Légende : Panneaux OSB utilisés en plancher pour des bureaux R+2 tout bois à Olivet près d’Orléans. © Bac Maison Bois
Le site de production de Sully-sur-Loire (45), ex Kronofrance, appartient à un groupe suisse nommé Swiss Krono, mais les panneaux que ce site produit ont plus que jamais un lien étroit avec l’Hexagone.
A la différence du panneau de particules courant, le panneau OSB* est constitué de grandes particules orientées, des pelures de bois de différentes tailles disposées en couches selon un certain ordre.
Le pressage s’effectue un peu comme pour les panneaux de particules, mais les lamelles confèrent au panneau OSB une meilleure cohésion mécanique. Le process a été inventé en 1965 aux USA, puis affiné durant près d’une vingtaine d’années.
L’entrepreneur suisse Ernst Kaindl, qui vient de léguer à sa fille un empire du panneau à base de bois, a été audacieux. Dès 1988, il installe sa première usine étrangère en France, à Sully-sur-Loire. Et il y développe d’emblée sur le modèle américain la technologie nouvelle des panneaux OSB.
Les anciennes forges de Sully-sur-Loire, disparues en 1985, offraient à la fois une grande surface de travail couverte, et l’accès immédiat aux massifs forestiers de Sologne et de l’Orléanais.
Trente ans plus tard, Sully-sur-Loire est le seul site de production de panneaux OSB en France, et le groupe Swiss Krono annonce détenir 52% de parts de marché en matière de panneaux OSB dans notre pays. Il concède que les distributeurs vendent parfois des panneaux OSB Swiss Krono fabriqués par des sites du groupe en Europe de l’Est.
Vincent Adam, le patron de Swiss Krono SAS, dirige une équipe managériale nouvelle. © JT
Les panneaux OSB assurent couramment le contreventement extérieur des éléments à ossature bois. Ils sont protégés par un pare-pluie et un bardage, et accueillent côté intérieur un isolant. Leur épaisseur est alors de 9 à 12 mm. Des épaisseurs plus importantes, allant jusqu’à 25 mm, sont produites pour des panneaux à destination des planchers ou toitures.
Depuis quelques années, le groupe fabrique également des panneaux sur-épais constitués de la superposition collée de plusieurs panneaux d’OSB, pour des épaisseurs qui peuvent aller jusqu’à 250 mm. Les murs sur-épais du Magnum Board deviennent porteurs comme les panneaux en CLT.
L’Allemand Holtec est un spécialiste de l’équipement des parcs à grumes et sa solution d’écorçage par frottement est plutôt ingénieuse.© JT
Swiss Krono va essayer de placer ses solutions Magnum Board dans le cadre des nombreux projets français de tours en bois. Mais la grande nouveauté en matière d’OSB vient plutôt de la modification du process de fabrication des panneaux OSB à Sully-sur-Loire.
Ce site consomme annuellement la bagatelle de 1,2 million de tonnes de bois, l’équivalent d’une grosse papeterie. Traditionnellement, l’usine transforme prioritairement des résineux et notamment des pins, principalement du pin sylvestre.
Mais la ressource se raréfie en région Centre et les distances parcourues par les grumiers augmentent. Les feuillus comme le bouleau, le tremble, le peuplier constituent des ressources abondantes et locales, dont on ne sait plus que faire par ailleurs.
Les lamelles encollées sont déposées par couches sur un tapis qui atteint environ 40 mm avant d’être compressé. © JT
La part de feuillus incorporée dans les panneaux OSB n’excédait pas jusqu’ici 20%. D’une part, en entrée de ligne, le diamètre maximal admissible des billons était de 40 cm. D’autre part, les feuillus posaient des problèmes en termes d’écorçage : l’écorce faisait baisser la qualité des panneaux.
Par ailleurs, les systèmes d’écorçage ne fonctionnaient pas bien pour des billons de feuillus souvent insuffisamment rectilignes ; les écorces fibreuses longues avaient fâcheusement tendance à s’enrouler dans les systèmes de mécanisation et à boucher le processus.
Prenant exemple sur le nouveau site hongrois de Swiss Krono, qui a fait le choix d’incorporer d’emblée une part nettement plus importante de feuillus, le site de Sully-sur-Loire a investi récemment 8,5 millions d’euros dans une ligne d’écorçage Holtec.
Le diamètre admissible des billons a été porté à 50 cm. Le système ingénieux fait en sorte que les fagots de billons, ballotés un peu comme dans un tambour de machine à laver, s’écorcent mutuellement par frottement.
Panneaux OSB de Sully-sur-Loire en attente de chargement.© JT
L’intérêt de cet investissement est multiple. Premièrement, le coût économique des approvisionnements baisse : moins de kilomètres, utilisation d’essences de faible valeur commerciale.
Dans la région, le seul compétiteur de taille sera la filière bois énergie. Le recours massif à des essences comme le bouleau ou le tremble devrait permettre d’améliorer le bilan carbone des panneaux qui sont fabriqués en Sologne.
Toute la filière de la construction à ossature bois pourrait en profiter et ce système constructif se met ainsi en adéquation avec les ressources locales françaises, du moins pour ce qui concerne le panneau de contreventement.
Abatteuse en action pour Swiss Krono dans la proche forêt domaniale d’Orléans. © JT
*OSB est une abréviation anglaise de « Oriented Strand Board »