surtout avec les particuliers. La sécurité (échafaudage, garde-corps, filets…) sur certains chantiers peut représenter 30% du montant total du marché. Et malheureusement, depuis la crise il y a beaucoup d’entreprises qui font des économies sur la sécurité, nous c’est notre cheval de bataille et parfois c’est difficile de vendre notre métier et la sécurité qui va avec. Mais nous ne faisons jamais sans, même si ça peut nous pénaliser par rapport à la concurrence.
Le Code du travail et le décret du 1er septembre 2004, précisent que la protection collective doit être privilégiée à la protection individuelle. Il est obligatoire de mettre en place des éléments de sécurité de type garde-corps technique… conformes à la norme française NF E85-015 et européenne EN ISO 14122-3.
Les responsabilités du chef d’entreprise : “Le fait de causer, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou les règlements, la mort d’autrui constitue un homicide involontaire puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende”. (Art. 221-6 du Code pénal)
Tout travail réalisé avec risque de chute dans le vide doit être sécurisé par une protection collective (Art. L. 233-13-20 du Code du travail)
Garde-corps : Les échafaudages utilisés pour exécuter des travaux sur toitures doivent être munis de garde-corps (Art. 157 du Décret n°65-48) et (Art. L. 233-13-20 du Code du travail). Garde-corps permanents : Normes EN ISO 14122-3 et NF E 85-015 et Garde-corps temporaires : NF P 93-355 – Normes pour les garde-corps pour travaux d’étanchéité (oct. 2010) et EN 13374 (A, B, C) Garde-corps périphériques temporaires (mise à jour en juillet 2013).
Filets de sécurité : Les filets de sécurité doivent être conformes à la norme EN 1263-1 et 2 qui définit les caractéristiques de fabrication et de mise en œuvre de ces filets destinés à retenir personnes et objets après une chute d’un max de 6 m. (Art. L. 233-13-20 du Code du travail)
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Il faudrait que vous revoyiez précisément les articles du code du travail.....