Urmet, que tout le monde connaît, est depuis des dizaines d’années, le grand spécialiste du contrôle d’accès, de l’interphonie en immeubles collectifs, du portier vidéo connecté, notamment en logement social. Yokis est moins connu. Filiale d’Urmet depuis 2014, l’entreprise vient du monde de l’équipement électrique et fabrique des variateurs filaires et autres produits d’installation électrique.
Tout en vivant discrètement, Yokis est bien connu des électriciens : 15 000 entreprises d’électrotechnique sont clientes chez Yokis sur un total d’environ 40 000 électriciens répertoriés en France.
En France, Urmet est notamment le roi de la clef Vigik, la solution de contrôle d'accès la plus diffusée en logements collectifs. ©Urmet
Yokis a été fondé en 2000. Lorsqu’Urmet rachète l’entreprise en 2014, elle a déjà développé des solutions domotique – pardon : des solutions d’Habitat Connecté. Urmet arrive avec l’idée, pas si courante à ce moment-là, de lier interphonie et domotique. Un nouveau site de production est créé avec une vingtaine de personnes dans le Maine-et-Loire. Quinze ingénieurs sont embauchés pour développer de nouvelles solutions.
L’idée consiste a concevoir une solution domotique bien adapté pour la maison individuelle, mais surtout convenant parfaitement aux chantiers en logements collectifs, notamment en construction neuve. Une analyse des solutions proposées sur le marché montre d’importantes insuffisances. La plupart requièrent une connexion internet pour finaliser les configurations.
Dans le collectif neuf, c’est ingérable : il n’existe pas de connexion internet dans les logements, tant que les clients ne sont pas installés et que leur box Orange, SFR ou autres n’est pas installée. De plus, il faut éviter autant que possible le retour de l’électricien sur le chantier. Dans un immeuble de 100 logements, s’il doit revenir deux fois dans chaque logement pour finaliser la configuration, c’est difficilement gérable et, en tout cas, ça coûte cher.
Yokis développe donc initialement une nouvelle gamme de micro-modules, communicant sans fil selon un protocole propriétaire – la gamme Power – offrant des possibilités limitées - gestion des volets roulants et des stores, gestion de la lumière -, avec une offre de micro-modules montés dans les boîtes d’encastrement de 40 ou de 50 mm derrière les interrupteurs, des télécommandes et des récepteurs radios (télérupteurs, télévariateurs, …) à encastrer ou à monter au tableau électrique.
En explorant les différents articles consacrés à la domotique sur ce site, le lecteur aura compris que les protocoles propriétaires ne constituent pas une solution de communication idéale. Mais Yokis explique très bien, pourquoi il a malheureusement retenu cette solution.
Pour simplifier la configuration pour les installateurs, le protocole de communication et les appareils Yokis prennent en charge tout le paramétrage du réseau. Pour l’instant, les autres protocoles disponibles sur marché demandent tous à l’installateur de maîtriser des notions de configuration de réseau.
Dans la solution Yokis, l’électronique et l’intelligence des micro-modules émetteurs et récepteurs s’en chargent. Il ne reste plus à l’installateur, à travers l’application sur tablette Yokis Pro, qu’à paramétrer les usages des modules selon les souhaits du client. Yokis Pro peut gérer des installations comportant de 1 à plus de 500 modules. Il faut compléter la tablette par une Yokey passerelle entre la tablette et le protocole sans fil Yokis.
La gamme Power de Yokis propose des récepteurs à encastrer, des émetteurs à encastrer ou à monter au tableau électrique, des télécommandes pour le pilotage des volets roulants et de l'éclairage, un premier module de pilotage du chauffage électrique et, en septembre 2019, une solution de pilotage du chauffage à eau chaude. ©Urmet
Yokis propose en plus le Yokis hub et le Yokis Cloud. Le Yokis Hub joue un rôle clef, à la fois vis-à-vis du client et pour la configuration des installations, notamment en collectif. Yokis Hub est une passerelle dotée de mémoire et d’une petite puissance de traitement. Il communique sans fil en protocole Yokis avec les micro-modules radio et avec l’application Yokis Pro sur tablette + Yokey.
