Ruptures technologiques au menu du Concours de l’innovation du Mondial du Bâtiment

Ruptures technologiques au menu du Concours de l’innovation du Mondial du Bâtiment

Avec 217 participants et 89 nominés, le concours de l’innovation 2017 du Mondial du Bâtiment est un bon cru. Le numérique s'impose avec des avantages certains pour les entreprises.




Durant la première quinzaine du mois de juillet, des Jurys experts se sont réunis pour examiner dans 9 catégories différentes, les 217 produits proposés par les exposants au Mondial du Bâtiment 2017. Ils en ont nominé 89.

 

Les prix seront décernés par un Grand Jury qui se réunit début Septembre et seront dévoilés à la faveur de la Cérémonie des Awards du Concours de l’Innovation 2017, le 18 septembre. Mais, il est déjà possible, en examinant tous les candidats et les produits nominés, de dégager des tendances de fond en matière d’innovation 2017.

 

 

Toutes sortes de produits sont connectés désormais, du plus petit au plus volumineux. ©All ROAD

 

Le numérique est partout

 

La première grande tendance, que l’on observe virtuellement à travers toutes les catégories, est l’implantation de plus en plus profonde des technologies connectées et numériques. Des exposants ont soumis, au jury du concours de l'innovation, des ponceuses connectées, des échafaudages connectés, du béton connecté, … Et ces connexions, désormais servent à quelque chose.

 

Il y a deux ans, en effet, on voyait certains produits connectés dont l’intérêt semblait faible. On se souvient, par exemple, d’un WC connecté dont on pouvait tirer la chasse d’eau à l’aide d’une application pour smartphone ou tablette. Curieux, mais est-ce bien utile ?

 

C’était les balbutiements de la connexion, le moment où les fabricants se précipitaient pour proposer des solutions connectées parce que l’internet des objets était le thème fortement porteur du moment. Par gentillesse foncière, nous ne rappellerons pas de quelle marque il s’agissait. D'autant plus que nous sommes passés à une nouvelle époque en termes de connectivité.

 

 

 

Des puces RFID sont noyées dans le béton et renseignent sur sa maturité : solution Concremote de DOKA France. ©DOKA

 

Le béton connecté pour gagner du temps

 

Les fabricants ont mûri, réfléchi et proposent aujourd’hui de réels nouveaux services utiles autour de la connectivité de leurs produits et systèmes. Le béton connecté, par exemple, permet de suivre l’évolution de sa teneur en eau et de sa température au cœur des ouvrages coulés sur site. Ce qui indique à l’entreprise le moment précis où elle peut décoffrer.

 

C’est un gain de temps dans la mesure où il n’est plus nécessaire d’ajouter plusieurs jours de marge de sécurité pour être certain du séchage. Les banches sont réutilisées plus vite, le chantier progresse plus rapidement.

 

Nous allons examiner les 9 catégories, les unes après les autres dans une succession d’articles, en commençant par la catégorie Matériel de Chantier, Outillage & Equipement. Pour cette catégorie, le Jury expert s’est réuni le 11 juillet, a examiné 37 produits et en a nominé 13.

 

 

 

La ponceuse Mirka Deos comptabilise les vibrations imposées à l’opérateur et alerte lorsqu’il approche de la dose maximale permise. ©Mirka France

 

Les multiples applications de la connectivité de l’outillage

 

Appliquée aux outillages, la connectivité est couplée à la géolocalisation et à l’analyse de leur fonctionnement. Ce qui favorise le développement de nouveaux services : suivre géographiquement les équipements pour optimiser leur emploi et accessoirement pour les récupérer en cas de vol.

 

L’analyse en continu et à distance de leur fonctionnementt rend possible une maintenance prédictive, avant qu’une panne ne se déclare pour réduire leur temps d’indisponibilité, réapprovisionner les consommables au bon moment et mesurer l’exposition des opérateurs aux vibrations dans le but de réduire fortement le risque de TMS (troubles musculo-squelettiques).

 

Après la connectivité, la seconde tendance observée à propos des innovations en outillage, visible également dans d’autres catégories, est l’incorporation de technologies très avancées dans les équipements de chantier pour réduire leur consommation d’énergie, faciliter leur emploi sur le chantier, le rendre plus sûr pour l’opérateur, voire moins polluant.

