"C'est un projet dont on a beaucoup parlé depuis très longtemps, probablement depuis trop longtemps, et qui est en train de passer une à une les étapes qui vont permettre de concrétiser (sa) réalisation", a souligné le chef du gouvernement lors d'une visite sur le site du chantier.
Le canal, long de 107 kilomètres entre Compiègne (Oise) et Aubencheul-au-Bac (Nord), doit faciliter le transport de marchandises entre les pays du Benelux et la région parisienne, et décharger l'autoroute A1 de 500.000 camions par an. Son coût total est évalué à 5 milliards d'euros, financé par l'État à hauteur d'environ un milliard d'euros, l'Union européenne pour le double, ainsi que les collectivités locales.
Les travaux préparatoires doivent commencer dès 2020, avant un lancement du chantier deux ans plus tard pour une livraison prévue en 2028. Le projet d'origine avait été mis de côté par le gouvernement en 2017, mais a été relancé l'année suivante, notamment sous la pression du président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand.
Édouard Philippe, ancien maire du Havre, était par ailleurs réputé sceptique sur ce projet qui, en facilitant les échanges Nord-Sud, laisse craindre à ses détracteurs qu'il favorise les ports néerlandais au détriment du port normand.
"Derrière cette construction d'infrastructure, il y a un projet économique: c'est ce que portent tous ceux qui sont dans la promotion de ce projet, bien pensé, (dont) j'ai bon espoir qu'il permette de créer de la richesse et de la compétitivité", a-t-il toutefois défendu.
"C'est la première fois qu'un projet de cette ampleur est porté par les collectivités territoriales", a en outre souligné le Premier ministre. Selon M. Bertrand, dont la Région apporte 316 millions d'euros, le canal Seine-Nord doit créer "20.000 à 30.000 emplois".
"Aujourd'hui, vous mettez à peu près trois jours pour faire (le trajet) Belgique, Dunkerque, Ile-de-france, demain vous mettrez dix huit heures grâce au canal Seine-Nord", s'est plus tard réjoui le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin. Sur ces 107 km de canal, "il y aura six écluses (...) quatre plateformes multimodales, des lieux ou les entreprises de logistique s'installeront, c'est là ou sera l'essentiel des emplois", a-t-il ajouté.
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Ce projet, étudié plusieurs fois, est hélas totalement non-rentable. En d'autres termes la France sera moins riche de le faire que de ne pas le faire : il ne rapportera jamais assez, monétairement comme non-monétairement. Nous sommes devenus les spécialistes de ces investissements suicidaires : idem en effet pour le Lyon-Turin ferroviaire