Plus de 2 ans de travaux, 13 groupes de travail thématiques ne comprenant pas moins de 20 experts chacun, 6 réunions par groupe de travail en moyenne. Résultat de cette concertation structurée et large : la publication anticipée, le 26 octobre dernier, de la nouvelle règlementation thermique, appelée RT 2012.
Cette dernière annonce, à travers le décret n°2010-1269 et son arrêté d’application, la généralisation des Bâtiments Basse Consommation (BBC), impliquant «un saut énergétique plus important que celui réalisé ces 30 dernières années», précisaient Jean-Louis Borloo et Benoist Apparu lors de la conférence de presse de présentation de la RT 2012 du 6 juillet dernier (voir encadré page 36). La RT 2012 permettra, sans nul doute, au secteur économique le plus vorace en énergie, de diminuer de moitié, voire du tiers, sa consommation globale.
Consommation limitée à 50 kWh/(m².an)
Les nouveaux textes confirment les objectifs précédemment annoncés dans les lois Grenelle I et II : limiter les consommations des bâtiments neufs en énergie primaire (Cep), qu’ils soient résidentiels ou tertiaires (voir encadré page 35), à une moyenne de 50?kWh/(m².an), niveau du label BBC de la dernière règlementation thermique en vigueur, tout en suscitant une évolution technologique et industrielle significative pour toutes les filières de la construction et des équipements.
Cette exigence s’articule autour de 5 usages : le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire, le refroidissement, l’éclairage et les auxiliaires (ventilateurs, pompes, etc.).
Des points à préciser
Le décret n° 2010-1269 et son arrêté d’application ne sont pas seuls à constituer la RT 2012. De nombreux travaux restent encore en cours et devraient voir le jour très prochainement. En effet, il reste notamment à :
Domaine et date d’application
Les exigences définies dans le décret n° 2010-1269, relatif aux caractéristiques thermiques et à la performance énergétique des constructions, et son arrêté d’application s’appliquent :
Pour les autres bâtiments tertiaires, non explicitement exclus dans l’arrêté du 26 octobre 2010 (commerces, établissements de santé, établissements logistiques chauffés à plus de 12°C, etc.), les coefficients Cep et Bbio n’ont pas encore été définis.
Ces bâtiments feront donc l’objet d’un (ou plusieurs) arrêté(s) complémentaire(s) dont la publication est prévue dans le premier trimestre 2011. L’application de ces nouveaux textes se fera à tous les permis de construire déposés plus d’un an après la date de publication des arrêtés concernés.
Les bureaux d’étude entrent dans la danse !
L’expression des exigences, désormais en valeur absolue, associée à la suppression de nombreux garde-fous techniques de l’ancienne règlementation thermique, donne ainsi une plus grande liberté dans la conception des bâtiments.
Toutefois, dans la pratique, concevoir un bâtiment d’un tel niveau de performance énergétique va demander des échanges entre architectes et bureaux d’études, notamment thermiques, dès les premiers pas de la conception du projet.
C’est ainsi que ces derniers verront leur mission débuter bien plus en amont dans la conception d’un bâtiment, conduisant à une nouvelle organisation des projets.
« Un saut énergétique plus important que celui réalisé ces 30 dernières années »
Comme le précisaient Messieurs Jean-Louis Borloo, anciennement ministre d’État et ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement et de l’Aménagement durables, et Benoist Apparu, secrétaire d’Etat chargé du Logement et de l’Urbanisme, lors de la conférence de presse de présentation de la RT 2012 le 6 juillet 2010, la nouvelle règlementation thermique base ses exigences sur le niveau du label BBC de la RT 2005.
C’est ainsi que les exigences sur les consommations globales d’énergie sont divisées par 2 voire 3, ne faisant plus de différences quelques soient les énergies de chauffage (combustibles fossiles ou électricité) comme le montre le tableau ci-dessous :
EXEMPLE DE LOGEMENT | |||
Type de chauffage | Zone climatique | CEP max (kWhEP/(m².an)) | |
RT 2005 | RT 2012 | ||
Conbustibles fossiles | H1 | 130 | 50* |
H2 | 110 | ||
H3 | 80 | ||
Chauffage électrique
( y compris pompe à chaleur ) | H1 | 250 | 50* |
H2 | 190 | ||
H3 | 130 |
* Cette valeur est une moyenne, modulée en fonction de divers paramètres comme la localisation géographique (altitude, zone climatique, etc...), les caractéristiques, l'usage, les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments, etc...
Cepmax, Bbiomax et Tic
En complément de l’exigence de consommation maximale “Cepmax”, un bâtiment neuf, conforme à la RT 2012, devra respecter deux autres exigences globales. La première est une exigence d’efficacité énergétique minimale, appelé “besoin bioclimatique maximal” ou Bbiomax”.