 

Troisième tendance, la prise en compte des besoins des opérateurs et l’intelligence des concepteurs aboutissent au développement d’outils low-tech très innovants et réellement astucieux. Quatrième et dernière tendance, plusieurs outils sont destinés à effectuer des travaux en hauteur, sans que l’opérateur quitte le sol.

 

 

 

La meuleuse d’angle sans fil de Würth France tronçonne du métal, du PVC, du bois ou du plexiglas. ©Würth

 

La technologie au service de l’ergonomie, de la réduction des TMS et de la protection de l’environnement

 

Parmi les 13 produits nominés dans la catégorie Matériel de Chantier, Outillage & Equipement, Maxidalle Ergo d’Alphi est un coffrage de dalle conçu pour supprimer la pénibilité liée au coffrage / décoffrage. Il comporte à la fois des panneaux de coffrage et un mât de levage pneumatique MaxUpDown qui constitue la réelle innovation.

 

Ce mât lève et descend sans effort les panneaux Maxidalle jusqu’à une hauteur de 5,60 m. Avec cet équipement, une personne pose ou dépose 40 m² de coffrage de dalle par jour.

 

Le mât MaxUpDown est démontable et manuportable par éléments. Son emploi est simple : deux boutons, l’un pour lever, l’autre pour descendre. Il n’est pas alimenté en électricité.

 

 

 

Ce boîtier à roulettes constitue une révolution en matière de soudure. Il extrait de l’oxygène et de l’hydrogène de l’eau pour une soudure à flamme atteignant jusqu’à 2800°C de température. ©Messer Eutectic Castolin

 

La soudure à l’eau

 

Avec son poste de soudure Dyomix© Ohm 2.4, Messer Eutectic Castolin propose une vraie rupture technologique : la soudure à l’eau. Il s’agit d’un poste de soudure à flamme haute température (2800°C) qui fonctionne à l’eau.

 

De la taille d’un bagage cabine, transportable avec roulettes et poignées, ce poste de soudure contient un réservoir d’eau. Il est raccordé au secteur et, par électrolyse de l’eau, produit de l’oxygène et de l’hydrogène qui alimentent la torche par un unique flexible. La consommation d’eau est de 6 l/heure à 100% de puissance (2,4 kW, 2800°C).

 

La flamme est absolument non-polluante. Cette technologie supprime les bouteilles de gaz, leur stockage et leur réapprovisionnement. À l’inverse, le système Tyrolit de carottage à sec du béton armé supprime tout apport d’eau.

 

Il s’agit, comme son nom l’indique, d’une solution de carottage à sec dans du béton armé, dans des Ø de 50 à 160 mm. Un aspirateur industriel couplé au carotteur aspire toutes les poussières et supprime le classique raccordement en eau pour lavage des poussières, ainsi que l’évacuation de l’eau et son traitement éventuel.

 

 

 

Layher a trouvé une solution pour des franchissements de très longue portée (50 m), des porte-à-faux, des quais de chargement/déchargement en hauteur, etc. ©Layher

 

L’arrivée des drones

 

Hercule10 Spray de Drone Volt signale l’arrivée des drones parmi les outils d’entretien et de maintenance. C’est un drone pour pulvérisation (3 l/minutes) pour toitures, façades et autres endroits difficilement accessibles. L’opérateur demeure solidement les deux pieds au sol, mais travaille en hauteur sans souci.

 

Hup 32-27 de Manitowoc - Crane Group France est une grue à montage automatisé avec mât télescopique et une flèche de 32 m. Elle offre 20 configurations différentes d’assemblage, lève 1 t à 32 m, 4 t au maximum et offre 27 m sous crochet.

 

Avec Universel FW, Layher a réuni deux technologies – celle de la charpente métallique et celle de l’échafaudage – pour concevoir des structures à très longue portée pour la réalisation de passerelles, de porte-à-faux, de parapluies au-dessus de toitures à rénover, de poutres de franchissement, etc. Avec seulement 3 types d’éléments principaux – membrures, diagonales et montants -, les structures offrent une résistance mécanique exceptionnelle et 30 ans de durée de vie avec de multiples réemplois.

