Légende : Cette journée d’échanges et de retours d’expérience montre que certains acteurs de la construction et de l’aménagement se préoccupent de la biodiversité et s’organisent pour contribuer à la préserver dans leurs projets.
De plus en plus nombreux à vivre en zone urbaine (85 % des Français en 2019), nous exerçons une pression grandissante sur les terres agricoles et les milieux naturels. Le Plan Biodiversité, présenté en juillet 2018 par le Ministère de la Transition écologique et solidaire vise, notamment, à freiner l’artificialisation de ces espaces et à reconquérir des espaces de biodiversité en ville.
Limiter la perte de biodiversité autour et à l’intérieur des villes et y développer la nature est un levier pour limiter la fragmentation des habitats et la perte d’espèces animales et végétales, mais aussi participer au bien-être des habitants d’un territoire et à son attractivité. La demande du retour de la nature en ville est forte et les enjeux environnementaux, sociaux et économiques qui y sont liés vont obliger les acteurs des territoires à intégrer et prendre en compte la biodiversité dans les villes d’aujourd’hui et de demain.
Conserver, protéger, voire reconquérir de la biodiversité est une idée toute neuve pour la plupart des professionnels du bâtiment. Premier réflexe à intégrer : anticiper le plus possible ; il est bien plus simple, moins cher et moins dommageable pour l’environnement de conserver les écosystèmes existants que de tenter de les restaurer après coup !
Cette chauve-souris très bien camouflée dans une fissure, devra être effarouchée ou déplacée. Si une espèce protégée comme celle-ci est découverte lors de travaux, sa destruction comme celle de son habitat est interdite en vertu de l’article L.411-1.
La biodiversité est à prendre en compte dès la phase de programmation du projet, à partir d’un « diagnostic écologique » réalisé par un expert écologue. Cet état des lieux fait l’inventaire naturaliste du site et des habitats présents alentours, avec un coût variable selon l’ampleur du projet et l’ambition du diagnostic (2 à 3000 € pour un simple inventaire). Il aboutit à établir une organisation de chantier cohérente, pour mettre en œuvre les préconisations.
Que le projet soit soumis ou non à étude d’impact, la logique ERC (pour Eviter, Réduire, Compenser) s’impose - compenser arrivant en tout dernier recours, quand on ne peut ni éviter, ni réduire la perte de biodiversité.
Les entreprises intervenant sur le chantier sont informées et sensibilisées aux enjeux. En coordination avec les experts, à elles d’assurer la mise en œuvre des actions préconisées, qui sont intégrées au Cahier des charges et au Dossier de Consultation des entreprises. Par exemple, déplacer des plantes dans une zone adaptée ; mettre en place des habitats à proximité de ceux qui seront détruits, comme des nids artificiels pour les hirondelles ou les martinets. Ou encore, baliser et préserver des éléments existants (arbres, mares, …), supprimer des pièges (clôtures, puisards, …), pour permettre le déplacement de la faune.
S’adressant avant tout aux entreprises générales de BTP et à leurs sous-traitants, le guide édité par le Club C2B propose des moyens concrets d’agir durant la phase chantier, dans le cadre ou en complément de la règlementation, quelle que soit la phase des travaux en cours (déconstruction, phase de transition ou construction). Il est téléchargeable gratuitement sur le site www.urbanisme-bati-biodiversite.fr
Un chiroptérologue inspecte un habitat possible de chauve-souris à l’aide d’une caméra endoscopique.
A Miramas (13), de vieux bâtiments doivent être démolis pour laisser place à un ensemble de boutiques et restaurants. Le diagnostic écologique qu’a réalisé Naturalia Environnement à la demande d’Eiffage Construction Languedoc a révélé la présence de pipistrelles communes et pipistrelles de Kuhl (toutes les chauves-souris sont protégées en France).
Un chiroptérologue a prospecté les bâtiments pour localiser les gîtes et les espèces présentes au sein des bâtiments. En réponse à ses observations, des mesures ont été mises en place pour déplacer et effaroucher les chauves-souris, dans la période la moins préjudiciable pour elles, et rentre le site « inattractif » avant le début du chantier.
Plusieurs semaines avant de démolir, quand la capture n’est pas possible pour déplacer les animaux, la pose de chaussettes anti-retour à l’entrée des cavités empêche leur retour dans le gite.
*Animé par la LPO, association qui agit pour la biodiversité, le Club Urbanisme Bâti et Biodiversité mène une réflexion prospective sur le sujet de l’intégration de la biodiversité dans les pratiques d’urbanisme et le bâtiment. Il réunit des acteurs publics et privés de l’urbanisme et du bâtiment, notamment des constructeurs et aménageurs comme Bouygues Construction, Rabot-Dutilleul, ou Eiffage.
Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson