Lors du salon Intersolar 2016, les deux thèmes principaux étaient le stockage d’électricité et l’autoconsommation. Cela vient du fait qu’année après année, les coûts d’un système photovoltaïque installé ne cessent de baisser.
Ce mouvement continu, ajouté à l’augmentation des rendements des panneaux, des onduleurs et à l’accroissement de leur durée de vie, se traduit finalement par une baisse spectaculaire du coût de production du kWh photovoltaïque issu d’installations posées sur les bâtiments.
Du coup, il devient économiquement rentable d’autoconsommer les kWh photovoltaïques produits sur site, plutôt que de les vendre au réseau même à un tarif de rachat motivant.
La parité réseau – le moment où le kWh acheté au réseau devient plus cher que le kWh photovoltaïque produit sur site – est atteint pour de nombreux types d’installations et dans de nombreux pays.
Selon les intervenants lors des conférences à Intersolar 2016, la parité réseau est atteinte pour les clients domestiques dans 20 Etats des Etats-Unis. Elle l’est également pour ce même segment de clientèle en Italie, en Allemagne, en Suisse…
En France, on ne le sait pas assez, la parité réseau est atteinte pour les gros consommateurs tertiaires, notamment les super et hypermarchés.
Lors d’une intervention à Intersolar, Daniel Bour, le président du SER (Syndicat des Energies Renouvelables) indiquait pour la France un prix de revient de 7 à 8 c€/kWh aujourd’hui pour des installations PV au sol ou sur de grandes toitures, avec une durée d’exploitation de 20 ans.
Depuis janvier 2015 et la disparition des tarifs régulés, un hypermarché Leclerc de Toulouse a négocié de nouveaux contrats et achète son électricité au réseau 8,5 - 9 c€ TTC/kWh en moyenne, y compris les taxes locales.
Depuis le 1er janvier, il existe une nouvelle incertitude sur ce prix. En effet, le TURPE (Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Electricité) ne figure plus dans le prix du kWh, il est désormais calculé et payé en fin d’année, en fonction du total des consommations enregistrées sur l’année.
Aidé par la société Imélia, fondée en 2008, cet hypermarché Leclerc s’est équipé d’une installation photovoltaïque de 404 kWc sur ombrières. Rencontrée à Intersolar, l’entreprise française Imélia, qui a réalisé l’étude et l’installation, a obtenu une garantie de 30 ans sur les panneaux PV Solarworld Protect Bi-verre, de 5 ans sur les onduleurs SMA.
Le calcul économique réalisé sur une durée de vie de 25 ans donne pour cette installation, un prix du kWh de 7c€, amortissement et remplacement des matériels compris. Cette réalisation a été facilitée par une disposition de la loi Macron qui permet d’amortir 140% de certains investissements.
Initialement prévue pour 2016 seulement, cette disposition a été étendue à 2017. Imélia a déjà traité trois autres affaires similaires qui sont en cours d’équipement. On peut sans trop de risque, parier que d’ici fin 2017, la plupart des hypermarchés français seront équipés.
Lorsque la parité réseau est atteinte et qu’il devient économiquement rentable d’autoconsommer les kWh PV produits sur site, il faut maximiser cette autoconsommation.
A Intersolar, de nombreux exposants proposaient des solutions de pilotage des installations électriques dans le but de maximiser l’autoconsommation.
Pour la clientèle domestique, par exemple, SMA mettait en avant une solution très complète. Composée d’un onduleur SMA Sunny Boy Smart Energy qui embarque également un stockage d’électricité de 2 kWh, de l’automate Sunny Home Manager qui gère l’installation, de prises pilotables en Bluetooth par le Sunny Home Manager et d’un compteur d’énergie intelligent.
Le Sunny Home Manager charge le stockage, le décharge, enclenche les prises télécommandées, fait appel au réseau … dans le but de maximiser l’autoconsommation. Il donne également accès au portail Internet Sunny Portal qui permet au client d’accéder à toutes ses données : production, consommation totale, autoconsommation, quantités achetées au réseau, etc.