 

Myrka Leros de Myrka France est une ponceuse électrique orbitale pour murs et plafonds. Elle comporte un bras de ponçage, une tête inclinable à 180° et ne pèse que 3,5 kg pour faciliter le ponçage en hauteur. Son moteur électrique brushless ne contient plus de charbon et offre des démarrages progressifs qui réduisent les vibrations pour l’opérateur.

 

 

 

Voici Lignoloc d’Alsafix, un clou en bois pour assembler des pièces de bois : il ne rouille pas et se solidarise intimement avec les pièces de bois. Il est mis en œuvre par un cloueur pneumatique. ©Alsafix

 

Les bonnes idées Low-Tech

 

A côté de la connectivité et de la haute technologie, plusieurs innovations proposées dans cette catégorie montrent que l’astuce Low-Tech est toujours efficace et bien présent. Lignoloc d’Alsafix par exemple, est un clou en bois pour cloueur pneumatique. Ce produit est destiné à assembler des bois de charpente, d’ossature, de sauna, de mobilier … et même les cercueils : en quelques années, il ne restera vraiment plus rien, même pas les clous.

 

Les pointes sont en bois de hêtre allemand et offrent une résistance à la traction de 230 N/mm². De Ø 3,7 mm pour des longueurs de 50 à 65 mm, ces pointes sont conditionnées en rouleaux.

 

Une telle pointe évite le pont thermique ponctuel du clou en acier et ne requiert ni colle, ni pré-perçage. Lors de la pose, sous l’effet de la chaleur produite par le frottement, le lignite du clou de bois fusionne avec le bois de la pièce fixée. Ce qui forme une structure solidaire en bois.

 

 

 

Assemblé et démonté à la main, cet escalier en colimaçon de Mills permet une sortie à n’importe quelle hauteur entre 0 et 5 m. ©Mills

 

 

 

Le Lève-plaque Edmaplac 450 monte 80 kg à 5,5 m à la verticale. ©Edma

 

Une bonne conception

 

Autre idée Low-Tech, simple et efficace, Escalib Mills Hexagonal MDS, proposé par Mills, est un escalier en colimaçon, à sortie latérale, monté et démonté à la main. Il évite  de dresser une échelle ou un échafaudage. Il permet une sortie à toutes hauteurs entre 0 et 5 m et n’occupe que 1,6 x 1,4 m au sol.

 

Edmaplac 450 d’Edma est un lève-plaques à très forte multiplication. Il est actionné à la main ou en montant dessus une visseuse avec ou sans fil. Il lève 80 kg à 4,5 m de hauteur à l’horizontale, à 5,5 m à la verticale (en comptant une hauteur de plaque de 2,5 m). Il lève également avec une inclinaison jusqu’à 90°. Le lève-plaques est repliable, sa largeur de 63 cm passe par toutes les portes.

 

 

 

Duo de Peri est un coffrage léger manuportable en polymère renforcé. Il est utilisable pour des dalles, des voiles, des poteaux, … ©Peri

 

Léger, mais versatile

 

Duo de Peri est un coffrage léger, manuportable : le poids maximal est de 25 kg pour l’élément le plus lourd et le plus grand (0.9 x 1 ;35 m) grâce à sa structure en polymère renforcé de fibres. Il est destiné à la réalisation de coffrages de dalles – il supporte jusqu’à 80 kN/m², soit une dalle de 30 cm d’épaisseur -, de voiles, de poteaux et de fondations.

 

Mafell Insulation Saw System DSS300 CC de Mafell est une solution de découpe à la main de panneaux d’isolation en mousse (PSE, XPS, PUR, PIR, …), accompagné d’un aspirateur et d’une table de scie portable.

 

Rolide de Rolide est un plancher coulissant pour le chargement / déchargement d’un pick-up. Il supporte 1 t de charge pour des utilitaires jusqu’à 3,5 t. Il évite à l’opérateur de monter sur le véhicule pour charger et décharger.

 

 

Voici la scie pour isolant en mousse Mafell Insulation Saw System DSS300 CC de Mafell. Elle s’utilise soit à la main, soit sur une table de sciage. Elle comporte un aspirateur industriel qui capte toutes les poussières et tous les débris d’isolant pour conserver les chantiers propres. ©Maffel

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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