Vu de France, Legrand domine assez nettement le marché de l’appareillage électrique et semble collaborer avec aucun autre fabricant. Mais à Francfort, Legrand est challenger, met en avant ses ambitions et ses solutions intelligentes conçues avec d’autres. Saviez-vous, par exemple, que Legrand possède une offre de GTB déjà étendue et reposant sur des solutions ouvertes ?
Sur son stand du hall 11.1 du salon Light+Building, Legrand montre trois éléments pour lesquels il est moins connu en France : son appareillage électrique de forte puissance, ses multiples collaborations avec d’autres entreprises dans le monde de la domotique et son offre de GTB ouverte.
Commençons par sa GTB. Cette offre est apparue chez Legrand depuis trois ans, révèlent-ils... Au début, elle était consacrée au petit et moyen tertiaire, mais progresse depuis vers des bâtiments de plus en plus importants. Il semble que Legrand soit en discussion pour la GTB de plusieurs bâtiments à La Défense.
Elle est axée initialement sur le pilotage de l’éclairage par KNX et DALI (le bus de communication ouvert dominant en éclairage), avec des passerelles KNX/Dali, des automates KNX sur paire torsadée et en KNX sur IP. Bref, toute la panoplie nécessaire.
Legrand pilote également les régulations terminales des appareils CVC (ventilo-convecteurs, plafonds chauffant-rafraîchissant, ventilation, …) à travers des automates KNX qui adressent ces régulateurs soit en 0-10 V soit directement en KNX.
Legrand sait même piloter les appareils de climatisation à détente directe de plusieurs fabricants : Toshiba, Hitachi, Mitsubishi Electric et Daikin. C’est vraiment intéressant, car les protocoles de ces fabricants sont notoirement fermés.
Cette possibilité est le résultat d’une collaboration internationale qui produit ses effets dans trois domaines : l’hôtellerie, les bureaux et la domotique. En GTB pour l’hôtellerie et les bureaux, le système passe par une communication Ethernet sur TCP/IP entre les automates de Legrand et les automates de chaque fabricant de climatisation.
Techniquement, cela signifie une passerelle entre la GTB Legrand et TCP/IP, une autre entre TCP/IP et les réseaux spécifiques des fabricants de climatisation. Avec probablement un échange de messages par Web Services sur TCP/IP. Mais là, nos interlocuteurs sont devenus moins précis.
Legrand complète sa GTB par un tableau de bord pré-programmé qui sait récupérer toutes les consommations d’énergie et d’eau pour les afficher de manière cohérente. Cet outil logiciel est simple à paramétrer. Il récupère les données des automates Legrand, mais aussi de ceux d’autres marques.
Le fabricant semble avoir conçu sa GTB, moins en termes d’appareillages – proposer une large offre d’actuateurs pour chaque type d’appareil – qu’en termes d’usage des locaux pilotés : de quoi a-t-on besoin dans une chambre d’hôtel, dans des bureaux ?
Ce qui l’a conduit à initier des collaborations avec d’autres marques, parce que l’utilisateur final d’une GTB, les gestionnaires d’un hôtel, par exemple, ont besoin d’une réponse globale. Et non de la juxtaposition de plusieurs GTB, l’une pilotant l’éclairage, l’autre la clim à détente directe, etc.
En domotique, les découvertes sont encore plus surprenantes qu’en ce qui concerne la GTB. En effet, l’offre domotique de Legrand et de sa filiale italienne Bticino n’est pas un système fermé sur lui-même. Bien au contraire ! C’est un système ouvert presque en totalité.
Legrand a créé une communauté de développeurs auxquels il donne accès au code de MyHome. Ce qui leur permet de créer toutes sortes d’applications. Vous trouverez tout le détail à l’adresse http://www.myopen-legrandgroup.com/. Le fabricant est également en train de faire évoluer la manière dont in configure une installation MyHome.
Jusqu’à présent, il faut manœuvrer des cavaliers sur chaque appareil connecté. Legrand prépare pour 2017 un petit serveur web qui sera installé sur un réseau MyHome. Grâce à des Web Services, il permettra de paramétrer graphiquement par Drag and Drop le réseau MyHome à partir de n’importe quelle tablette, smartphone ou ordinateur.
Pour élargir les fonctionnalités de MyHome, l’industriel a choisi deux directions. Premièrement, il collabore au développement d’autres protocoles de communication que son bus propriétaire SCS. Il est, en effet, membre de la ZigBee alliance, travaille avec Nest au développement de Weave.
Il est même membre de AllSeen Alliance, un regroupement mondial qui nous avait échappé jusqu’à présent et qui se consacre à l’interopérabilité des matériels et des services pour le monde des objets connectés.
De leur propre aveux, c’est un peu la même chose que Weave et cela correspond aussi aux ambitions de KNX dont ils sont membres aussi et aux possibilités de la nouvelle spécification ZigBee 3.0. Si Legrand est présent partout, c’est pour un peu orienter les travaux, mais surtout pour être prêt si un développement remarquable intervient dans l’un de ces groupes.
La seconde direction empruntée par Legrand pour élargir les fonctionnalités de MyHome est un petit boîtier baptisé Driver Manager. Sur un réseau MyHome, le fabricant est capable d’ajouter d’autres protocoles grâce à ce driver manager.
Pour parler à la station météo et au thermostat Netamo, il a suffi d’ajouter le driver – un petit bout de logiciel – Netamo dans le driver manager. Même chose pour piloter les lampes Philips Hue ou LIFX. Le driver manager est une passerelle contenant un serveur web dans lequel Legrand programme de nouveaux drivers.
Pour l’instant, il est capable d’en utiliser jusqu’à sept différents en même temps. Mais la base de données de drivers réalisée par Legrand ne cesse de s’étoffer. L’installateur du réseau MyHome doit choisir quels drivers charger dans le driver Manager, parmi les dizaines disponibles.