"Le transfert est la seule solution viable sur le long terme. Sinon, ça va être la guerre dans toutes les communes ici. Nous sommes les dindons de la farce", s'est alarmé Eric Aitkaci, président de l'antenne à Saint-Aignan-Grandlieu du Coceta, un "collectif des citoyens exposés au trafic aérien" de Nantes Atlantique.
Récemment constitué en association, le Coceta revendique 700 adhérents et presque autant de sympathisants qui se désarment pas suite à l'abandon par l'Etat du projet de Notre-Dame-des-Landes en janvier 2018. "Il y a des jeunes ménages qui sont fous ! Ils ont pris trente ans de crédit pour acheter une maison en bout de piste, et maintenant leur bien a perdu entre 30 et 40%" de sa valeur, a ajouté M. Aitkaci.
Un fonds de compensation, d'un montant inconnu, devrait permettre de relocaliser des bâtiments publics, tels que des établissements scolaires, survolés par les avions. Cette enveloppe financera aussi le plan de gêne sonore, validé par l'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires: il prévoit d'aider quelque 16.000 riverains à insonoriser leurs habitations.
"On ne peut pas dire "on change tes fenêtres et tu te tais". On ne peut plus vivre dehors, certains n'étendent plus leur linge et parfois ça sent le kérosène", a détaillé Juliette D., mère de deux enfants, dont la maison se situe à 800 m latéralement de la piste. Le Coceta a demandé à la préfecture que soient menées deux analyses distinctes sur "des dépôts noirs présents sur les maisons" et la présence "de particules ultra fines", convaincu de "l'enjeu sanitaire" induit par l'activité croissante de l'aéroport.
Le trafic aérien a progressé d'environ 13% en 2018, dépassant le seuil de 6 millions de passagers, selon Nantes Atlantique. Géré par Vinci, l'aéroport devrait changer de concessionnaire en 2021 puis subira des travaux jusqu'en 2025. Les scénarios de réaménagement - allongements variables de la piste ou changements de configuration - seront soumis à une consultation publique en juin. Mais "il n'est pas question du transfert", avait balayé en mars Claude d'Harcourt, préfet de Loire-Atlantique.