Étanchéité de toiture terrasse : vérifiez les ouvrages en maçonnerie

Étanchéité de toiture terrasse : vérifiez les ouvrages en maçonnerie

Quand apparaissent des infiltrations d’eau par les toitures terrasses, les ouvrages d’étanchéité sont prioritairement incriminés. Mais parfois, l’origine du désordre peut se trouver dans l’ouvrage de maçonnerie associé à l’étanchéité.




 

Quatre années après la réception d’une salle de spectacle, un maître d’ouvrage déclare des infiltrations en plafond de l’une des salles. Celle-ci est située sous une toiture-terrasse constituée d’une dalle béton et d’un complexe d’étanchéité en chapes bitumineuses sur isolant. La terrasse comprend trois parties, dont une accessible avec des dalles sur plots, une autre inaccessible avec une protection gravillons et la dernière partie en terrasse jardin. Les terrasses sont limitées, en périphérie par des acrotères en béton armé et entre chaque type de terrasse par des murets en béton. Les relevés d’étanchéité sont protégés par des becquets préfabriqués en béton armé.

Infiltration en plafond


Lors la première réunion, l’expert constate l’existence d’une infiltration en plafond située sous le mur séparatif entre la toiture terrasse inaccessible et la toiture terrasse jardin. Il relève également des décollements de relevés d’étanchéité, en particulier sur le mur séparatif entre la toiture terrasse inaccessible et la toiture terrasse jardin. Enfin, des micro-fissures sont visibles sur les murets supports des relevés d’étanchéité. Par mesure conservatoire, les relevés décollés sont réparés. Mais cette mesure ne permet pas d’arrêter les infiltrations.

L’étanchéité hors de cause


Des investigations se poursuivent sur le complexe d’étanchéité en parties courantes par sondages et essais fumigènes (injection de fumée sous la chape d’étanchéité) sur la terrasse inaccessible et la terrasse jardin. Elles montrent qu’il n’existe pas d’eau sous l’étanchéité et son isolant en partie courante, que la fumée sort uniquement au droit de relevés avec défauts d’adhérence (sonnant creux) ou au droit de fissures de gros œuvre. Ces investigations montrent que l’étanchéité en partie courante n’est pas à l’origine du désordre. Il est décidé en tant que mesure conservatoire et investigation, de réaliser une reprise provisoire des fissures relevées sur les reliefs et acrotères.

Des fissures suspectes sur les murets


sinistre_etancheite_1.jpgAprès réalisation de cette reprise, les infiltrations ont cessé. L’arrêt des infiltrations après reprise provisoire des fissures, montre que le désordre était dû aux fissures des murets et acrotères. Ces fissures entraînent des infiltrations dans les acrotères et murets séparatifs et en conséquence dans la dalle béton de toiture. Les infiltrations entraînent une humidification des supports des relevés d’étanchéité et en conséquence, leurs décollements.

Les règles de l’Art


Le texte applicable pour les ouvrages concernés est le suivant : le DTU 20.12 (NF P10-203-1) (septembre 1993), Maçonnerie des toitures et d'étanchéité - Gros oeuvre en maçonnerie des toitures destinées à recevoir un revêtement d'étanchéité. Il a pour objet de donner les règles nécessaires à la réalisation de gros oeuvre en maçonnerie des toitures destinées à recevoir un revêtement d'étanchéité. Ces règles s'appliquent au gros oeuvre en maçonnerie des toitures à pente nulle, plates ou inclinées.


Géraud Appert, Fondation Excellence SMA

 

 

Comment prévenir ce type de pathologie ?

 

Selon le DTU 20.12, on distingue :
 

  • les reliefs revêtus d'une façon continue par l'étanchéité, y compris leur face supérieure,
  • les reliefs surmontés par un couronnement empêchant le passage de l'eau
  • Les reliefs comportant à la partie supérieure du relevé un ouvrage qui empêche les eaux de ruissellement ou de rejaillissement de s'introduire derrière les relevés d'étanchéité.

 

Dans le cas présent, les reliefs sont du type 3.

 

Selon le DTU 20.12 les acrotères hauts sont composés d'une partie supérieure au-dessus du becquet, en béton armé, laquelle doit être fractionnée par des joints verticaux intéressant toute l'épaisseur. L'espacement des joints verticaux ne peut dépasser :

 

  • 8 m dans les régions sèches ou à forte opposition de température,
  • 12 m dans les régions humides ou tempérées.


Les joints de fractionnement doivent être calfeutrés sur tout leur développé par un mastic élastomère 1ere catégorie. La section et les emplacements des armatures destinées à éviter la fissuration des acrotères sont définis dans le DTU 20.12.Le respect de ces règles est destiné à éviter la fissuration des acrotères et les infiltrations par ces fissures ou par les joints de fractionnement.

 

Ne pas oublier l’entretien

 

Par ailleurs il est recommandé un entretien annuel de la toiture terrasse selon l’annexe III du DTU 43.1, Entre autres cet entretien prévoit le maintien en bon état :
 

  • des ouvrages accessoires (solins...) ;
  • des ouvrages de gros œuvre tels que larmiers, acrotères, corniches, souches, bandeaux, contre-bardages, lanterneaux…
     


 

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