"En trois mois rien n'a été fait, rien n'a bougé, donc on ne peut qu'être là. 2.000 personnes ont perdu leur logement depuis le début de cette crise et sont balancés à l'hôtel", s'est émue auprès Françoise Harl, enseignante de 60 ans, qui avait déjà manifesté lors de la première "marche de la colère" en novembre.
Le cortège, hétéroclite, s'est ébranlé dans une ambiance bon enfant, au son des tambours, du Cours-Julien vers le Vieux-Port. "Il y a toute la misère de Marseille dans ce cortège, des mal-logés aux mineurs isolés en passant par les gilets jaunes", a remarqué Camille, 30 ans.
Le jeune homme portait une banderole "Zineb Redouane tuée par la police: ni oubli, ni pardon", en hommage à cette octogénaire décédée après avoir été blessée par un tir de grenade lacrymogène en marge d'une manifestation dans son appartement alors qu'elle fermait ses volets début décembre à Marseille.
Quelques "gilets jaunes" se sont joints à la marche, ainsi que des membres de l'Assemblée de la Plaine, une place du centre de Marseille dont les travaux de réhabilitation soulèvent l'indignation de certains habitants. "On est tous là car c'est le symptôme d'une municipalité de merde, qui laisse tout se délabrer complètement", a réagi Jeff Quetezal-Coatr, 65 ans, membre de l'Assemblée de la Plaine.
"La mairie investit des millions à la rénovation de cette place alors que chaque jour des immeubles tombent en ruine", a-t-il dénoncé. Plusieurs élus d'opposition dont Benoît Payan (PS) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) ont rejoint le cortège.
Ce dernier a évoqué le drame de la rue d'Aubagne auprès de la presse: "je refuse qu'on mette tout ça sur le compte du folklore marseillais, ça existe aussi en banlieue parisienne. Mais on ne me fera pas croire que la municipalité n'était au courant de rien". M. Mélenchon a demandé à l'Etat des "arrêtés de réquisitions pour reloger les gens".
Depuis le double effondrement mortel de la rue d'Aubagne, les signalements d'immeubles menaçants se sont multipliés à travers toute la cité phocéenne. A ce jour, 2.017 Marseillais ont été évacués par précaution de 248 immeubles devenus fantômes. Quelque 1.315 personnes sont "prises en charge ou hébergées", le plus souvent à l'hôtel, selon la ville.