Derrière les prises Bluetooth, se trouvent les gros appareils électroménagers du logement : machines à laver, séchoir, lave-vaisselle, production d’ECS... que le système met en route de préférence lorsque la production PV est abondante.
Le fabricant allemand Solarworld va encore plus loin. Il propose tous les composants de l’installation, depuis les panneaux jusqu’à la gestion de l’autoconsommation, en passant par le stockage.
Ses panneaux Sunmodule Protect bénéficient d’une garantie exceptionnelle : un rendement ≥86,85 % au bout de 30 ans. Ses onduleurs SunPlug eco sont disponibles pour des puissances de 1200 à 5500 Wc.
Au-delà, pour des puissances supérieures, il distribue les onduleurs Kostal de 3 à 20 kW. Son stockage SunPac LiOn existe pour des capacités de 2 à 12 kWh, par pas de 2 kWh.
Ensuite, Solarworld propose l’automate Suntrol eManager pour gérer l’ensemble et piloter une pompe à chaleur ou un ballon thermodynamique. Le eManager se monte sur des rails Din sur le tableau électrique du logement.
L’application Suntrol MyHome permet au client de piloter et de monitorer son installation, tout en archivant toutes les données sur site : historiques et production, de consommation, d’appels au réseau, etc.
Le portail internet Suntrol Portal est destiné aux installateurs. Il leur offre une solution simple pour suivre tous leurs systèmes installés chez divers clients, monitorer leur comportement, recevoir des alertes de défauts, des conseils pour proposer à leurs clients de nouvelles actions pour maximiser l’autoconsommation, etc.
Nous vous avons déjà parlé d’Iméon, cette entreprise Brestoise, qui fabrique des automates de pilotage des installations de production PV, de stockage d’électricité, etc.
Elle n’était pas la seule entreprise française à Intersolar 2018 à œuvrer dans ce domaine. Un pavillon français rassemblait une dizaine de petites entreprises à Intersolar. Parmi elles, le lyonnais Rtone a développé tout une offre de monitoring de la production photovoltaïque de petites et moyennes installations jusqu’à 100 Wc.
Destiné avant tout aux installateurs, l’application Web Rbee Solar leur permet de suivre à distance leurs installations pour le compte du client final, à l’aide d’un compteur communiquant par GSM/GPRS.
En utilisant les images satellites de données d’irradiation, la solution Rbee Solar vérifie en permanence la fiabilité de son analyse. Pour le particulier, Rtone a développé une application Web, plus simple, WatchMyPV qui repose uniquement sur les images satellites et ne requiert donc l’installation d’aucun matériel sur place.
Rtone est également le distributeur pour la France, l’Italie et la Belgique de l’automate britannique immerSUN. Il analyse la consommation du logement en fonction de la production PV et dirige le surplus vers le ballon d’eau chaude électrique ou un chauffe-eau thermodynamique pour maximiser l’autoconsommation PV de manière très simple.