Anciennement “Ubat” dans la RT 2005 (qui ne prenait en compte que le niveau d’isolation du bâtiment), le coefficient “Bbio” est un indicateur qui rend compte de la qualité de la conception et de l’isolation du bâtiment, indépendamment du système de chauffage. Il valorise la conception bioclimatique (par exemple, surfaces vitrées orientées au sud) et une isolation performante. La deuxième est une exigence sur la température intérieure atteinte au cours d’une séquence de 5 jours chauds. On l’appelle “Tic” ou température intérieure conventionnelle. Elle traduit le confort d’été.
Ces 3 exigences Cepmax, Bbiomax et Tic seront définies, grâce à des logiciels informatiques prochainement fournis par le CSTB*, par la méthode de calcul Th-BCE 2012 dont les modalités doivent être précisées dans un arrêté à paraitre.
*Centre Scientifique et Technique Bâtiment
ENR, étanchéité, baies vitrées minimales : obligatoires !
Aux trois exigences de résultats citées ci-contre s’ajoutent quelques exigences de moyens :
Toutes les exigences se concentrent sur la performance globale du bâtiment. La RT 2012 devrait ainsi imposer un fort développement des produits/équipements très performants et des systèmes permettant de valoriser les ENR.
Trois exigences de résultats : Cepmax, Bbiomax et Tic
Un bâtiment conforme aux nouvelles dispositions règlementaires de la RT 2012 devra satisfaire à 3 exigences de résultats : Cepmax, Bbiomax et Tic.
1- Exigence de consommation maximale “Cepmax”
La consommation conventionnelle d’énergie d’un bâtiment, nommée Cep (en kWh/(m².an) d’énergie primaire), prend en compte 5 usages : le chauffage, le refroidissement, la production d’eau chaude sanitaire, l’éclairage artificiel des locaux et les auxiliaires (ventilateurs, pompes, etc.).
Elle est calculée, sur une année, selon les modalités définies par la méthode Th-BCE 2012 à paraître dans un futur arrêté. La surface à prendre en compte pour ce calcul est appelée “SHONRT”. Elle est définie dans l’annexe III de l’arrêté du 26 octobre 2010.
Pour être en conformité avec la RT 2012, le coefficient Cep du bâtiment neuf concerné doit être inférieur ou égal à un coefficient Cepmax, égal en moyenne à 50kWh/(m².an) d’énergie primaire, modulé en fonction de :
respectivement traduits par les coefficients : Mctype, Mcgéo, Mcalt, Mcsurf et McGES
C’est ainsi que la consommation conventionnelle maximale d’énergie primaire d’un bâtiment, ou d’une partie de bâtiment, est déterminée par l’expression suivante :
Cepmax = [valeur pivot] x Mctype x (Mcgéo + Mcalt + Mcsurf + McGES)
Les valeurs des coefficients de modulation sont données dans l’annexe VIII de l’arrêté du 26 octobre 2010. La valeur pivot est de :
2- Exigence d’efficacité énergétique minimale du bâti “Bbiomax”
Innovation conceptuelle majeure, sans équivalent en Europe, le coefficient Bbiomax traduit l’exigence de limitation simultanée du besoin en énergie pour les composantes liées au bâti. Il prend en compte 3 usages que sont le chauffage, le refroidissement et l’éclairage.
Il est modulé en fonction de l’usage du bâtiment, la zone climatique, l’altitude et la surface moyenne des logements, et s’exprime de la manière suivante :
Les valeurs des coefficients de modulation sont données dans l’annexe VIII de l’arrêté du 26 octobre 2010. Bbiomaxest calculé sur une année, selon les modalités définies par la méthode Th-BCE 2012 à paraitre dans un futur arrêté, tout comme Cepmax.
3- Exigence de confort en été “Tic”
La température intérieure conventionnelle d’un local, atteinte en été, notée “Tic”, est la valeur maximale horaire en période d’occupation de la température opérative, période prise à une journée entière pour le résidentiel.
Pour certaines zones de bâtiment (voir arrêté du 26 octobre 2010), Tic doit être inférieure ou égale à une température intérieure conventionnelle de référence de la zone considérée, appelée “Ticref”. Définie également selon la méthode Th-BCE 2012 à venir, de nombreuses caractéristiques sont à prendre en compte pour son calcul, caractéristiques données dans l’annexe XI de l’arrêté du 26 octobre 2010.
Des exigences complémentaires de moyens : vive les ENR !
Afin d’atteindre les objectifs des Lois Grenelle I et II, les exigences de résultats présentées précédemment sont accompagnées d’exigences de moyens, ayant 5 buts bien précis :
Textes de référence
Les textes règlementaires sont disponibles gratuitement sur le site www.legifrance.gouv.fr.
Quelques sites internet
Source : batirama.com / M.P