En voie d’achèvement, cette longère de 145 m2 de plain-pied, située dans le bocage vendéen, a de quoi séduire. De conception bioclimatique, elle bénéficie d’un ensoleillement maximal dans les pièces à vivre, orientées au sud.
La solution retenue pour sa construction, alliant une enveloppe en béton de chanvre et une ossature bois traditionnelle, respecte l’identité régionale. Les angles arrondis de ses murs des faces Nord et Est rappellent les bourrines, modestes maisons aux murs en terre et au toit de roseau, typiques du marais nord-vendéen.
Le choix constructif induit une belle performance énergétique, avec une consommation d’énergie primaire prévue autour de 35kW/m².an, doublée d’un grand confort d’usage et d’un impact environnemental réduit (matériaux biosourcés, peu transformés, issus d’un circuit de proximité).
La maison sera équipée de panneaux solaires, d’un chauffe-eau thermodynamique et ses eaux usées seront « phyto-épurées» au moyen d’un Filtre Planté de Roseaux (FPR).
Le concepteur du projet, Jean-Marc Naumovic, pratique une architecture écologique et durable, en phase avec son environnement. Il a choisi d’utiliser au maximum le chanvre, un matériau qu’il promeut à travers l’association Construire en Chanvre, qu’il préside.
Les panneaux isolants et la chènevotte (paille de chanvre) utilisés ici ont été fournis par Biofib’Isolation, un fabricant qui exploite localement la plante. Une entreprise artisanale de Loire atlantique, Perspirance, a mis en œuvre du béton de chanvre au sol, sur les murs et en toiture, se formant à cette occasion à la projection mécanique du produit, avec l’assistance de Construire en Chanvre.
Les proportions de chènevotte et de chaux, le taux d’humidité ainsi que le type de chaux varient en fonction des caractéristiques de résistance thermique et mécanique qui sont souhaitées. Pour l’ensemble des murs, un mélange de chènevotte (Biofibat, de chez Biofib’Isolation), de chaux blanche (Nathural de chez Lafarge), et de chaux grise (Thermo de chez BCB), a été projeté mécaniquement sur un coffrage en bois, sur 35 cm d’épaisseur, puis lissé et égalisé.
Bon isolant thermique, le béton de chanvre confère une très bonne inertie au bâti, et améliore le confort hygrothermique, été comme hiver. Son principal atout est sa capacité naturelle à réguler l’hygrométrie de l’habitat, par absorption/restitution de l’humidité. Les problèmes de condensation et de moisissure sur les parois sont ainsi limités.
Afin de conserver cette précieuse « perspirance » des murs, qui permet la migration de la vapeur d’eau dans l’épaisseur des murs, la finition consistera en un enduit argile à l’intérieur, et en un enduit à la chaux ou un bardage bois, selon les parties, à l’extérieur.
Un béton de chanvre a permis d’isoler la dalle béton du sol et un mélange moins dosé en chaux a isolé une partie de la toiture, tandis que le reste était garni de panneaux isolants semi-rigides 100 % chanvre (Biofib’chanvre) sur 320 mm d’épaisseur.
Pour compléter l’isolation des parois intérieures, ces mêmes panneaux ont été choisis pour une paroi centrale (en 145 mm) et des panneaux semi rigides, épais de 45 mm, en papier recyclé et fibres de chanvre (Biofib’ouate), ont été posés sur certaines cloisons distributives afin d’améliorer le confort sonore et de réduire la propagation des vibrations dans la structure bois. Au terme des 10 mois de travaux, cette maison devrait offrir un niveau de confort optimal !
Utilisable pour les murs, le sol, la toiture et les enduits intérieurs, le béton de chanvre progresse ces dernières années (+20 % par an), porté par des Règles Professionnelles d’exécution qui permettent l’assurabilité des ouvrages.
Depuis que ces dernières existent (2013), 1 000 à 1 500 équivalent-maison ont utilisé ce matériau, qui s’accorde aux architectures les plus variées. La plupart des réalisations correspondent cependant à une rénovation de bâti ancien, du fait de la compatibilité du béton de chanvre avec des constructions en terre, en pierre, en brique…
« La qualité de la chènevotte, bien calibrée et dépoussiérée, est déterminante pour une mise en œuvre facilitée et un ouvrage pérenne», indique Olivier Jeadeau, directeur de Biofib’Isolation (Cavac Biomatériaux).
« La chènevotte autorisée dans le cadre des règles professionnelles doit être certifiée ; la nôtre dispose de la certification Construire en Chanvre. » 90 % de l’activité du fabricant sont réalisés en Vendée, où est cultivée la plante.
« Nous sommes les seuls en Europe à disposer de l’ensemble des process industriels, depuis la récolte, par environ 150 agriculteurs affiliés à la coopérative Cavac, jusqu’aux produits finis, chènevotte, rouleaux et panneaux, qui ont un niveau de performance technique très important.» La maitrise de la filière, associée aux nombreuses qualités du chanvre et à son bilan environnemental exceptionnel, font plus que jamais de ce produit naturel un matériau d’avenir* !
*Des essais récents menés au CSTB montrent que la résistance efficace du béton de chanvre est 20 à 50 % supérieure à la résistance déclarée (qui est de 4,5 pour les murs).