Bonjour, très bonne analyse. Au bout du compte et comme d'habitude, prions pour que les politiques n'interviennent pas comme ils semblent régulièrement tentés, avec les résultats les plus souvent contraires aux objectifs d'économies réelles. FC
L’environnement technique et économique de la production PV, de son stockage et de son autoconsommation change très vite, pour au moins deux raisons. Premièrement, Fred ci-dessous a raison : le prochain avènement du BEPOS modifie sensiblement la donne. Dès 2018, les bâtiments publics neufs, puis en 2020 tous les bâtiments neufs, devront être BEPOS. Cela implique plusieurs centaines de milliers d’installations PV par an, de toutes surfaces et puissances. De quoi ré-intéresser les installateurs et faire baisser les coûts d’installation, donc le prix du kWh PV sur 20 ans, encore plus vite. Ensuite, à court terme le marché du PV et de son autoconsommation en France sera tiré par les gros consommateurs d’électricité, notamment par ceux qui disposent de larges surfaces planes en toiture ou au sol. Pensez aux hyper- et supermarchés pour lesquels, la production PV est dès à présent moins chère que le kWh qu’ils peuvent acheter au réseau. Ils n’ont pas besoins d’aides publiques sous forme de tarifs de rachat avantageux. Ils savent apprécier chaque installation en fonction de sa rentabilité économique. Ce qui les intéresse, en revanche, c’est une stabilité de l’environnement fiscal et réglementaire sur 5 ans par exemple. Est-ce que le régime d‘amortissement accéléré de la Loi Macron sera maintenu au-delà de 2017, si oui jusqu’à quand, etc. C’est ce genre de réponse que les acteurs attendent. Toutes ces considérations s’ajoutent à la dynamique propre à l’industrie du PV, du stockage et des automates de pilotage : baisse des coûts, augmentation des rendements, fiabilité et longévité accrues, etc. Bref, nous entrons dans une nouvelle phase de développement rapide du PV, qui ne grève pas les Finances Publiques, ni n’accroît les coûts (en l’absence d’aides publiques nouvelles pour le PV, pas de coûts collectifs à répartir) pour les consommateurs d’électricité. Prions pour que personne ne la compromette stupidement.
C'est vrai, Daniel Bour préside Enerplan et non le SER (Syndicat des Energies Renouvelables) : inqualifiable erreur de ma part.
Bonjour, si l'autoconsommation est valable aussi pour les particuliers, mais il ne faut pas se contenter d'installer des Kits 3kW mais plutôt sortir du précept EDF et attaquer avec 10kW de panneaux pouvant produire au moins 10 0000Kwh/an. Et plus tard installer les kits batteries en plein développement. C'est EDF qui parasite l'essor du photovoltaïque avec sa politique de gestion des ENR stupide! FC, spécialiste en énergie.
@Olibiobus... Si on désire faire de l'autoconsommation sans stockage, les puissances à installer sont faibles, entre 500 et 1000 W. On trouve en cherchant bien le matériel nécessaire pour moins de 1,8€ le watt crête. Si on installe le matériel soi même on a un rentabilité en 10 ans dans le nord de la France pour du matériel qui maintenant est garanti 25 à 30 ans.
Il est clair que dès 2018 avec le bepos généralisé l'autoconsommation va prendre une ampleur énorme. Sur les nouveaux bâtiments le photovoltaïque sera la norme. Les rachats se feront au tarif marché. le stockage et l'autoconsommation seront donc généralisés. Les volumes ne seront pas négligeables, 400 à 800 MW par an.
L'autoconsommation est un leurre voire une arnaque du moins pour les petits producteurs. En effet une installation photovoltaïque de 3kW ne pourra pas être très utile sachant que les 3kW de puissance sont obtenu par plein soleil vers midi. Or une plaque électrique, une machine à laver, un ballon d'eau chaude ont besoin d'une puissance de 1 à 2kW et pas forcément à midi ! Par ailleurs, sur une année, l'installation photovoltaïque produira environ 3000 kWh. La consommation électrique annuelle d'un foyer français dépasse souvent les 6000 kWh et encore sans chauffage électrique. Il vaut donc mieux vendre l'électricité produite que l'autoconsommer ! Pour une maison isolée, l'autoconsommation pourrait s'envisager mais il faut plus de 3kW (ou alors être très sobre en conso électrique) et il faut également des batteries, un chargeur et un onduleur; ça fait très cher de l'installation pour être autonome !
L'article ne mentionne pas de la surface minimum pour la rentabilité optimale
Avis à Pascal POGGI : Daniel Bour est le Président du syndicat ENERPLAN pas celui du SER... Les lecteurs auront rectifié eux mêmes...
platine
Ceci étant dit, il me semble dommage que la "petite" autoconsommation ne soit pas plus encouragée. 250 à 500 w de puissance crête, juste de quoi couvrir le "bruit" de fond de la maison. En autoinstallation, cela fait une rentabilité sur 10 ans et cela est maintenant légal avec les compteurs Linky.