À l’occasion du 64e congrès de l’Union des Métiers du Plâtre et de l’Isolation qui s’est tenu à Rennes le 12 octobre, Bruno Garabos a été réélu pour trois ans à la présidence de l’UMPI-FFB.
Dans le cadre de ce nouveau mandat, une de ses priorités est de communiquer sur l’attractivité de la profession auprès des jeunes. « Il faut y travailler en amont des CFA, en allant promouvoir nos métiers directement dans les collèges, car le public a toujours une image vieillotte de nos activités » insiste-il.
La diversité des profils de carrière notamment est largement méconnue. Le secteur pèse 4 milliards d’euros de CA annuel, à travers 15 000 entreprises et 35.000 salariés. Selon M. Garabos, plusieurs milliers de postes sont à pourvoir.
Les spécialistes du plâtre de l’isolation constatent une certaine reprise mais l’abordent dans un contexte tendu. Les tarifs de leurs prestations ont baissé de 10% en moyenne par rapport à 2007 : les marges sont grignotées, certaines entreprises ont une trésorerie trop exsangue pour financer la croissance et doivent déposer le bilan, expliquent les instances de l’UMPI.
Le président réélu à la tête du syndicat tenait donc à profiter du 64è congrès pour « rebooster le moral de la profession qui a tendance à se sous-estimer, redonner aux collègues la fierté du métier », à travers des témoignages valorisant la contribution de la filière aux performances thermiques et acoustiques aujourd’hui recherchées.
Dans un esprit d’émulation ludique, l’Union avait d’ailleurs organisé un petit concours photo parmi ses adhérents pour mettre en exergue « l’excellence des chantiers » dans quatre catégories : plâtrerie traditionnelle, plaques de plâtre, staff et plafond modulaire.
Actuellement, le marché est jugé stable mais pâtit d’un manque de visibilité alors qu’il est très sensible aux variations de la conjoncture et des réglementations. Les zones éligibles à la loi Pinel vont se réduire en 2019 ; la transformation du CITE en subvention, envisagée pour l’an prochain, a finalement été repoussée ; les budgets du logement social - locomotive de l’activité- baissent… Les règles fiscales et environnementales évoluent rapidement.
« Nous devons faire pour nos adhérents un travail de veille constant afin de les informer de ces évolutions, souligne Bruno Garabos. Il faut qu’on soit des bureaux d’étude ».
Concernant la pénibilité des métiers, l’UMPI cherche en lien avec les industriels à optimiser les dimensions des plaques de plâtre pour obtenir un bon compromis entre taille, poids, performance et contraintes de pose.
Elle proscrit l’usage de sacs excédant 25 kg et veut inventorier les gestes qui, trop souvent répétés, peuvent occasionner des troubles musculosquelettiques. La profession reste en effet peu mécanisée et l’art du bon geste est à cultiver pour préserver le capital santé.
Yannick Hervé, président de l’UMPI-FFB Ille et Vilaine, a été élu vice-président de l’UMPI au plan national à l’occasion du 64e congrès. En tant que patron de la SAPI SAS, une entreprise de 33 salariés située près de Rennes, il nous livre son témoignage.
Nous sommes présents sur le marché des bâtiments tertiaires et intervenons également dans la rénovation de logements collectifs. SAPI réalise 4 M€ de CA, dont 80% en cloison/isolation.
Nous avons aussi développé une activité de menuiserie courante et une activité de plafond suspendu car nous avons constaté qu’une partie de nos clients souhaitent avoir une réponse groupée touchant à ces trois domaines. C’est un axe de diversification que nous souhaitons renforcer.
Oui, complètement. Pour réagir face à cette situation, nous avons contribué à relancer une formation de plaquiste en partenariat avec le CFA de Saint-Grégoire (commune limitrophe de Rennes) mais nous n’avons actuellement que trois élèves inscrits alors que neuf entreprises sont volontaires pour intégrer des candidats !
Il faut poursuivre nos efforts de séduction vis-à-vis des jeunes, sans oublier les adultes en recherche d’emploi et de formation. Personnellement, j’ai eu de très bonnes expériences à travers le GEIQ (1) BTP du pays de Rennes qui accompagne un public de migrants en contrat de professionnalisation.
Très clairement : la question des prix. Nous sommes un peu dans un étau. Les salaires augmentent (du fait de la pénurie de main d’œuvre évoquée), les plus bas sont souvent supérieurs au SMIC de 10 à 15%. Le coût des matériaux grimpe également. La période est révolue où les industriels faisaient des efforts pour maintenir leur prix dans un marché en crise.
Beaucoup annoncent des augmentations de 5 à 6% en janvier 2019 ! Il nous est très difficile de répercuter cette inflation dans le tarif de nos prestations, d’autant que l’ouverture de nos métiers aux auto-entrepreneurs n’a pas tiré le marché vers le haut…
Nous essayons de prendre le train en marche avec de bons outils et en restant sérieux sur les investissements. Actuellement par exemple, je travaille sur le chantier d’une piscine à Saint-Malo qui est piloté en BIM.
Je ne dispose pas de logiciel BIM (car cela ne se justifie pas vraiment dans une entreprise comme la mienne), et n’ai pas non plus de personnel formé à cette méthodologie. Je fais donc appel à un bureau d’études spécialisé qui sera chargé d’intégrer notre contribution sur la maquette numérique.
Source : batirama.com / Coline Gady