Rénovation énergétique : un marché virtuel pour les particuliers ?

Rénovation énergétique : un marché virtuel pour les particuliers ?

Quelles sont les attentes des particuliers en matière de rénovation énergétique ? Différentes enquêtes* montrent que la performance énergétique ne les fait pas rêver !




 

Rassurons nous, les particuliers ne sont pas hostiles aux économies d’énergies et au concept de développement durable. « Les consommateurs sont sensibles aux problèmes de raréfaction des ressources naturelles, aux problèmes de l’eau et de la pollution » indique Claire Grassi de Cap Consommateurs habitants.

 

Les particuliers savent que les matériaux écologiques existent et approuvent le concept d’économie d’énergie ». Mais voilà, entre les intentions et la réalité du marché, il existe parfois… un gouffre ! Une rencontre professionnelle* organisée par l’association Cap Consommateurs habitants, a permis de prendre la mesure de ce décalage.

 

En effet, différentes enquêtes (dont Open, réalisée par l’Ademe avec l’Anah et le Club de l’amélioration de l’habitat) montrent que le marché de la rénovation énergétique n’existe pas, en tant que tel.  

 

Montant de travaux : 2000 à 3000 euros en moyenne

 

« On ne change pas une fenêtre ou un appareil de chauffage pour faire des travaux de rénovation énergétique, indique Eric Lagandré, chef du service des études et de la prospective de l’Anah. Ces travaux s’intègrent dans les marchés de la rénovation des logements ». En effet, selon cette étude, on s’aperçoit que le montant des travaux, dits de rénovation énergétique, varie entre 2000 et 3000 € en moyenne ».

 

Les raisons sont simples : l’argent manque (27 % des réponses) et les particuliers n’ont pas envie d’emprunter (28 %). Enfin, parmi les autres raisons invoquées, la priorité aux autres dépenses demeure importante (20 %) ainsi que la difficulté et le manque de temps pour s’en occuper (16 %).

 

En effet, en amont, les particuliers ont du mal à trouver le bon artisan et à identifier les bonnes solutions. En aval, ces mêmes consommateurs ne trouvent pas d’entreprise pour assurer la maintenance des équipements installés. En revanche (ouf !), la qualité des travaux est plutôt jugée positive.

 

Des souhaits contradictoires avec le développement durable

 

Alors, si la rénovation énergétique ne fait pas rêver les habitants, quelles sont leurs aspirations ? Verdict : elles ne sont pas favorables au développement durable puisque le rêve de la maison individuelle demeure toujours ancré dans les esprits (or, l’habitat collectif permet de regrouper et limiter les consommations…). 

 

Pour preuve, le logement, c’est fait « pour se retrouver en famille » (48 %) et « pour se ressourcer » (35 %), selon l’enquête présentée par Cap Consommateurs habitants. Les gens interrogés veulent acheter du plaisir (TV, ordinateurs, … gourmands en électricité) et du confort.

 

Or, le confort s’assimile souvent à de l’espace supplémentaire (les logements urbains sont trop petits), c’est à dire une pièce en plus, une terrasse-balcon, un garage, une véranda, et bien sûr davantage d’éclairement et de tranquillité (on change souvent une fenêtre pour des raisons acoustiques ou se protéger des risques d’effraction!). Isoler une paroi opaque ou une toiture, ne fait donc pas rêver grand monde…

 

Attention aux prochaines mesures gouvernementales !

 

Des souhaits qui peuvent paraître contradictoires avec la réduction des consommations énergétiques (plus d’espace = plus de consommations). Ces tendances lourdes vont à l’encontre de la réduction des consommations d’énergie et montrent que le discours des acteurs de la construction doit intégrer ces données de confort global.

 

De prochaines mesures gouvernementales visent d’ailleurs à favoriser une meilleure efficacité des aides à la performance énergétique des logements privés. L’éco prêt à taux zéro et le crédit d’impôt développement durable ne seront attribués qu’en fonction de la performance énergétique des travaux réalisés.

 

Au terme de 2015, la réalisation des travaux éligibles à l’éco PTZ et au CIDD devrait être réservée aux seuls professionnels qualifiés, indique le gouvernement. Des évolutions logiques avec le souhait d’efficacité de la dépense publique… même si logique et réalité ne riment pas toujours !

*présentées dans le cadre d’une matinée d’information au Forum Point.P à Paris, le 28 juin

 

 

Source : batirama.com / Fabienne Leroy

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