A la suite du premier choc pétrolier, il fut décidé en 1974 d’économiser la ressource énergétique : la première réglementation thermique pour les bâtiments était née, d’autres suivront… L’isolation thermique des bâtiments se développe rapidement avec la mise en place d’isolant derrière une contre cloison, puis des complexes de doublages collés (plâtre et isolant) apparaissent sur le marché. Du point de vue isolation, ce système est performant et l’est toujours ; le mur français s’est ainsi développé, mais également les ponts thermiques qui sont aujourd’hui dans le collimateur de la RT 2005. Si l’amélioration des performances énergétiques des bâtiments est un souci majeur, parce que nous sommes tributaires d’une ressource énergétique qui n’est pas inépuisable, il ne faut pas perdre de vue qu’en maîtrisant ces déperditions, on limite la production des gaz à effets de serre, préjudiciables pour la planète. Car l’abus d’énergie nuit gravement à notre futur, pour reprendre l’expression d’un célèbre thermicien.
A. Les déperditions surfaciques ou le défaut d'isolation thermique
Schématiquement, on distingue les déperditions par les surfaces horizontales ou verticales (mur, plancher, dallage, baies…), des déperditions par les abouts de planchers ou de dallages, dans ce cas, ces déperditions sont appelées ponts thermiques. Pour être complet sur ce sujet, il ne faut pas oublier une troisième forme de déperdition thermique, que sont les excès de perméabilité à l’air… Si l’on peut estimer les déperditions surfaciques verticales pour une maison individuelle à 58 %, les déperditions surfaciques à 14 %, celles des toitures à 8 %, et enfin les ponts thermiques à 20 %. Etre conforme à la RT 2005, c’est notamment comparer les déperditions thermiques de l’ouvrage à réaliser, avec celles d’un bâtiment, dit de référence et de même nature. Ces déperditions de référence sont fonction de la zone climatique et sont calculées en watt / (m2. K) ou en watt/ (m . K) pour les liaisons, à partir du tableau ci après.
PAROIS | Zone climatique | |
H1, H2 et H3 > 800 m | H3 £ 800 m | |
Murs | 0.36 | 0.40 |
Planchers hauts et toitures | 0.20 | 0.25 |
Planchers hauts en béton | 0.27 | 0.27 |
Planchers bas | 0.27 | 0.36 |
Portes non entièrement vitrées | 1.50 | 1.50 |
Portes et fenêtres vitrées | 2.10 | 2.30 |
Liaisons planchers bas/mur | 0.40 | 0.40 |
Liaisons intermédiaires/mur | 0.55 (maisons individuelles) | |
Liaisons autres plancher haut/mur | 0.50 (maisons individuelles) |
Toutefois, certaines parois peuvent être plus ou moins thermiquement performantes, c’est pour cette raison que la RT 2005 impose des valeurs minimales de performances, appelées garde-fous. (tableau ci-dessous)
PAROIS | GARDE-FOUS |
Murs en contact avec l'extérieur | 0.45 |
Planchers bas donnant sur l'extérieur | 0.36 |
Planchers bas donnat sur un vide sanitaire | 0.40 |
Planchers hauts en béton ou en maçonnerie | 0.34 |
Autres planchers hauts | 0.28 |
Fenêtres et portes fenêtres | 2.60 |
Coffres de volets roulants | 3.00 |
Prenons un exemple :
Soient les murs en blocs béton d’une maison individuelle, située en zone H1a, isolée par l’intérieur avec un doublage classique de type PSE + plâtre.La valeur de référence est de 0.36 et la valeur dite garde-fou de 0.45 (voir tableaux ci avant) Comment choisir un complexe d’isolation qui répondra aux exigences de la RT 2005 ? Le choix doit s’effectuer « au dessus » de la valeur garde fou, autrement dit avoir des performances plus élevées.
Par ailleurs et compte tenu de la zone géographique H1a, le doublage doit se situer au dessus de la valeur de référence de 0.36 watt /(m2.K), autrement dit au dessus de la ligne 3.La solution en PSE pourra se porter sur un produit (ils sont très nombreux) en PSE Th38, PSE Ultra Th ou PSE Ultra ThA, pour des épaisseurs de 80 ou 100 mm selon les exigences thermiques du maître d’ouvrage ou du maître d’œuvre.
Les deux échéances
Même si l’on attend la publication du décret et de l’arrêté (qui étaient prévus fin 2005), l’application de la RT 2005 sera applicable à tous les permis de construire déposés à partir du 1er septembre 2006. Mais ce n’est pas tout, car le premier janvier 2008 (dans un an et demi !) un nouveau tour de vis sera pratiqué sur les ponts thermiques... (voir www.rt2000.net )
Un contrôle avec le diagnostic thermique
Comme toute réglementation, la RT 2005 se positionne dans le registre réglementaire et par conséquent, est assujettie au contrôle. Mais de quels contrôles parle-t-on et disposons nous suffisamment de retours concernant l’application de la RT 2000, qui permettraient de tirer un enseignement de l’impact de cette réglementation ? Pour l’instant, on peut déplorer de ne pas en disposer. Ce qui va vraisemblablement changer avec la RT 2005, car il est précisé à l’article 10 du présent règlement, que le Maître d’Ouvrage doit fournir une synthèse d’étude thermique, au plus tard à l’achèvement des travaux. Fera ou fera pas, mais il faut savoir qu’un diagnostic thermique lui sera exigé lors de la location ou de la vente du bâtiment.