L’installateur en collectif ou en maison individuelle peut donc entièrement configurer l’installation, charger des scénarios domotique, etc. sans qu’une connexion internet soit nécessaire. Yokis Hub communique aussi en WiFi. L’utilisateur final peut donc localement piloter son installation en WiFi par smartphone ou tablette ou de n’importe où dans le monde si son logement possède une connexion internet.
Pour les installateurs réticents à l’utilisation d’une tablette, il existe aussi, pour des installations comprenant 10 micro-modules radio au maximum, une possibilité de configuration par boutons poussoir à partir du Yokis Hub. Le client, pour sa part, dispose de l’application YnO pour piloter son installation.
Pour les professionnels, l’application Yokis Guide, sur Android, iOS d’Apple et même WinPhone, donne accès à toutes les notices, schémas de câblage, guides d’installation et de configuration, etc.
Depuis l’apparition de cette gamme Power, Yokis a effectué un tour de France en 2016-2017, rencontré 2000 entreprises d’installations électriques. Les a formées en une heure et demie avec une valise de démonstration. Yokis a vendu un premier kit radio à 80% de ces entreprises pour qu’elles puissent refaire tranquillement en atelier une configuration Power.
Depuis six mois, Yokis s’est attaqué au marché du collectif avec le soutien des prescripteurs Urmet. Des chantiers tests sont en cours. Dans le même temps, Yokis s’attache à enrichir les possibilités de la gamme Power. Dés à présent, tous les moniteurs intérieurs Urmet sont compatibles avec Yokis et permettent de piloter une installation domotique ou plutôt, une installation « d’habitat connecté » pour bien accentuer le faire que tout cela est conçu pour le collectif.
Un premier module chauffage électrique est disponible dès à présent. Il sait gérer une installation existante de chauffage électrique équipée d’un fil pilote en 4 ou 6 ordres ou bien il crée un « Fil Pilote Radio » et permet de créer des zones dans le logement et de centraliser leur commande en radio. Ce pilotage coûte environ 90 € HT pour une zone, fourni et posé.
Il faut multiplier le coût par le nombre de zones visées. En septembre prochain, Yokis commercialisera un thermostat connecté pour le pilotage du chauffage et de la production d’ECS. Comme la quasi-totalité des offres de genre, ce thermostat ne saura pas tenir compte des particularités des générateurs – chaudières à condensation ou pompes à chaleur à inverter – parce que leurs fabricants n’ouvrent pas leurs propres protocoles de pilotage. Le thermostat Yokis saura actionner un contact sec, donc allumer ou éteindre pompes à chaleurs et chaudières.
Pour aller au-delà et gérer une interopérabilité plus complète, Yokis a développé le Cloud Yokis et propose la mutuelle ouverture de ses API (Automation Programming Interface) et de celles des autres Clouds de divers fabricants. Par exemple, pour piloter finement une climatisation, Yokis sait organiser une interopérabilité entre son Cloud et celui du fabricant de l’équipement de climatisation.
Naturellement, il faut une connexion internet permanente. Yokis et Urmet ne souhaitent pas trop s’étendre, mais des discussions sont visiblement en cours. Pour une interopérabilité locale, Yokis considère aussi deux autres possibilités. Premièrement fournir un SDK (Software Development Kit) à d’autres fabricants ou utiliser le SDK d’autres fabricants. On commence à très nettement sortir de la recherche initiale de simplification.
Seconde solution, ajouter à son Yokis Hub des clefs USB, chacune constituant une passerelle entre le protocole Yokis et un autre protocole (Z-Wave, ZigBee, etc.). Dans une installation domotique, les passerelles constituent notoirement des maillons faibles. Il faudra de plus que l’application Yokis Pro soit étendue pour pouvoir configurer des appareils non-Yokis. Une affaire à suivre...