Woodeum est un spécialiste de la conception d’ouvrage en CLT. Avec l’agence Jean-Paul Viguier et Associés, Woodeum a conçu entre autres une grande résidence à Ris Orangis.
Dans la foulée, le tandem a obtenu en 2016 un permis de construire pour un hôtel de 7000 m2 dont pas moins de sept étages s’élèvent sur un socle et autour d’un noyau en béton. Aux portes de Paris et à deux pas de la station RER de Gentilly, l’emplacement est pourtant ingrat, en bordure du périphérique et non loin de l’embranchement de l’autoroute du soleil
De son côté, Accor comme tant d’autres groupes hôteliers cherche la parade face à la déferlante des hébergements chez l’habitant. A partir d’une rénovation d’un hôtel dédié aux surfeurs naît le concept Jo&Joe appelé à connaître une croissance internationale rapide.
Sa particularité principale est de ventiler très largement les possibilités d’accueil, qui vont de la formule dortoir à la formule individuelle, dans un cadre économique et au goût du jour. Woodeum cède son projet d’hôtel à Accor séduit notamment par la performance bas carbone labellisée BBCA, alors unique sur le marché.
Accor développe son projet hôtelier Jo&Joe dans l’enveloppe et le gabarit du permis de construire. Artelia coordonne les études très en amont et se charge de la maîtrise d’œuvre d’exécution. La construction est confiée à l’entreprise générale Demathieu&Bard.
L’entreprise Le Bras Frères intervient en sous-traitant pour la structure bois et la façade qui est composée d’un bardage en cassettes aluminium ajourées et rétro-éclairées sur façade porteuse en CLT.
Les Lorrains se chargent de la taille des ouvrages en lamellé-collé. Le fabricant basque Egoin livre les panneaux CLT verticaux chez Le Bras à Jarny, et les panneaux de plancher directement sur site.
A noter que les terrasses des niveaux R+6 et R+7 sont réalisées en plancher mixte Cofradal, la sous-face étant habillée d’un plafond rapporté acoustique avec deux BA13, de la laine de roche en plenum et un placage en bois.
Immeuble en cours d’achèvement : pas de bois apparent, ni exposé, mais des cassettes aluminium ajourées et rétro-éclairées sur façade porteuse en CLT. ©Le Bras Frères
Des discussions approfondies ont lieu en amont du chantier pour caler la solution de bardage dans son environnement bois, et en évitant les aléas d’une ATEX. Seules les cassettes ajourées selon testées pour évaluer leur tenue au vent.
Il est prévu que le gros-œuvre en charge du noyau dispose d’une avance de deux étages par rapport à la structure bois. Sur les derniers niveaux montés durant l’automne, une étanchéité est assurée à chaque progression de niveau pour maîtriser la siccité des panneaux, d’autant que les planchers seront recouverts de chapes sèches Fermacell posées sur 20 mm de Domisol (Isover) et 60 mm de forme d’égalisation en granules de béton cellulaire concassé (Fermacell).
L’emprise totale du plancher est variable. Il faut rajouter 180 mm de CLT pour les portées de 8 m, 240 mm pour les portées de 12 m. Pour des raisons acoustiques, un plafond rapporté en plaques de plâtre est prévu sous les salles de bains dans les cas où le receveur de douche n’est pas posé sur une chape sèche.
Les sous-faces en bois des planchers sont visibles (y compris les réseaux), pas celles des panneaux CLT de 140 mm des façades, et pour cause, puisqu’il s’agit de juguler en particulier le bruit du périphérique et qu’un doublage acoustique ménage un plénum technique bienvenu.
Woodeum recourt à l’acier quand les portées le rendent utile. ©Le Bras Frères
Sous réserve d’une mauvaise surprise de dernière minute, tout a fonctionné correctement, si l’on laisse de côté les habituelles questions de réception de supports béton en termes de tolérances.
Sans même avoir à recourir à une formule BIM, les plans Autocad circulent avec gestion des documents d'exécution par ID Capture/Batiwork. Le Bras Frères a eu recours à la grue stationnaire sur ce chantier urbain exigu sans possibilités de stockage.
Le charpentier, quoique non familier des multi-étages en CLT, est réputé, Egoin un acteur international de cette famille de panneaux. Ce chantier montre que le multi-étage en bois se banalise, y compris en R+7.
Belle combinaison de surfaces en CLT et de poteau en lamellé-collé cylindrique © Le Bras Frères
D’ailleurs, Accor prévoit l’ouverture d’un second Jo&Joe parisien pour l’année prochaine, rue de Buzenval dans le XXe arrondissement. Il s’agit de nouveau d’un projet ficelé par Woodeum, avec l'agence Les Studios d'Architecture Ory et Associés, et cette fois pour le donneur d’ordre Novaxia, avec Calq en charge de la maîtrise d'oeuvre d'exécution.
La particularité de cette seconde opération, plus petite (2500 m2) sera sans doute le recours au béton préfabriqué pour le noyau, voire les murs de mitoyenneté. Le projet se situe intra muros et entre donc dans le Plan Climat parisien.
En termes d'équipements, cela revient dans le cas précis à installer de la PAC avec une ventilation double flux. Par ailleurs, le bois n'est pas apparent au rez-de-chaussée, doublé qu'il est de plaques de plâtre pour optimiser l'acoustique d'un lieu de convivialité qui ne doit pas gêner une rue calme le soir.
Effectivement, le projet Jo&Joe ne propose pas des chambres comme les autres. © Penson
Le concept Jo&Joe n’est pas systématiquement affilié au bois ou au CLT. Par contre, on note que la recherche de nouveaux concepts hôteliers passe parfois par le bois, comme c’est le cas pour les Moxy, ou pour le concept Eklo Hotels qui devrait s’installer dans la tour en bois du projet AdivBois de la Cartoucherie à Toulouse.
Source : batirama.com/ Jonas Tophoven