B. Les déperditions linéiques ou ponts thermiques
La résistance thermique d’une partie de l’enveloppe peut être affaiblie soit à cause de la pénétration de l’enveloppe par des matériaux à conductivité différente, soit à cause d’un changement local de l’épaisseur de matériau, soit à cause d’une liaison entre parois. Les ponts thermiques représentent 20 % de l’ensemble des déperditions thermiques d’une maison individuelle isolée par l’intérieur !
Schéma d’un pont thermique
Pour bien comprendre les notices techniques des fabricants de rupteurs thermiques, il est nécessaire de préciser que ces ponts thermiques linéaires sont identifiés par un coefficient, appelé y (prononcez psi) exprimé en W /(m.K). Plus « psi » est petit, meilleure est l’efficacité du rupteur, et inversement.Les valeurs règlementaires, dites « garde fous » de la RT 2000 et celles applicables dés le 1er septembre 2006 et après le 31 décembre 2007 sont et seront :
Ouvrages | Bâtiment | RT 2000 | RT 2005 | 1er janvier 2008 |
Planchers haut courant bas | Maison Individuelle | 0.99 | 0.75 | 0.65 |
Collectif | 1.10 | 1 |
| |
Tertiaire | 1.35 | 1.35 | 1.2 |
On constate que les exigences pour la maison individuelle sont les plus sévères, la raison est que l'offre industrielle de dispositifs pour limiter les ponts thermiques est la plus conséquentes. Ce qui est vrai
Limiter et non éradiquer les ponts thermiques
Les procédés de lutte contre les ponts thermiques ne visent pas à les éradiquer, mais à les contenir dans certaines limites – « psi ». Aujourd’hui cette limite est à 0.99 W/(m.K), mais passera à 0,65 W/(m.K) à la fin de l’année prochaine. Si la maîtrise de ce type de déperdition est fondamentale du point de vue thermique, la réduction des ponts thermiques contribue également à réduire un certain nombre de pathologies du bâtiment, comme des condensations, des moisissures à l’intérieur du bâti ou les fantômes, les fissurations à l’extérieur.Toutes ces pathologies sont particulièrement inesthétiques…
En attendant 2050
Les décrets et arrêtés ne sont pas encore publiés, mais il est déjà question de la version 2010. Un renforcement des exigences aura lieu et les modes constructifs devront probablement s’adapter, voire évoluer. Aujourd’hui, même si la contrainte réglementaire est présente, elle n’entraîne pas de bouleversement majeur du point de vue de la mise en œuvre…ce qui ne sera sûrement pas le cas à l’horizon de 2050, où il sera exigé de diviser par quatre la consommation énergétique des bâtiments par rapport à l'année 2000…car, (vous l’avez compris), il est urgent de réagir pour notre futur !
Source: batirama.com / Hubert Koenig
Le diagnostic de performance énergétique
Si la RT 2005 s’applique au bâtiment neuf, il ne faut pas perdre de vue que l’existant est également concerné par la thermique.En effet 59 % du parc immobilier français a été construit avant 1974 et ne répond pas nécessairement aux exigences actuelles.Afin d’inciter les maîtres d’ouvrages à réaliser des travaux, le DPE (Diagnostic de Performance Energétique) deviendra obligatoire à partir, du 1er juillet 2006 lors de la vente de biens immobiliers et du 1er juillet 2007 pour la location.
Les réservations de conduits de fumée
A compter du 1er septembre 2006, les maisons individuelles chauffées à l'électricité devront être équipées, lors de leur construction, de réservations destinées à recevoir un conduit de fumée. Cette obligation réglementaire, dont l'arrêté du 31 octobre 2005 est paru au Journal Officiel du 15 novembre 2005, s'inscrit dans le cadre de la réversibiltié du mode de chauffage dans les habitations individuelles. |
Quelques fabricants
Isolation thermique par l’intérieur
• BPB PLACO : Placomur Th38 et Doublissimo
• DELTISOL : Deltiplac Th
• KNAUF : Polyplac Th38 et Xtherm 32
• LAFARGE PLATRES : Prégystyrène th 38 et Prégymax 32
Isolation thermique par l’extérieur
• BPB PLACO : Cellomur
• ISOMAT – ALVISOL : Ravisol
• KNAUF : Knauf Therm F
• LAFARGE PLATRES : Unimat Façade
Pour en savoir plus
Téléchargement du guide de l’isolation thermique et acoustique en PSE, dans la construction (72 pages), à partir du site www.afipeb.org