Parmi les grandes marques françaises, Somfy a adopté enOcean pour la commande à distance de certains équipements. ©PP
enOcean, rappelons-le, c’est deux choses un peu différentes qui portent le même nom ou presque. Tout d’abord, l’entreprise allemande a inventé et breveté le protocole de communication sans fil enOcean et son fonctionnement sans pile à partir de récolte d’énergie. Elle fabrique les modules de récolte d’énergie et les commercialise sous les marques Dolphin et Easyfit.
Créée en 2001, enOcean GmbH est toujours dirigée par ses 5 fondateurs : Andreas Schneider, Markus Brehler, Frank Schmidt, Oliver Sczesny et Armin Anders. Ensuite, enOcean Alliance rassemble les entreprises qui utilisent cette technologie et se charge de faire évoluer le protocole de communication.
enOcean Alliance compte aujourd’hui près de 400 membres, dont tous les grands noms mondiaux de la domotique, de la GTB, du chauffage, une partie des constructeurs de climatiseurs, des fabricants de luminaires, etc. enOcean communique sur trois gammes d’ondes : 868 MHz en Chine et en Europe, 902 MHz en Amérique du Nord et 928 MHz au Japon. La portée va de quelques mètres à quelques dizaines de mètres.
Omnio propose toutes sortes d’actionneurs enOcean, mais aussi un réseau pour transporter des instructions enOcean sur Ethernet dans un bâtiment tertiaire. ©PP
Lors du salon Light + Building, le stand collectif enOcean rassemblait une quinzaine d’entreprises : Afriso, Becker-Antriebe, BSC Computer, Decelect, Digital Concepts, Dolphin by EnOcean, Micropelt, GRE Alpha, Helvar, Jäger Direkt, NodOn, Omnio®, PM DM, Thermokon Sensortechnik et ViCos.
Dans le salon, une bonne soixantaine d’exposants ont exposé des appareils compatibles enOcean. L’ouverture du protocole enOcean vers d’autres systèmes de communication sans fil était particulièrement en évidence. Graham Martin, le Président et Directeur Général de enOcean Alliance a évoqué une plugfest (une fête du raccordement) qui s’est déroulée lors du dernier salon CES à Las Vegas en janvier 2018.
enOcean a participé à la construction d’un réseau rassemblant divers protocoles de communication, utilisant tous la couche d’application OCF. Placés en aval d’une passerelle enOcean/ZigBee Pro utilisant OCF, les appareils enOcean parfaitement identifiés par les autres participants ont pu communiquer avec eux et utiliser leurs fonctionnalités (sonde de température, détecteur de présence, etc.).
Le Français NodOn devient un spécialiste de enOcean et offre désormais tous les actionneurs, sondes et capteurs pour réaliser une installation domotique complète en protocole enOcean. L’entreprise étudie aussi des solutions Bluetooth point à point pour une commande diorecte par Smartphone. ©PP
En tertiaire, la courte portée d’un réseau enOcean peut être un obstacle au déploiement dans de grands bâtiments. Awag, distributeur suisse d’appareillage électrique, s’est mis à fabriquer Omnio, une gamme de solutions enOcean. A Light + Building, il a présenté le dernier développement : un solution IP, capable de transporter les instructions enOcean sur Ethernet.
Elles sont captées par une passerelle enOcean/IP à une extrémité, transportées sur Ethernet, encapsulées dans TCP/IP, restituées dans une autre passerelle enOcean/IP. Un même réseau peut comporter jusqu’à 128 passerelles. Chaque passerelle adresse 256 appareils enOcean.
Dans un immeuble de bureau, l’emploi simple est la commande centralisée : un seul bouton dans le poste de sécurité pour allumer ou éteindre tous les luminaires du bâtiment, par exemple, ou pour descendre les protections solaires, etc.
La commande enOcean pour l’éclairage se développe rapidement. La plupart des fabricants de ballast électronique proposent une compatibilité directe avec DALI et enOcean. ©PP
De son côté Emmanuel François, à la fois Président de l’association SBA (Smart Building Association), représentant de enOcean GmbH en France et Vice-Président de enOcean Alliance en charge de l’Europe, du Proche-Orient et de l’Afrique, a eu une idée pour accélérer la transition énergétique et numérique. Elle sera exposée lors d’un colloque européen le 17 Mai à Luxembourg.
Son idée se résume à ceci : quantité de bâtiments collectifs existants ne permettent pas aux occupants de piloter le chauffage de leur appartement. Le chauffage est collectif, mais les logements ne sont pas desservis par une boucle horizontale, chaque radiateur est raccordé à une colonne différente.
Le moyen simple pour individualiser le pilotage du chauffage par logement, sans refaire tous les réseaux de chauffage, consiste à monter sur chaque radiateur une tête de robinet équipée du protocole enOcean, voire même à piles dans le pire des cas. Puis à les asservir à un thermostat programmable dans le logement, parlant lui-aussi enOcean.
En moins de deux heures de mise en place, pour un déboursé inférieur à 1000 €, sans travaux lourds, chaque logement pourra piloter individuellement son chauffage. Les tête thermostatiques commandables et programmables par radio pratiquent la récolte d’énergie enOcean (différence de température entre l’entrée et la sortie du radiateur) ou bien comportent des piles qui leur assurent une durée de vie de 7 à 10 ans selon les marques.
Il existe une bonne douzaine de marques européennes, capables de proposer ce type de tête de robinetterie de chauffage. Certaines sont mêmes capables de compter la chaleur. A l’autre bout, le thermostat programmable communique en enOcean. Il est connecté et pilotable à distance par une application, plusieurs marques en fabriquent.
Si les têtes comptent la chaleur, le thermostat agrège les valeurs et les restitue dans son application. Il est possible d’envoyer les valeurs vers le gestionnaire du bâtiment qui les utilise pour la répartition des frais de chauffage. C’est une solution deux-en-un : pilotage centralisé du chauffage d’un logement et répartition des frais de chauffage.
Emmanuel François veut accélérer la transition numérique et énergétique dans les bâtiments collectifs existants. ©PP
micropelt fabrique des têtes de robinets de radiateurs : thermostatique et asservies à une commande centralisée enOcean. Il est sans pile et convertit la différence de température entre l’eau du radiateur et l’ambiance dans la pièce en électricité. Doté d’une petite capacité de stockage d’électricité, il dispose de suffisamment d’autonomie pour fonctionner même en mi-saison quand la différence de température entre radiateur et ambiance n’est pas assez importante pour produire de l’énergie. ©PP