Légende : Magnifique structure portante tout juste développée et brevetée par de jeunes Français, placée au cœur de l’espace d’exposition. Photo©J. Tophoven
La troisième séance plénière de Woodrise a été bâtie un peu sur le modèle du Forum Bois Construction, avec des conférences culminant par celle d’un architecte de renommée internationale.
En ouverture, l’architecte Michael Green, déjà en exergue lors du prologue, n’a pas détaillé ses ouvrages ou projets de moyenne ou de grande hauteur sur le plan technique, mais fait la promotion de son projet de plateforme pédagogique internationale sur la construction bois.
Nicolas Ferrand d’EPAmarne était excusé mais la présentation de son collaborateur n’en était pas moins impressionnante : cet aménageur public construit vraiment en bois, et à une échelle inédite en France, en incluant un projet encore en gestation de tour de moyenne hauteur.
Les assemblages cachés et démontables du Japonais Suteki font leur bonhomme de chemin et s’avèrent performants au moins jusqu’à R+3 comme le montre un grand chantier récent en Belgique.
Le promoteur canadien Sotramont a présenté un deux projets de construction dont celui d’Arbora à Montréal, avec de plus de 400 logements en R+7 en CLT, en cours de montage.
De quoi se faire une idée très claire de l’articulation de projets bois de moyenne hauteur à grande échelle. Si l’on en croit la représentante de l’organisme de promotion WoodWorks aux USA, le gros de l’immense marché de construction potentiel se situe plutôt en-dessous, vers R+5.
Six niveaux, cela n’induit pas une technologie de rupture avec les pratiques courantes américaines, si ce n’est que le CLT est intégré notamment en plancher et toiture. La compétitivité des solutions bois a été soulignée par le Britannique Nick Milestone, en coût global et par comparaison à la construction métallique au Royaume-Uni. En France, cette compétitivité reste à démontrer, face au béton.
L’Italien RothoBlaas a revu et corrigé sa solution révolutionnaire d’assemblage de panneaux CLT, X-Rad.
L’architecte britannique Steven Ware est en charge de la construction de la tour Silva à Bordeaux, mais l’équipe vient seulement de recevoir les paramètres nécessaires pour travailler sur l’élaboration d’un permis de construire. Le maître d’œuvre du bâtiment parisien R+7 Opalia n’en a pas moins des idées précises en matière de construction bois de moyenne et grande hauteur.
Ainsi, lors des visites de laboratoires qui clôturent le congrès, une maquette d’un segment de la structure envisagée pour la tour Silva fera l’objet d’un test sismique à l’échelle 3/10. L’enjeu est cependant avant tout d’ordre scientifique, car il s’agit de valider la possibilité future de tester précisément des maquettes à cette échelle.
A défaut de détailler les solutions techniques de la tour Silva, l’architecte Steven Ware a exposé sa façon de concevoir du CLT cintré. Bravo l’artiste !
L’architecte japonais Kengo Kuma n’était pas présent pour détailler un projet de construction de grande hauteur, mais en sa vertu de principal représentant international de l’architecture bois japonaise, aux côtés de Shigeru Ban.
Kengo Kuma construit le stade des prochains Jeux Olympiques de Tokyo avec beaucoup de bois et on aurait bien aimé pour le coup plonger dans les solutions « bois et béton » de l’immense auvent plat de l’édifice. Mais il est vrai que cela n’aurait pas été le sujet du congrès.
Les solutions d’assemble invisibles de poutres BLC de forte section, chez Knapp, enrichissent le répertoire de solutions des transferts de fortes charges.
L’après-midi était consacré à pas moins de 5 ateliers techniques parallèles portant sur la ressource, l’acoustique, le feu, le sismique, le développement durable. En fait, il ne s’agissait pas de détailler les avancées spécifiques en matière de tours, mais d’une sorte de remise à jour technique internationale.
Ces sessions avaient été précédées du lancement officiel de la « Woodrise Alliance », censée sceller la collaboration d’instituts technologiques internationaux en matière de recherche dans le domaine de la construction bois. Cette alliance n’a pas présenté pour l’heure de feuille de route tangible ou de priorités techniques.
Solution d’assemblage de panneaux CLT présentée par Würth
Woodrise a rassemblé un certain nombre d’exposants spécialisés dans la construction bois. La plupart étaient à Nancy en avril dernier. Quoi de neuf ? Chez Dörken, une solution sous Atex va permettre de faire monter des bardages bois à claire-voie jusqu’à 28 m.
Le groupe Hasslacher lance des assemblages bois-bois pour les panneaux en CLT. D’autres solutions d’assemblage de panneaux CLT étaient déclinées sur les stands de RothoBlaas, Knapp, Würth. Le leader des Panneaux OSB en France, Swiss Krono, présentait pour la première fois chez nous ses panneaux Magnumboard, des méga-panneaux à base d’OSB proposés en alternative directe des panneaux en CLT.
Le groupe Autrichien Hasslacher joue la carte de l’assemblage de panneaux CLT par clavettes en bois.
Enfin, si l’on en croit Techniwood, après l’incendie de Grenfell, la façade bois de tours de moyenne ou grande hauteur ne devra pas seulement convaincre le marché en termes de protection feu. L’enjeu technique majeur serait en fait l’étanchéité à l’air et une réponse satisfaisante aux tests AEV.
Le Panobloc de Techniwood, sous avis technique jusqu’à 28 mètres, est particulièrement bien adapté à ces exigences. Ce n’est qu’au détour des allées que le congressiste pouvait ainsi comprendre que le Panobloc est aujourd’hui le seul atout français dans la compétition technologique qui entoure le challenge de la hauteur en bois.
A moins d’ajouter les solutions de planchers mixtes comme celles de Archipente et de CBS-CBT (parmi d’autres), qui sont cependant en mauvaise posture pour faire la démonstration de leur intérêt dans le cadre des nombreux et encore hypothétiques projets français de tours en bois de moyenne hauteur.
Tout comme Rotho Blaas et après l’Autrichien Gerstner, le géant Simpson a développé sa gamme de solutions acoustique à base de mousses synthétiques