L’Union des industriels constructeurs bois est né il y a un an de la fusion d’Afcobois, le syndicat français de la construction bois, et de FBIC, la Fédération de l’Industrie Bois Construction.
Christian Louis-Victor, président d’Afcobois, est devenu président d’UICB, tandis que Dominique Millereux a conservé ses fonctions de délégué général, secondé pour l’entité Afcobois par Loïc de Saint Quentin.
Les chiffres présentés à l’occasion d’une première journée UICB tenue à Paris le 30 mai montrent qu’il était temps. Les années 2014 et 2015 ont été plutôt catastrophiques, à la fois pour les industriels du bois et pour les constructeurs bois. Le secteur encaissait comme d’autres la crise du BTP mais en l’accentuant dans certains cas.
Christian Louis-Victor a mis sa longue expérience professionnelle au service de la filière construction bois ©JT
La journée a donné un avant-goût des chiffres du marché de la construction bois en 2016, qui seront présentés le 6 juin prochain. Même avec les chiffres de 2014 qui avaient déjà douché la filière, la comparaison sera peu flatteuse.
En termes de parts de marché, la construction bois n’est pas parvenue à s’extraire de sa niche, elle y est retournée de plus belle. Ce n’est pas seulement la part de la construction bois qui régresse.
La part du bois dans la construction est elle aussi malmenée. Toutefois, les données fournies durant la journée d’information par Marc Remusat de l’Observatoire de la construction neuve font apparaître quelques lueurs d’espoir à partir du premier semestre 2016.
Avec un nombre d’unités annuel estimé inférieur à 22 000 pour l’année 2016, la construction bois resterait en retrait par rapport au niveau de 2011 et 2012, de l’ordre de 26 000 unités. En conséquence, la part de marché, tous logements confondus, régresse de 7 à « moins de 6% ».
La chute est particulièrement nette sur le marché de la maison individuelle, porté par des prêts à taux zéro qui impliquent de fait des travaux sous contrat CCMI. Les constructeurs d’Afcobois en proposent mais, calé sur les usages de la maçonnerie traditionnelle, l’échéancier de paiement est à leur désavantage.
Par ailleurs, la part des maisons d’une surface de moins de 100 m2 a augmenté fortement au cours des dernières années et malgré le développement d’une offre spécifique de maisons Premium dans le cadre d’Afcobois, la filière de la construction bois s’est insuffisamment positionnée sur ce segment.
Loïc de Saint Quentin a eu beau jeu, avec Afcobois, de préparer ses adhérents au glissement du marché vers l’entrée de gamme, au travers de l’offre premium d’Afcobois.
L’étude présentée par Marc Remusat vient confirmer le glissement du marché de la maison individuelle vers des surfaces plus petites : « Ces dernières années, ont perd en gros 1 m2 de surface habitable par an en moyenne ». Sa base de données est solide.
L’Observatoire de la Construction Neuve a été créé en 1985. Les données sont obtenues par interview téléphonique d’un échantillon représentatif des permis de construire qui sont déposés, acceptés et déclarés commencés chaque année.
Les industriels du secteur des matériaux de construction sont des clients fidèles de cet outil de benchmarking. De sorte qu’ils étaient déjà au fait de la gravité de la situation, sans qu’elle apparaisse jusqu’ici au grand jour au moment où les choses commencent en partie à s’améliorer de nouveau.
Marc Remusat de BatiEtude a circonscrit précisément l’hémorragie de la filière bois dans le logement neuf.
Entre 2013 et 2015, tous logements confondus, le marché de l’ossature bois porteuse a été divisé par deux, passant en gros de 2 à 1 million de m2. Cependant, un léger redressement est perceptible depuis 2015 au vu des données du premier semestre 2016, notamment dans le secteur du collectif.
Sur un marché du « remplissage des murs » qui a perdu 10 millions de m2 en cinq ans, l’ossature bois régresse sur la même période de 3 à 1,7 millions de m2. Une nouvelle fois, le collectif est mieux orienté pour le bois, depuis 2016.
Pour ce qui est du revêtement de façade, le bardage bois plonge, passant de 3,3 à 1,5 million de m2 en 2015, sans signe de sursaut au premier semestre 2016. Les planchers bois passent de 2,8 à 1,1 million de m2, mais les derniers indicateurs sont encourageants pour le collectif.
Le nombre de portes d'entrées en bois a été divisé par trois idem pour les portes de garages en bois. Le nombre des fenêtres en bois a été divisé par deux, à environ 100 000 unités en 2015. Les escaliers en bois sont également touchés, mais dans une moindre mesure. Au total, seules les portes palières en bois progressent.
Franck Machtelinck, un constructeur bois du Loiret en pointe pour réaliser le premier R+2 Premium d’Afcobois.
Lorsque le Conseil d’Etat a annulé le décret de 2010 fixant des seuils minimaux d’utilisation du bois dans la construction, la filière a laissé faire, estimant à juste titre qu’il valait mieux conquérir des parts de marché que de les imposer. Eh bien, maintenant, il va falloir qu’elle essaie de les regagner….
Photo d'ouverture : siège de la communauté des communes de l'Oisans, un bâtiment Bepos © Aline Duverger, Atelier des Vergers