"Nous avons pris la décision d'étudier dans le détail trois scénarios de remise à niveau, de les partager avec l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire), de regarder chacun d'eux, pour avoir une vision complète", a indiqué Xavier Ursat, directeur exécutif en charge des projets nouveau nucléaire d'EDF. "Ce n'est qu'une fois tout ça fait qu'on choisira le scénario, et ce n'est qu'à ce moment-là qu'on communiquera sur le planning et le coût, donc probablement pas avant plusieurs mois", a-t-il ajouté lors de cette audition avec les autres acteurs de cette affaire par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).
Le Décret d'autorisation de création de la centrale (DAC) prévoyant au plus tard une mise en service en avril 2020, "nous avons demandé la prolongation du DAC de Flamanville", a-t-il ajouté. L'ASN a demandé en juin à EDF de réparer huit soudures difficiles d'accès, occasionnant un nouveau retard pour le chantier, alors que l'exploitant plaidait pour une réparation vers 2024 après mise en service du nouveau réacteur nucléaire.
Pour traiter ces tuyaux, qui traversent l'enceinte de confinement du réacteur pour conduire la vapeur créée vers un autre bâtiment, EDF envisage comme première hypothèse de les extraire par l'extérieur du bâtiment, ce qui implique de démonter beaucoup d'éléments.
La deuxième hypothèse implique d'intervenir par l'espace entre les enceintes, ce qui signifierait "travailler dans un espace confiné" et toucher à "des matériels sensibles sur lesquels on n'a pas le droit à l'erreur". Enfin, troisième possibilité, une "remise à niveau par l'intérieur grâce à un robot inséré dans la tuyauterie". Le premier scénario semble avoir "la faisabilité la plus acquise", a juste dit M. Ursat.
Le président de l'ASN, Bernard Doroszczuk, a pour sa part regretté une "stratégie d'attente" lors de la détection d'écarts de conformité. "Dans le projet EPR, nous avons constaté un recours assez étendu à cette approche de justification a priori, plutôt que de corriger l'écart" et réparer tout de suite, a-t-il relevé. "Les anomalies présentes sur les traversées ne sont pas récentes, elles ont été découvertes en juillet 2015, l'ASN n'a été informée qu'en janvier 2017", a-t-il dit.
À l'origine des défauts se trouve le fait que les "exigences (de qualité) n'ont pas été transmises aux deux entreprises, sous-traitants, chargées de réaliser les soudures en usine". Le calendrier et le coût de cet EPR (aujourd'hui estimé à 10,9 milliards d'euros) ont régulièrement dérapé depuis le lancement du chantier.